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Agrial
La deuxième coopérative laitière de France souffle sa première bougie

La fusion entre Eurial et Agrial, rétroactive au 1<sup>er </sup>janvier 2016, forme un grand groupe aux activités variées : mozzarella ingrédient, ultrafrais, chèvre, bio, beurres de spécialité…

Suite à la fusion, les adhérents sont-ils en contrat avec Eurial ou avec Agrial ?
Pascal Lebrun, président de l’Organisation métier lait, et Jean-Luc Rabillard, président du conseil de surveillance de la branche lait - "Suite à la fusion Eurial Agrial, les 4 850 adhérents lait sont tous en contrat coopératif avec Agrial. Eurial est la branche industrielle laitière d’Agrial. Elle détient les sites de transformation et les marques laitières (Soignon, Grand fermage, Bio Nat, Agrilait, Maestrella, Merci chef…). Elle valorise le lait des 4 850 adhérents Agrial, et celui des éleveurs Senagral et Guilloteau. Son résultat est consolidé dans le groupe Agrial. Il y a une mutualisation des activités d’Agrial (appro, céréales, légumes, viande…). Quand les adhérents lait recevront un retour sur résultat (voté en assemblée générale), ce sera également sur celui d’Agrial dans son ensemble. Il faut pouvoir faire un retour du résultat et que la mécanique du partage soit bien comprise et partagée par l’ensemble des adhérents. C’est important pour leur faire prendre conscience que la coopérative est le prolongement de leur exploitation et de l’intérêt d’être en coopérative.
Quelle est la stratégie d’Eurial ?
P. L. et J.-L. R. - Le résultat de la branche lait sera à l’équilibre sur 2016. Eurial n’est pas à son rythme de croisière. Il faut améliorer sa rentabilité pour répondre aux attentes de nos adhérents, en matière de prix du lait et de volumes.
Nous cherchons à mieux valoriser le lait, avec des produits diversifiés, à la transformation plus poussée. Les produits à valeur ajoutée sont aussi moins soumis à la volatilité des marchés.
Nous cherchons des marchés en progression, notamment à l’export, car il est plus difficile de faire sa place sur des marchés matures. Aujourd’hui, l’export représente 26 % du chiffre d’affaires d’Eurial. Nous voulons atteindre 35 % avec des produits à valeur ajoutée sur des marchés en croissance : mozzarella râpée, crème UHT, Pavé d’affinois…
Quels investissements a entrepris Eurial ?
P. L. et J.-L. R. - (((En))) Depuis juin 2016, avec l’acquisition de la Fromagerie Guilloteau, Eurial dispose d’un outil industriel performant et d’une marque à valeur ajoutée, le Pavé d’Affinois, doté d’un potentiel de développement en France et à l’international.
En septembre 2016, le projet d’extension de l’usine d’Herbignac a été (((est))) lancé. La capacité de transformation passera de 40 000 à 80 000 tonnes de mozzarella par an, pour fabriquer de la mozzarella râpée. C’est un produit plus transformé que la mozzarella bloc, qui est donc moins soumis à la volatilité et qui valorise mieux le lait. Cet investissement estimé à 135 millions d’euros vise aussi à mieux valoriser les coproduits (crème et sérum) en diversifiant la gamme et en transformant davantage les coproduits pour monter en valeur. Eurial deviendra le 1er producteur français et le 3e européen de fromages à pizza. Là encore, Eurial se positionne sur des marchés en forte croissance : celui de la mozzarella ingrédient croît de 80 000 tonnes par an dans le monde, et nous voulons capter 5 % de cette croissance mondiale ; celui de la crème UHT croît de 80 millions de litres et nous voulons en capter 1,5 %.
Une ligne de crème UHT sera installée à Cesson-Sévigné, en Bretagne, pour optimiser ce site qui doit s’adapter à la baisse de la consommation de lait liquide.
En novembre dernier, Eurial a pris une participation de 50 % dans Senoble Italie (yaourts et fromages italiens). Ce rapprochement nous permet d’accéder plus facilement au marché italien pour l’ensemble de nos produits.
Comment devenir moins dépendant des marques distributeurs ?
P. L. et J.-L. R. - Aujourd’hui, 20 % du chiffre d’affaires d’Eurial est réalisé avec nos marques propres. Notre objectif est d’atteindre 40 %, car avoir des marques fortes permet de limiter la volatilité. Agrial a une expérience en la matière en dehors du lait dont elle fera profiter Eurial. Pour développer nos marques, il faut réaliser des innovations produits. Et pour innover, il faut être compétitif.
La création d’une marque en ultrafrais est en projet. Pour ne pas nous retrouver en concurrence frontale avec les autres transformateurs, nous recherchons un positionnement premium. L’objectif est un lancement commercial pour 2018. En attendant, la partie ultrafrais doit améliorer sa compétitivité. Le site ultrafrais est le seul d’Eurial à ne pas être saturé. C’est compliqué dans un marché en décroissance. Il faut innover (nouveaux packagings lancés en 2016) et aller à l’international.
Cherchez-vous à développer les laits spécifiques (locaux, oméga 3, bio) ?
P. L. et J.-L. R. - Il y a beaucoup de démarches de producteurs locaux. Il y a une demande des consommateurs, et des producteurs aussi en recherche de reconnaissance. Les ventes de notre lait Agrilait de Normandie se développent, il y a le lait de Bretagne, et on peut imaginer demain un lait Agrilait de Charente-Poitou. Ce sont des petits volumes mais il faut prendre cette place.
Pour les produits Bleu Blanc Cœur, les ventes progressent à nouveau grâce aux forces commerciales mutualisées ; c’est un des atouts de la fusion. Jusqu’à aujourd’hui, cette activité a coûté à la coopérative. Il faut trouver un modèle qui amène de la valeur.
Nous devons être présents sur ce genre d’initiatives, et ne pas laisser la grande distribution communiquer à notre place et nous imposer des cahiers des charges contraignants. Il faut que nous communiquions davantage sur ce que les éleveurs et la coopérative font déjà de bien, en matière d’alimentation animale, d’environnement, de bien-être animal… via des événements sur les fermes et les usines par exemple. Ce chantier est en réflexion.
L’activité bio (beurre, crème et ultrafrais) progresse fortement. Déjà en 2016, Eurial tenait la position de première coopérative collectrice de lait bio en France, avec 189 adhérents pour 61 millions de litres. Avec la vague de conversions de 2015-2016, nous allons doubler notre collecte d’ici 2019. Ces 120 millions de litres correspondent à nos capacités industrielles et commerciales. Nous accompagnons encore des conversions, mais au cas par cas.
Améliorer la valeur ajoutée

Chiffres clés

4 850 adhérents ou points de collecte
% du chiffre d’affaires (CA) : montant des parts sociales (PS) pour tous les adhérents Agrial à l’issue de l’année 2017
2,38 Mdl collectés, dont 2,18 de lait de vache conventionnel, 143 Ml de lait de chèvre et 61 Ml de lait de vache bio
48 % de la collecte est vendue sous contrat au groupe Savencia et Sodiaal
27 usines, dont 3 à l’étranger (Espagne, Belgique, USA), et 6 implantations commerciales en Europe et au Moyen-Orient. 4 000 salariés.
294,50 €/1 000 litres de prix payé en 2016 aux adhérents, hors ristourne et intérêt aux PS. Dont 276 €/1 000 litres de prix de base moyen.

Agrial veut pouvoir accompagner ses adhérents

La politique laitière d’Agrial a été harmonisée concernant les volumes, avec les mêmes règles pour les 4 850 adhérents, et concernant le prix, ce travail démarre (lire page XX).

Agrial tient à respecter son engagement pris à la fin des quotas d’augmenter de 3 % par an la référence, ou droit commercial, pendant cinq ans. Les attributions avaient été gelées au bout d’un an. Pour 2017, seuls les jeunes installés peuvent bénéficier de volumes additionnels, jusqu’à 200 000 l. "Dans un an, si nos débouchés nous le permettent, nous reprendrons cet engagement. Nous pourrons accompagner les projets des adhérents avec des volumes additionnels quand nous aurons un projet industriel et des débouchés solides."

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