« Je joue de la complémentarité des logettes et de l’aire paillée pour mon troupeau »
Dans la Manche, à l'EARL de la pomme d'or, Mickael Barbier dispose, pour ses vaches, d’une aire paillée et de logettes. Si l’organisation demande plus de travail, elle permet également de gagner en confort pour les vaches et pour l’éleveur.
Dans la Manche, à l'EARL de la pomme d'or, Mickael Barbier dispose, pour ses vaches, d’une aire paillée et de logettes. Si l’organisation demande plus de travail, elle permet également de gagner en confort pour les vaches et pour l’éleveur.
En hiver, les deux tiers du troupeau de l’EARL de la pomme d’or, dans la Manche, sont placés en logettes avec matelas saupoudré de farine de paille. Le tiers restant bénéficie d’une aire paillée. Terrain pentu oblige, les deux bâtiments bien que collés ne sont pas au même niveau. Ainsi, les vaches en logettes surplombent de 2,50 mètres l’aire paillée.
Les règles de répartition entre les deux lots sont simples : fraîches vêlées, vaches de réforme ainsi que les boiteuses et les vaches en convalescence sont regroupées sur l’aire paillée. En période de pâturage, « elles vont où elles veulent ».
« L’aire paillée permet d’éviter beaucoup d’ennui avec les fraîches vêlées, notamment en cas de fièvre de lait. C’est plus confortable et non glissant », explique Mickael Barbier, à la tête de l’élevage. « Dès qu’une vache a un souci ou est un peu fragile, nous ne nous posons pas de question, nous la mettons huit jours sur l’aire paillée le temps qu’elle se retape. C’est bien plus confortable pour nous », ajoute-t-il. Une stratégie possible car l’alimentation des deux lots est la même.
Le confort des vaches avant tout
Cette situation est héritée d’une ancienne association en Gaec, qui a pris fin en 2017. Mickael Barbier élevait alors quelque 70 normandes en logettes. Son associée, une quarantaine sur aire paillée. Pour les accueillir, les deux éleveurs choisissent de construire en 2015, en plus d’une nouvelle salle de traite (2x20 simple équipement), un nouveau bâtiment qui accueillera le troupeau de la nouvelle associée en aire paillée. « Nous avons privilégié la bonne adaptation des vaches. Et puis à l’époque, les logettes étaient paillées », décrypte Mickael. Outre cette raison technique, l’éleveur avance également une raison économique : « un bâtiment en paillé coûte moins cher à construire ».
Et si le nouveau bâtiment n’a pas été construit à la même hauteur que le premier, c’est avant tout une question administrative. Il aurait été plus commode de construire la nouvelle stabulation à plat. Or, l’exploitation est à cheval entre deux communes : Gouvets dans le département de la Manche, où sont situés les bâtiments, et Pont-Farcy dans le Calvados (la ville a depuis été administrativement rattachée à la Manche). Le nouveau bâtiment se serait alors situé dans le Calvados et non dans la Manche comme les anciens. Une situation qui, d’un point de vue administratif, aurait engendré des conséquences complexes, pour ne pas dire grotesques. Le choix a alors été fait de le construire en contrebas du bâtiment historique qui accueille désormais également douze places de préparation au vêlage, équipées de caméras.
Une heure de plus par jour en hiver
La cohabitation des deux systèmes entraîne inévitablement du temps de travail supplémentaire en comparaison avec un système classique. Tel que l’organisation est conçue, impossible par exemple d’effectuer la traite seul.
Lorsque les vaches ne sortent pas du tout au pâturage, le Normand estime à une heure le temps de travail supplémentaire par jour. « Nous perdons en efficacité de travail, et encore aujourd’hui j’ai dû mal à m’habituer au paillage biquotidien », avoue-t-il.
Le week-end, la traite nécessite également deux personnes. « Si tout est bien géré le vendredi, il faut compter une astreinte de 5h30 à 8h30 puis de 16h à 18h », explique l’éleveur. Il peut compter sur son fils, Thomas, 17 ans, au lycée agricole, qui est vacher de remplacement, ainsi que sur son salarié qui travaille un week-end sur deux.
Plus facile à dire qu’à faire
« Dans un monde idéal, il y aurait un lot de fraîches vêlées super-productrices avec une ration spécifique plus énergétique », développe Mickael Barbier. Une conduite de troupeau qu’il admet ne pas avoir encore réussi à atteindre, estimant « ne pas être assez bon ».
D’autres raisons expliquent la situation. Tout d’abord, deux lots distincts, dont un composé uniquement de fraîches vêlées, supposent de grouper les vêlages. « J’aime bien lisser ma production et avoir des vêlages toute l’année pour éviter le pic de production et de travail », reconnaît le producteur. De plus, le cheptel compte encore des vaches de l’ancien troupeau qui étaient sélectionnées pour leur grosse carcasse alors que l’éleveur opère une sélection sur les pattes pour les logettes. « Mon objectif n’est pas de réformer le plus vite possible mais de les garder. »
« Il y a toujours un décalage entre ce que l’on prévoit et ce qui se passe », convient l'éleveur. Préférant les logettes, demain, son objectif est de convertir le bâtiment sur aire paillée en logettes pour les vaches laitières – le bâtiment a d’ailleurs été conçu pour pouvoir être facilement adapté – tout en conservant « une petite aire paillée pour le confort ». « Plus les troupeaux vont grossir, plus il sera nécessaire de disposer d'une aire paillée. D’autant plus pour des grands troupeaux en logettes sans aucun pâturage », estime l’éleveur.
Chiffres clés
Avis d’expert : Jean-Pierre Massoz, vétérinaire chez Littoral Normand
Une zone de confort est toujours conseillée