Êtes-vous prêt à embaucher un salarié non issu du milieu agricole ?
De plus en plus de salariés ne sont pas issus du milieu agricole, voire n'ont pas fait leur formation initiale en agriculture. Avez-vous embauché ce type de profil ?
De plus en plus de salariés ne sont pas issus du milieu agricole, voire n'ont pas fait leur formation initiale en agriculture. Avez-vous embauché ce type de profil ?
OUI mais
Être issu du milieu agricole n'est pas un critère pour nous. Nous avons pris un salarié en avril 2012. Nous avons repris contact avec un ancien stagiaire qui a fait un BTA puis le centre de formation en élevage de Canappeville mais qui n'est pas issu du milieu agricole. L'avantage est qu'il n'a pas d'habitudes prises chez ses parents dont il aurait du mal à se défaire. Le principal est la motivation et le goût des animaux. Le fait qu'il ait travaillé dans d'autres fermes, entre son stage et notre embauche, lui a permis de s'adapter rapidement à différentes méthodes. Quand nous lui avons proposé le poste de vacher, il a quitté un CDI qu'il avait dans une autre ferme. Nous faisons attention aux conditions de travail, nous lui donnons des responsabilités. Et nous lui laissons son mercredi de libre pour ses entraînements au club de sport.
Yves Vincent, du Gaec Vincent, dans l'Aisne
OUI
Cela fait plusieurs années que je prends des salariés, et nombreux sont ceux qui ne sont pas issus du milieu. Je les trouve souvent via le guichet unique chambre d'agriculture - Pôle emploi. Je trouve qu'ils sont hyper motivés et donc ils apprennent vite. Ils n'ont pas d'habitudes ni de certitudes ; ils appliquent très bien les protocoles. Par contre, il leur faut du temps pour se faire accepter et s'adapter au monde agricole : le fonctionnement de la Cuma par exemple. Je passe du temps avec eux, je les écoute énormément et je procède par étapes : la première semaine nous sommes en binôme et on commence par ce qu'ils savent faire pour les mettre en confiance. Et toujours je commence par leur apprendre la traite. Cela fait dix ans que je n'ai pas de pénalité cellules. La traite est ce qu'il y a de plus facile à déléguer, quand les protocoles sont clairs. Ils les appliquent à la lettre, parfois mieux que nous. J'ai eu une fois une femme qui n'était pas du milieu et n'avait pas de formation agricole. Au bout de deux ans, elle était capable de faire tourner la ferme en autonomie pendant une semaine. La base technique, ça s'apprend. Par contre, c'est plus difficile d'acquérir l'œil d'éleveur. Elle savait observer, analyser.
Bruno Pinel, éleveur en Loire-Atlantique
OUI mais
Je préfère prendre un salarié dont les parents sont agriculteurs ; c'est un gain de temps au démarrage. Ils sont plus rapidement opérationnels. Ils connaissent les contraintes du vivant, quand par exemple il faut rester plus longtemps pour assurer un vêlage. Mais j'ai déjà eu un salarié non issu du milieu et ça s'est très bien passé. Depuis quelques années, on a du mal à trouver des salariés. Si la personne est motivée et qu'elle a fait des études agricoles et au moins un stage, c'est l'essentiel. Il faut que la personne soit à l'aise avec les animaux, et qu'elle accepte les contraintes du vivant. Je pourrai très bien reprendre un jour un salarié non issu du milieu, s'il présente ces qualités, et je prendrai plus de temps pour que ça se passe bien.
Christophe Bignon, du Gaec Bignon dans le Calvados