À la fauche, viser l’exposition maximale au soleil
Il faut bien raisonner toute sa chaîne de récolte pour atteindre un ensilage à 30 % de matière sèche le plus rapidement possible.
Il faut bien raisonner toute sa chaîne de récolte pour atteindre un ensilage à 30 % de matière sèche le plus rapidement possible.
La part de l’herbe dans les rations augmente depuis quelques années pour gagner en autonomie protéique. L’enjeu est de réussir la récolte de l’herbe. Et cela nécessite une bonne organisation du chantier de récolte et le recours à du matériel adapté.
Un préambule -évident mais essentiel à rappeler- l’herbe sèche mieux si elle est étalée au soleil, plutôt que regroupée en andains étroits. Or, les chaînes de récolte actuelles ne sont pas forcément adaptées pour favoriser cette pratique. Et si l’évolution des capacités de matériel répond à un besoin d’accroissement de la productivité de travail, elle soulève également quelques points de vigilance. « Les matériels sont souvent pensés pour faire gagner du temps lors des chantiers d’ensilage mais cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité », pointe du doigt Mickaël Coquard, conseiller fourrages à Rhône Conseil Élevage.
Itinéraire 1 : fauche à plat
La fauche à plat avec une faucheuse classique ou une conditionneuse permettant un éparpillement large, gagne du terrain. Notamment en Rhône-Alpes, où de récents essais indiquent que pour un même temps de séchage au sol, cette technique permet d’atteindre un taux de matière sèche plus élevé (lire page XX). Par contre, cela implique un passage supplémentaire pour la reprise du fourrage. Et il y a aussi un risque plus important d’incorporation de terre et de pierres. « La difficulté au passage suivant la fauche est de ne pas rouler sur le fourrage pour éviter de le souiller et de le plaquer au sol, indique Anthony Uijttewaal d’Arvalis. C’est pourquoi il est important de travailler avec des outils aux largeurs compatibles avec l’inter-roue. » Pour regrouper les andains, il est possible de recourir à un giro-andaineur classique (compatible avec la largeur de fauche), ou mieux, avec un andaineur à tapis.
Itinéraires 2 et 3 : fauche conditionnée
Lorsque la faucheuse conditionneuse réalise des andains plus étroits, la vitesse de séchage s’avère forcément moins rapide que dans l’itinéraire 1. « Qu’il soit conditionné ou pas, un fourrage moins étalé au sol sèche moins vite. S’il y a regroupement d’andains, la vitesse de séchage s’améliore toutefois. Le fait de remuer les andains permet d’exposer au soleil une surface qui ne l’était pas au départ et de garantir aussi une bonne homogénéité de séchage. Par contre, s’il n’y a pas d’opération de reprise avant le passage de l’ensileuse, on économise un passage mais le fourrage sous l’andain reste dessous du début à la fin du préfanage, ce qui pénalise grandement la vitesse de séchage. » De plus, cette conduite (itinéraire 3) affiche un débit de chantier limité car l’ensileuse récupère 6 m de fourrage à chaque passage, au lieu de 9 m ou plus dans les autres itinéraires.
Itinéraire 4 : groupage d’andains dès la fauche
Conduit avec des combinés de fauche multiples ou des automotrices de fauche, l’itinéraire 4 consiste à regrouper dès la fauche 9 m de fourrage sur un andain de 2 m à 2,50 m de large. « C’est une conduite hypersimpliste qui nécessite seulement deux passages et favorise le débit avec des andains fournis et homogènes. Mais complètement au détriment de la qualité du fourrage », souligne Anthony Uijttewaal. En pénalisant grandement la vitesse de séchage, cette conduite crée les conditions propices au développement des bactéries butyriques, et favorise les pertes au silo ainsi que la dégradation des protéines. « Sur des coupes de printemps bien fournies, même en conditions de préfanage moyennes à bonnes, un tel itinéraire est rédhibitoire ».
Le conditionneur est-il bien utile ?
Le premier facteur favorisant le séchage est la surface d’herbe exposée au soleil et au vent. Pas le conditionnement. « En fait, il y a un amalgame entre l’effet mécanique du conditionnement et l’amélioration de la vitesse de séchage du fourrage, explique Anthony Uijttewaal d’Arvalis. Or, le conditionneur confectionne l’andain, mais son impact réel sur la vitesse de séchage se révèle en fait assez limité en dessous de 35 à 40 % MS. »
L’intérêt des faucheuses conditionneuses est avant tout de réaliser deux opérations (fauche et confection d’andains) en un seul passage, mais le conditionnement en lui-même ne s’avère pas essentiel pour réussir là récolter un ensilage d’herbe à plus de 30 % de MS. « Il l’est seulement dans le cas particulier de sols très humides et de conditions défavorables au séchage », précise-t-il.
Privilégier des andains le plus large possible
Qui dit conditionnement, ne dit pas forcément andains étroits. « Sur les faucheuses conditionneuses, il ne faut pas hésiter à utiliser la possibilité d’éparpillement du fourrage pour créer des andains le plus large possible, insiste-t-il. Certaines, avec un dispositif d’éparpillement large, permettent d’étaler le fourrage jusqu’à 90 % de la surface fauchée. Sur les autres, l’ouverture des volets permet de régler la largeur de l’andain entre 30 et 45 % de la surface fauchée. L’objectif est d’élargir l’andain tout en restant compatible avec la largeur du pick-up qui reprend le fourrage derrière. »