La double peine des maladies iatrogènes
Un trouble de santé directement consécutif aux soins prodigués par les soignants à un patient malade est une maladie iatrogène. La plupart de ces troubles sont dus aux effets indésirables directs des médicaments et aux infections contractées dans un établissement de soins pour un total de plus de 20 000 décès et plus de 150 000 hospitalisations. Si les troubles directement imputables aux médicaments bien utilisés et dans la bonne indication sont probablement plus rares en médecine rurale qu’en médecine humaine, il y a pas mal à faire pour améliorer la pratique et la sécurité des soins. Un exemple parmi d’autres avec la sonde lactée qui sauve bien plus de veaux qu’elle n’en tue mais qui pourrait en tuer moins encore avec quelques précautions de bon sens.
Une sonde déglinguée
Il y a la sonde qui sert pour tout le monde - pour nourrir et réhydrater les veaux malades et pour donner le colostrum à un nouveau-né et qui, non désinfectée, contaminera le nouveau-né avec le virus du veau plus âgé. Il y a la sonde tout juste rincée et toujours humide dans laquelle prolifèrent toutes sortes de pathogènes qui infligeront parfois au veau malade une autre infection que celle pour laquelle vous le soignez. Il y a l’olive de la sonde que les veaux ont mordu et qui rabote au passage la muqueuse de l’œsophage en infligeant de douloureux ulcères. Il y a la sonde dont l’olive est prévue pour ne pas pouvoir pénétrer dans la trachée d’un veau de taille standard et qui, un peu trop grosse, abime l’œsophage d’un petit jumeau, voire même le déchire. Et puis il y a aussi la sonde déglinguée à force d’être pliée, cette sonde dont les morceaux tiennent ensemble par de l’adhésif et dont finalement un veau énervé avale un morceau au cours d’un sondage plus sportif qu’à l’accoutumée. Inutile de dire qu’il a fallu faire une trappe pour aller le chercher… Deux sondes au lieu d’une dans votre exploitation, un peu de détergent, de désinfectant et de toile émeri, ça n’est pas la mer à boire ! Un paquet d’aiguilles et de seringues à usage unique non plus.