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Ration vaches laitières : la betterave, un fourrage pour faire des taux

Un essai sur l’introduction de betteraves fourragères à hauteur de 4 kg de MS dans la ration hivernale des vaches laitière en conventionnel a été mené durant deux années à la station expérimentale de Trévarez. Voici les principaux enseignements : de meilleurs rendement UFL/ha et plus de taux malgré une baisse de lait.

Les betteraves dites fourragères sont cultivées sur le continent européen depuis de nombreuses années. Cela permet de fournir un aliment riche aux vaches laitières. Ce fourrage appétent est bien adapté pour la production laitière de par sa densité énergétique. Un autre de ses avantages est que c’est une culture qui assure un bon rendement et qui est peu sensible aux aléas climatiques. La génétique (végétale et animale) a évolué : c’est pourquoi un nouvel essai a été mené à la station expérimentale de Trévarez afin de connaître l’impact de ces évolutions sur les performances zootechniques et économiques.

La station expérimentale de Trévarez est localisée dans le centre Finistère (29). Elle est située dans une zone froide et humide avec des sols limono-argileux. Elle dispose d’un troupeau de 125 vaches en conventionnel en race prim’Holstein et d’un en agriculture biologique de 60 vaches laitières en croisement trois voies. C’est le troupeau conventionnel qui a été mobilisé pour cet essai.

Plus d’UFL/ha avec la betterave par rapport au maïs

À Trévarez, la betterave est toujours implantée après une prairie : ainsi le salissement est contrôlé, surtout en deuxième année où le désherbage a été bien maîtrisé. Les levées échelonnées de la seconde année ont impacté négativement le rendement matière sèche alors que, malgré un certain salissement en première année, le rendement matière sèche des betteraves était supérieur de 25 % par rapport à celui du maïs ensilage. Le rendement de la betterave est, dans la situation la moins favorable, équivalent à celui d’un maïs. Nous constatons une production d’UFL/ha supérieure de 20 % en comparaison d’un ensilage de maïs.

Dans un contexte arrosé et les sols peu portants, la récolte s’est bien déroulée. Il faut savoir profiter soit des accalmies, soit des jours de gel pour récolter dans de bonnes conditions.

L’incorporation de la betterave dans la ration

Durant deux hivers d’essai, deux lots de vaches en lactation ont reçu la même ration de base constituée des mêmes ensilages de maïs à volonté et d’herbe fauchée précocement, équilibrée en azote par du tourteau de colza 35 % MAT, ainsi que du CMV. Le lot témoin n’a eu, en complément à l’auge, aucun autre aliment. Le lot expérimental a reçu, quant à lui, un supplément de 4 kg MS de betteraves fourragères. Les ingestions totales des deux lots sont similaires (23,6 vs 23,9 kg de MS/VL/jour). L’incorporation de betteraves fourragères n’a pas eu d’impact sur l’ingestion des animaux. On a mesuré une substitution de 1/1 entre le maïs ensilage et les betteraves.

Plus de taux et moins de lait

La betterave, un fourrage pour faire des taux

Avec un respect des transitions alimentaires, le risque d’acidose est limité d’autant plus que les vaches ne recevaient pas de concentré de production. Sur la première année, le lot expérimental a produit 1 kg de moins que le lot témoin. Pour les taux, les écarts de taux sont significatifs pour les vaches multipares (+1,9 g/kg pour le TB et +1,6 g/kg pour le TP) en faveur du lot recevant les betteraves. Pour les matières grasses et protéiques, l’augmentation des taux compense totalement la baisse de production.

Bilan économique stable

L’essai réalisé à la station de Trévarez montre l’intérêt de l’utilisation de la betterave fourragère dans la ration des vaches laitières : elles apportent un rendement UFL/ha plus élevé (en proportion variable selon le climat), et des taux supérieurs chez les multipares, avec une production laitière en légère baisse. On produit ainsi plus de lait par hectare en moyenne, avec des résultats laitiers variant selon les années du fait des qualités des maïs remplacés.

La betterave peut aussi venir compléter, de par sa forte densité énergétique, une ration avec des fourrages moins riches.

Avec un prix du litre de lait majoré, lié à l’augmentation des taux, un litrage légèrement en baisse et un coût alimentaire supérieur, l’impact économique de l’introduction de la betterave est très faible.

Comment bien distribuer la betterave ?

• L’élément le plus important pour éviter tout risque d’acidose est de bien respecter les transitions alimentaires. Il est préférable d’augmenter la quantité distribuée progressivement sur un mois pour atteindre 4 kg de MS par VL et par jour.
• Les betteraves peuvent être apportées entières à l’auge mais attention, dans cette situation, à ne pas avoir uniquement des variétés très riches en MS plus dures car les primipares, à cause de leur dentition, ont beaucoup de difficulté à les ingérer. Sinon elles peuvent être mises dans une mélangeuse afin d’être légèrement coupées puis distribuées avec le reste de la ration.
• L’auge doit être nettoyée régulièrement pour enlever les cailloux et la terre qui pourraient être amenés avec les betteraves. Malgré cela, aucun problème de butyriques n’a été observé durant les deux hivers d’essais.

Le saviez-vous ?

Au niveau du paiement vert de la PAC, la betterave fourragère est intéressante pour les exploitations laitières n’ayant pas de cultures de vente et devant présenter trois cultures différentes dans leurs assolements.

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