Depuis les années 2000
L´Amazonie en passe de devenir le futur bassin laitier du Brésil
Depuis les années 2000
Une multitude de bassins laitiers se sont créés sur les fronts pionniers amazoniens, le long des routes ouvertes par le gouvernement dans la forêt.
La production laitière amazonienne a à peine une dizaine d´années. Les bassins laitiers traditionnels du Brésil se situent plutôt au sud du pays (Minas Gerais, Paraná). Mais « depuis les années 2000, une multitude de bassins laitiers se sont créés sur les fronts pionniers amazoniens - le long des routes ouvertes par le gouvernement dans la forêt », explique Nathalie Hostiou de l´Inra(1).
Ces bassins se sont installés autour de laiteries locales, voire régionales. Puis, pour satisfaire la demande régionale croissante, ces laiteries ont augmenté leurs capacités avant que de grands groupes laitiers nationaux ne s´implantent.
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Un troupeau d´un petit bassin laitier enclavé ©Uruara. En quatre ans, la production laitière amazonienne a augmenté de 50 %. ©N. Hostiou |
Autour de laiteries
Ainsi entre 1998 et 2002, 37 unités industrielles habilitées à expédier leurs produits dans tout le pays se sont installés dans le Pará. « Ce développement fulgurant de la transformation au cours des dernières années laisse présager un fort développement de la production laitière amazonienne dans les années à venir ». Surtout si l´on regarde ce qui s´est passé en viande bovine : en moins de dix ans le Brésil est devenu le second producteur mondial et le premier exportateur mondial.
Le lait est produit dans de « petites » exploitations familiales - d´une centaine d´hectares - avec la main-d´oeuvre de toute la famille. Il n´y a pas en Amazonie de très grandes exploitations laitières contrairement à celles qui existent en bovins allaitants (jusqu´à 40 000 hectares !).
Dans ces petites exploitations extensives, le lait est un sous-produit de l´élevage allaitant. Le veau, sevré tardivement à 9-12 mois, est considéré comme la production principale.
Un sous-produit de l´élevage allaitant
Le lait est devenu un moyen de consolider l´agriculture familiale pionnère qui s´est développée au début des années quatre vingt-dix avec de l´élevage allaitant et des cultures de poivre, café, et maïs. Il n´est arrivé sur les exploitations qu´à partir des années 2000, sans introduire beaucoup de changement dans les systèmes de production. « C´est devenu une source de revenu régulière et importante : le lait a doublé le revenu dans les exploitations que je suivais », constate Nathalie Hostiou.
Les troupeaux comptent entre 10 à 50 bovins (pour 5 à 30 vaches), les plus grands pouvant aller jusqu´à une centaine de têtes. Ils sont conduits toute l´année sur des prairies qui sont implantées sur la forêt après la coupe, le brulis des arbres et le semis de graminées tropicales ou légumineuses. Le chargement est très faible, moins d´un animal par hectare. Les vaches sont traites avec le veau au pis et produisent très peu, trois à quatre litres de lait par jour. Les coûts de production sont très bas (0,03 à 0,04 US$/litre) du fait d´un bas prix de la terre et d´un système reposant quasi exclusivement sur le pâturage.
Des scénarios d´évolution différents
Autre atout de l´Amazonie par rapport aux autres bassins laitiers : la régularité annuelle de sa production liée au climat tropical humide. Dans certaines régions, les laiteries-fromageries commencent à offrir divers services comme l´achat de reproducteurs, d´intrants. C´est le cas du Redençao dans le sud du Pará, un bassin laitier industriel en pleine expansion. « On devrait assister à une intensification progressive de la gestion fourragère et de la production laitière avec des niveaux de production autour de 3000-4500 litres par vache. » Mais les scénarios d´évolution des bassins laitiers sont très différents selon les régions. Comment va évoluer l´élevage laitier amazonien ? Restera-t-il familial, complémentaire de l´élevage allaitant ? On ne sait pas.
Ce qui semble acquis pour Nathalie Hostiou, c´est que « l´Amazonie est en passe de devenir le futur bassin laitier au Brésil ».
(1) Nathalie Hostiou a étudié pendant huit ans l´agriculture familiale amazonienne dans le cadre d´un programme de coopération du Cirad et des universités brésiliennes.