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Gros appétit de l'Afrique de l'Ouest pour les poudres de lait réengraissées en matière grasse végétale

L’Afrique de l’Ouest a augmenté ses achats de poudres de lait écrémé réengraissées en matière grasse végétale. Ces deux dernières années, l’Union européenne cède des parts à la Malaisie.

Gamme de produits lactés fabriqués à base de mélange de lait écrémé et de matière grasse végétale en poudre.
Avec la poudre MGV, les Africains fabriquent une diversité de produits qui imitent très bien yaourt, lait condensé, glace, fromage fondu ... La Vache qui rit vendue en Afrique est fabriquée à partir de poudres MGV.
© C. Corniaux

La demande en mélange de lait écrémé et de matière graisse végétale en poudre, aussi appelé poudre MGV ou Fat filled milk powder (FFMP), est tirée par la croissance démographique en Afrique de l’Ouest. Une grande partie de cette population, concentrée dans les villes, recherche des produits peu coûteux.

La production laitière de ces pays ne croît pas suffisamment pour suivre la demande, et les produits laitiers (100 % animal) sont plus onéreux. Par conséquent, la demande en produits reconstitués avec ces poudres explose.

Lire aussi Les FFMP, poids lourd mal connu du marché mondial

« Les importations de poudres MGV ont été multipliées par 2,3 entre 2010 et 2021, au détriment des poudres grasses (-25 %) », évalue Christian Corniaux, du Cirad, aux journées Marchés mondiaux organisées par Idele. En 2023, la hausse des achats de poudres MGV se poursuit (+11 %/2022) pour atteindre près de 500 000 tonnes, pointe l’Institut de l’élevage.

En Europe, la Pologne profite de l’essor

Ces deux dernières années, l’Union européenne, son premier fournisseur, a réduit ses expéditions de poudres MGV de 17 % pour atteindre 310 000 tonnes, son niveau de 2017. En 2023, le repli était dû à l’Irlande, le premier fournisseur européen de ces poudres (-15 %/2022 à 115 000 tonnes). Les autres pays fournisseurs ont augmenté leurs expéditions : Pologne (+17 % à 66 000 t), Pays-Bas (+7 % à 66 000 t) et Allemagne avec +15 % par rapport à 2022 pour atteindre 29 000 tonnes exportées. La question est de savoir si ces évolutions perdureront.

Les exportations de Malaisie font +59 %

Si la place de l’UE sur ce marché en essor est en question, d’autres pays s’y intéressent. « Se développent des mélangeurs, c’est-à-dire des entreprises qui achètent de la poudre de lait écrémé et de la matière grasse végétale, mélangent et séchent, et revendent le mélange en poudre MGV. En Europe, on en trouve en Pologne. Ailleurs, on les trouve en Malaisie, Indonésie, Singapour », expose Christian Corniaux. En 2023, la Malaisie a développé ses exportations de 59 % à 179 000 tonnes.

Le prix

En 2023, le prix calculé des poudres MGV achetées par l’Afrique de l’Ouest s’est élevé à 1 922 €/t, quand la cotation de la poudre grasse est restée au-dessus de 2 800 €/t, estime Idele.

Les gouvernements africains favorisent les poudres MGV

Ces poudres sont controversées car elles utilisent de l’huile de palme essentiellement, ou de l’huile de coprah. Mais l’huile de palme ne contient pas d’acides gras trans, ce qui est un atout. « Rien ne prouve que consommer ces poudres plutôt que des poudres de lait entier soit mauvais pour la santé, insiste Christian Corniaux, du Cirad. Mais elles sont moins nobles et souffrent d’une mauvaise image. »

C’est plutôt une question éthique qui alimente les campagnes des ONG pour promouvoir la production de lait en Afrique. L’Union européenne garde sa matière noble, le beurre, et valorise ses excédents de poudre de lait écrémé avec ces poudres MGV.

Ces poudres concurrencent la production laitière locale qui peine à se développer. « Pour autant, la réalité aujourd’hui est que les gouvernements laissent entrer les poudres MGV (seulement 5 % de droit de douane) pour pouvoir nourrir la population. » Car même sans cette concurrence, développer une production et une collecte laitière représente un grand défi, dans des pays où moins de 10 % de la production est collectée.

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