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L'art de récolter un bon ensilage riche en protéine

La date de fauche et le temps de séchage au sol sont deux points clés à réussir, avant de veiller à soigner le tassage du silo.

La réussite de l'ensilage des méteils riches en protéine est difficile. " Aujourd'hui, le facteur limitant dans les silos observés est un préfanage insuffisant. Avec une proportion de légumineuses supérieure à 60 % de la matière sèche, les méteils riches en protéine se caractérisent par une faible teneur en matière sèche sur pied, autour de 13 %. Et cette teneur est d'autant plus faible que la proportion de légumineuses est élevée et que le stade de récolte est précoce ", rappelle Anthony Uijttewaal, d'Arvalis. Or, l'objectif est d'obtenir un fourrage, dans l'idéal à 30-35 % MS, et au minimum à 25 % MS. La morphologie des espèces et la structure du couvert compliquent le séchage pour atteindre cet objectif. Le fort ratio tige/feuilles, avec des tiges de gros diamètre riches en eau, est défavorable. C'est surtout vrai pour la féverole. Le couvert dense maintient un microclimat humide. Si les chaumes sont trop clairsemées, les andains s'affaissent.

1 - Faucher dès la première fleur

On cherche à faucher tôt, pour aller chercher de la MAT supérieure à 17 %, et pour pouvoir semer le maïs qui suit dans de bonnes conditions.

Suivant les régions, la fauche précoce correspond à des dates entre la mi-avril et la fin mai, avec un optimum à 1 000 °C. " Les éleveurs le savent, mais dans les faits, ils ont tendance à faucher trop tard pour ne pas pénaliser trop le rendement, estime Emilie Vallet, de la chambre d'agriculture de l'Eure. Pourtant il faut choisir : rendement ou qualité. Si on a besoin de répondre aux deux objectifs, une piste est d'avoir des méteils destinés à faire des stocks, et d'autres mélanges destinés à faire de la protéine. Ou bien, pour un même mélange, certaines parcelles sont récoltées précocement et d'autres plus tardivement. "

Le repère visuel est l'apparition des toutes premières fleurs des pois pour déclencher la fauche. " Quand on a 30 % de céréales dans le mélange, c'est déjà un peu tard, estime Emilie Vallet. Le bon moment est le stade fin de montaison de l'épi de céréale ; on ne voit pas encore l'épi. En Normandie, cela correspond à une fauche entre mi-avril et début mai. "

2 - Faucher à plat et ne pas rouler sur le fourrage

" De préférence, on fauche en début d'après-midi, car il y a plus de sucre dans la plante. Mais le critère principal est bien la fenêtre météo pour viser 30 % MS ", rappelle Camille Olier, de Acsel conseil élevage.

La coupe directe devant l'ensileuse est à proscrire. L'itinéraire avec regroupement d'andains lors de la fauche est à éviter.

Dans l'idéal, le méteil est fauché à plat. " Les brins de vesce et de pois forment un réseau en retombant qui fait liant avec les autres espèces, ce qui facilite la reprise ", décrit Anthony Uijttewaal. L'avantage de la fauche à plat est la vitesse de séchage homogène. Le principal risque est de rouler sur le fourrage, ce qui freine son séchage et risque de le contaminer avec de la terre. " Ce problème est résolu avec le module de fauche frontal. " En fauche à plat, le regroupement d'andains est obligatoire.

Les conditionneuses présentent l'inconvénient d'être agressives vis-à-vis des légumineuses à gousses. Si on en utilise, on préférera une conditionneuse à rouleaux. Dans tous les cas, elle sera réglée sur l'agressivité minimale : vitesse de rotation faible, tôle desserrée pour les fléaux, écartement maximal entre les rouleaux.

3 - Faucher à plus de 10 cm de haut

Il faut faucher suffisamment haut, à plus de 8-10 cm, à raisonner en fonction du mélange. " D'une part, la valeur alimentaire se trouve dans la partie haute des plantes. D'autre part, le bas des tiges permet de supporter le fourrage, ce qui lui permet d'être aéré par en-dessous et d'être plus facile à reprendre ", décrit Camille Olier.

4 - Laisser sécher au sol et ne pas faner

Les méteils riches en protéine nécessitent un temps de séchage au sol qui peut aller de 48 à 72 heures. " Par rapport aux prairies, on compte environ 24 heures de séchage en plus par beau temps ", signale Anthony Uijttewaal.

Il faut éviter de faner, pour ne pas risquer d'amener des butyriques par la terre, et pour éviter de perdre des feuilles et des gousses.

5 - Andainer devant l'ensileuse

" On peut regrouper les andains ; deux andains maximum sur un seul, indique la chambre d'agriculture de Normandie. Si on andaine, il faut le faire devant l'ensileuse. " Arvalis indique " 12 à 24 heures avant l'ensilage ". Pour regrouper les andains, " les andaineurs à tapis sont théoriquement moins agressifs et moins contaminants avec de la terre que les giroandaineurs ".

6 - Bien tasser

Quand on atteint au moins 25-30 % MS, l'enjeu est de soigner le tassage pour assurer une bonne conservation. On veillera à faire des brins courts (3 cm) et à monter le silo par fines couches. " Dans l'Ain, plusieurs chantiers ont lieu à la même période, et il se fait beaucoup de silos sandwichs, où on met l'herbe ou le ray-grass au-dessus, et le méteil en-dessous pour un meilleur tassement ", expose Camille Olier. Enfin, on referme rapidement et hermétiquement le silo.

Plutôt un conservateur lactique

Les méteils riches en protéine sont difficiles à bien conserver également parce qu'ils sont relativement riches en matière minérale et en MAT ; deux composants connus pour leur pouvoir tampon. En outre, ces méteils sont moyennement pourvus en sucres solubles

La plupart des éleveurs préfèrent assurer le coup et mettent un conservateur. Mais certains n'en mettent pas et obtiennent de bons ensilages. En tout cas, si le fourrage récolté est trop humide, le conservateur ne sauvera pas l'ensilage.

Le plus utilisé est le conservateur à base de bactéries lactiques homofermentaires. Les acides sont plus délicats à utiliser (corrosifs, odorants...).

Différents niveaux d'incorporation dans les rations

Malgré son aspect peu engageant, l'ensilage de méteil riche en protéine est appétent pour les vaches. D'après les suivis en Normandie et dans l'Ain, l'ensilage titre entre 16 et 19 % de MAT et entre 0,6 et 0,9 UFL/kg MS.

Pour faire ses rations, Il est conseillé de réaliser des analyses de fourrage, étant donné que l'on ne récolte pas les mêmes proportions d'espèces que les proportions semées. " La difficulté est d'estimer la proportion des céréales et légumineuses quand on envoie l'échantillon à l'analyse, indique Camille Olier, de Acsel conseil élevage. La cellulose brute et la MAT sont des valeurs réellement analysées. Par contre, les valeurs UF et PDI dépendent du pourcentage de chaque espèce que l'éleveur aura indiqué au laboratoire ; elles sont donc liées à une estimation approximative. " Les éleveurs se fient donc beaucoup à l'observation de leurs vaches pour ajuster la ration.

Jusqu'à 100 % d'ensilage de méteil

Pour les rations hivernales, on rencontre deux types de pratiques. La première est d'incorporer de l'ensilage de méteil dans une ration de base avec de l'ensilage de maïs. Les niveaux d'incorporation vont de 3-4 kg MS/VL/j à 50 % de la ration de base. La seconde est une rupture de stratégie alimentaire. La ration de base est constituée d'ensilage de méteil et d'herbe, complémentée avec du maïs épi ou du maïs grain humide. " Ou, en cas de stocks réduits, un ensilage de maïs coupé haut pour concentrer le fourrage en énergie ", ajoute Camille Olier.

À retenir

Les méteils riches en légumineuses sont des fourrages moyennement faciles à ensiler

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