« Face à un problème de cellules, il ne faut pas rester seuls »
En Mayenne, Christelle et Laurent Vallée ont pu enrayer une dégradation des taux cellulaires grâce à un suivi approfondi mais aussi à leur implication dans la démarche.
En Mayenne, Christelle et Laurent Vallée ont pu enrayer une dégradation des taux cellulaires grâce à un suivi approfondi mais aussi à leur implication dans la démarche.
La fin de l’année 2015 a été compliquée sur l’élevage de Christelle et Laurent Vallée. Les résultats cellulaires se dégradaient de mois en mois. La moyenne du troupeau dépassait les 350 000 cellules. Les vaches n’avaient pas de symptômes cliniques. Certaines se retrouvaient brutalement à 3 millions de cellules sans aucune explication. Et la menace de « non collecte » pour lait hors norme planait au-dessus de l’élevage. « Si l’on voulait s’en sortir, il ne fallait pas rester seuls, affirme Christelle Vallée. Nous voulions comprendre d’où venait le problème. Il fallait faire un point global sur notre fonctionnement. »
Une méthode type HACCP avec un minimum de trois visites en quatre mois
Christelle s’est alors adressée au Clasel. L’exploitation fait partie des élevages qui ont testé la méthode expert type HACCP proposée par l’organisme de conseil en élevage dans le cadre de la nouvelle démarche qualité (voir p 60). La méthode prévoit un minimum de trois visites sur quatre mois et des échanges téléphoniques. Christelle résume l’action corrective en trois étapes : « un audit très approfondi, la validation des points d’amélioration et la mise en place de protocoles ». L’audit a été réalisé en octobre 2015 par Jérôme Caudrillier, vétérinaire-conseil du Clasel. « Tout a été passé en revue : la qualité de l’eau, le logement, la traite… Des points auxquels on ne pense pas toujours ». Des analyses bactériologiques ont été réalisées sur une moitié des vaches à problème cellulaire soit une dizaine d’animaux sélectionnés. Elles ont mis en cause un staphylocoque doré (non résistant à la pénicilline), qui est un germe de réservoir mammaire. » On s’est donc focalisé davantage sur l’hygiène de traite, plutôt que sur les aménagements bâtiments. Ce n’est pas, dans un premier temps, la priorité même si les animaux ont la possibilité de se contaminer via le logement », argumente Jérôme Caudrillier.
Un staphylocoque non résistant à la pénicilline mis en cause
Pour Christelle, il n’était pas question de réformer massivement les vaches à problèmes, mesure préconisée habituellement face au staphylocoque. « La priorité est de produire notre volume de lait (492 000 litres) avec nos 70 Montbéliardes. Nous nous sommes installés sur cette ferme récemment, en février 2014, en reprenant les 70 Montbéliardes mais aucune relève. Nos premières génisses sont prêtes à vêler seulement maintenant, explique-t-elle.
La mesure clé mise en place sur l’élevage a donc été la désinfection des griffes après chaque vache (avec du peroxyde d’hydrogène appliqué au pulvérisateur). Une mesure contraignante qui a rallongé le temps de traite de plus d’un quart d’heure. « Elle a permis de stopper la dégradation en coupant la transmission entre les vaches infectées (+ 60 %) et les saines », précise le vétérinaire.
Deux autres mesures importantes ont également été validées dès la première visite : le traitement avec un antibiotique des vaches infectées récemment (pas seulement des huiles essentielles comme cela était réalisé précédemment), et l’assèchement des quartiers infectés d’une quinzaine de vaches infectées chroniquement. Pendant la période de crise, un test CMT a été réalisé entre deux contrôles sur toutes les vaches.
Désinfection des griffes et assèchement de quartiers
Le protocole de traitement des vaches au tarissement a été revu. Les manchons trayeurs, difficiles à nettoyer et à désinfecter ont été changés. Une procédure de traite a été mise en place : « l’audit de traite a par ailleurs mis en évidence que les trayeurs ne branchaient pas les vaches dans le même sens, ce qui peut avoir des conséquences sur l’équilibre de la griffe et le vide d’air."
Les mesures ont porté leurs fruits, malgré le peu de vaches réformées (11 % en 2015). « L’atout de cet élevage, c’est l’investissement et la rigueur des exploitants. Chaque conseil a été appliqué rigoureusement. Ce type de suivi exige des éleveurs motivés », insiste Jérôme Caudrillier. Dès janvier-février, avant que les vaches ne sortent, la situation cellulaire a commencé à s’améliorer et le taux est redescendu aujourd’hui en dessous de 250 000 cellules (225 000 en avril, 179 000 en mai, et 230 000 en juin). Le pourcentage de vaches saines est passé de 33 % en décembre 2015 à 61 % en avril. La production s’est elle aussi améliorée (+ 3 l/v/j sur la période octobre à juin). Et Christelle Vallée de conclure avec sagesse : « Quand on n’est pas performant, il faut l’accepter, comprendre pourquoi, et appliquer des techniques avec rigueur. »
Procédure de traite mise en place
• Lavage des mains avec un hydrogel,
• Lavette individuelle lavée à 90 °C en machine avec un essorage à 600 tours (pour garder un peu d’humidité),
• Premiers jets,
• Branchement une minute après le nettoyage,
• Dépose automatique,
• Décontamination (systématique) des griffes,
• Post-trempage au dioxyde de chlore.