La santé de vos prairies s'évalue en groupe
Pour savoir s’il faut, ou non, renouveler une prairie, la première étape est d’un faire le diagnostic. Grâce aux outils de Mission Perpet, ce diagnostic se fait en groupe.
Pour savoir s’il faut, ou non, renouveler une prairie, la première étape est d’un faire le diagnostic. Grâce aux outils de Mission Perpet, ce diagnostic se fait en groupe.
Avant de se lancer dans le renouvellement d’une prairie, il convient de prendre le temps de comprendre les raisons de sa dégradation. Si un déséquilibre est constaté, il est possible d'adapter ses pratiques ou réfléchir à une autre valorisation de la prairie. Plutôt que de retourner une prairie qui perd en productivité, il est possible de la valoriser pour des animaux qui ont des besoins moindres.
L’outil Mission Perpet (réseau Civam, l’Idèle et Inrae) permet de réaliser en groupe un diagnostic prairial pour évaluer l’état d’une prairie et voir comment lui trouver la meilleure efficacité dans le système fourrager. « Nous sommes dans une des prairies de Julien. Il ne va rien nous dire de ses pratiques. Nous avons deux heures pour observer cette parcelle et partager un diagnostic. Il ne s’agit pas de juger sa conduite mais de voir ensemble comment en tirer le meilleur », explique Romain Dieulot, coordinateur systèmes pâturant au sein du réseau Civam, à la dizaine d’agriculteurs réunis chez Julien Ronceray, éleveur bio en Gaec avec son père à Brielles en Ille-et-Vilaine.
Apprécier la diversité de la prairie
Mission Perpet se déroule en plusieurs étapes pour réaliser un diagnostic prairial, analyser la fonction fourragère de la parcelle et échanger sur les pratiques. Premier exercice : déterminer l’état de la prairie. « Il faut noter la couverture, est-ce qu’il y a des zones de terre nue, des trous, regarder comment se répartissent les différentes espèces, en mélange ou en mosaïque », guide Romain Dieulot.
En partageant leurs observations, les agriculteurs attribuent à la prairie de Julien 8/10 pour la bonne densité de couvert avec toutefois une petite pénalité pour la présence de trous. « Mais les espèces sont bien mélangées, remarque l’un des éleveurs. Les vaches ne pourront pas trier ce qu’elles broutent. Elles auront des graminées et des légumineuses dans une bouchée ».
Deuxième exercice, déterminer les espèces qui composent la prairie. Aidés de clés de détermination pour faciliter l’identification avant la floraison, les éleveurs observent la végétation. Dactyle, fétuque, ray-grass anglais et agrostis sont les graminées les plus présentes. Pour les légumineuses, ils trouvent essentiellement des trèfles blancs et violets. Sans oublier quelques indésirables comme des rumex, du pissenlit, des crépides.
Dresser un bilan de santé de sa prairie
En prélevant une poignée au hasard, ils évaluent la répartition graminées/légumineuses. « Les diverses pèsent peu dans le fonds prairial, analyse Romain Dieulot. Les graminées et les légumineuses se répartissent à 85/15, avec le dactyle, la fétuque et le RGA comme espèces majoritaires ». Pour chaque espèce a été déterminée une valeur pastorale au regard de son rendement et de son intérêt nutritif. La prairie de Julien Ronceray affiche une moyenne de 8,5/10, avec une parcelle à la végétation assez dense et une présence correcte de légumineuses.
Ce portrait de la prairie dressée, encore faut-il savoir si elle correspond bien à l’utilisation que veut en faire l’éleveur. « Les différentes valorisations d’une prairie ne nécessitent pas les mêmes qualités floristiques, rappelle Romain Dieulot. Ici, la flore est adaptée à un pâturage ». Ce qui correspond aux pratiques de Julien Ronceray.
Trouver la bonne valorisation
« Cette parcelle est aux portes de la stabulation, sur un sol plutôt portant, présente l’éleveur. Nous l’utilisons pour les vaches en lait pour un pâturage tout au long de l’année, avec un pâturage assez sévère au printemps et un temps de retour un peu plus long en été. Nous faisons deux apports de lisier. C’est un peu intensif car on manque d’ares accessibles ». Il estime son rendement à 7/8 tonnes de matière sèche. Ce qui est un peu en deçà de ce qu’on pourrait espérer. L’explication est donnée par l’éleveur : alors que les autres éleveurs estimaient entre 6 et 8 ans l’âge de cette parcelle, elle en a 24 ! « Elle est bien conservée, avec une bonne flore, sans trop d’indésirables et on peut dire qu’elle a amorti ses coûts d’implantation », apprécie Julien Ronceray.
« Il faut trouver la bonne cohérence entre ses pratiques et la valorisation qu’on veut faire de la prairie, pour que la productivité dure dans le temps, souligne Romain Dieulot. Ici, les pratiques sont cohérentes, d’où le peu d’écart entre les objectifs et la réalité ». « Par exemple, si vous laissez la parcelle atteindre le stade grenaison, vous bénéficierez d’un sursemis ». Alors avant de sortir la charrue, mieux faut prendre le temps d’analyser sa flore !
A chaque flore, sa valorisation optimale
La valorisation, pâturage ou fauche, est guidée par le type de flore, relevée dans la prairie. Pour un pâturage, c’est une flore qui étale la production qui est la plus adaptée. Alors que pour un foin, les stades optimaux de valeur alimentaire doivent coïncider.
Sur un sol sain et profond, comme chez Julien Ronceray, la composition floristique pour une utilisation en pâturage avec objectif de faire pâturer des vaches laitières le plus longtemps possible peut être : Ray-grass Anglais (35 %), Fétuque des prés (15 %), Fléole (5 %), Pâturin commun (5 %) Trèfle blanc (25 %), trèfle hybride (5 %) Plantain lancéolé (5 %), Pissenlit (5 %).
Pour une valorisation en foin, avec une priorité à la quantité, donc une fauche tardive, la composition prairiale pourrait être : Dactyle (25 %), Fétuque élevée (15 %), Fléole (10 %), Ray-grass Anglais (5 %) Luzerne (15 %), Trèfle violet (15 %), Trèfle blanc (5 %) Plantain lancéolé (5 %), Pissenlit (5 %).