Elevage laitier : « L’analyse des données est comme un stéthoscope numérique »
Pour détecter les problèmes de santé sous-jacents et progresser dans sa conduite d’élevage, toutes les données collectées par les différents outils de contrôle et de monitoring apportent une aide précieuse. Un choix pertinent d’indicateurs aide à leur valorisation.
Pour détecter les problèmes de santé sous-jacents et progresser dans sa conduite d’élevage, toutes les données collectées par les différents outils de contrôle et de monitoring apportent une aide précieuse. Un choix pertinent d’indicateurs aide à leur valorisation.

Robots, contrôle de performances, monitoring… Nombreuses sont les sources de données numériques en élevage laitier. Pour les transformer en outil de pilotage du troupeau, il faut les partager et les analyser. « La valorisation des données est comme un stéthoscope numérique, image Cédric Debattice, vétérinaire dans les Côtes d'Armor et consultant. Un stéthoscope qui permet de détecter des signaux subcliniques, donc de réagir au plus vite. Ce qui permet de limiter les pertes de production et les frais de traitement ».
Pour donner de la valeur aux données de son élevage, la première étape est de regrouper toutes les ressources, production mais aussi santé et reproduction. Il existe différents logiciels facilitant cette compilation et permettant l’accès à l’ensemble des intervenants. Pour déceler ce que l’œil de l’éleveur ne voit pas, pour matérialiser et comprendre l’origine de symptômes subcliniques, il faut surtout déterminer quelles informations sont pertinentes. « Notre attention se porte surtout sur la santé mammaire et les maladies métaboliques, qui affectent les défenses immunitaires », poursuit Cédric Debattice. « Chaque éleveur doit cibler les informations les plus en rapport avec ses objectifs », conseille Marion Fourmont, consultant en gestion de troupeau automatise chez Farm Dairy Services. Ils peuvent varier selon les moments de l’année, par exemple en se focalisant plus sur la santé mammaire en hiver et plus sur les maladies métaboliques lors des changements de ration.
Elargir son champ de vision
L’analyse des données offre la possibilité de faire le lien entre des périodes ou des aspects de la conduite du troupeau qu’on peut avoir tendance à cloisonner. « L’alimentation a un impact sur la santé, qui en a un sur la fréquence de traite, qui peut jouer sur la conductivité », donne en exemple Marion Fourmont. L’analyse des données au troupeau et à la vache aide à avoir une approche globale.
« Les problèmes de reproduction par exemple sont souvent multifactoriels, précise Cédric Debattice. Mais des vaches qui sont en subacidose ou en subcétose ont plus de risques d’avoir des problèmes de reproduction. Pour améliorer les résultats de reproduction, il est intéressant de suivre des indicateurs comme le nombre de vaches avec un rapport TB/TP inférieur à 1 pour la subacidose ou celles qui ont un TB très élevé et une dégradation de la NEC pour la subcétose ».
Une approche plus préventive
La valorisation des données au travers d’indicateurs pertinents facilite l’approche préventive. «Comme on peut détecter les problèmes en amont, on travaille moins en urgentiste mais plus en préventif », souligne le vétérinaire. Le suivi régulier permet des ajustements pour éviter les problèmes ou en diminuer les impacts.
Avis d'éleveur : Yvon et Annie Bourde, éleveurs à le Gouray, dans les Côtes d'Armor, en traite robotisée avec un troupeau de 55 vaches à 11 000 l par vache.
"Pas facile de s'y retrouver devant la masse de données"
"Le passage en traite robotisée en 2017 s'est traduit par une approche différente du suivi des animaux. Nous regardons les informations issues du robot, la production, les vaches en retard... mais ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver face à la masse de données. Pour mieux suivre le troupeau, notre vétérinaire analyse leurs données et dresse un bilan une fois par mois. En un coup d’œil, nous avons par exemple une synthèse des mammites, avec leur nombre, les vaches en récidive, mais aussi des indicateurs qui synthétisent le fonctionnement ruminal et le risque de maladies métaboliques. En ce moment, tout va bien, et les résultats de repro se sont améliorés. Et grâce à l’analyse régulière des données, nous pourrions réajuster le tir rapidement."