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En Allemagne, l’élevage Frey mise sur la vente directe

La famille Frey fait transformer 18 000 kilos de lait sur les 650 000 kilos produits par an par un fromager. Elle parie dessus pour améliorer son revenu et diminuer sa dépendance vis-à-vis de sa laiterie.

Günther Frey, son épouse Erika et leur fille Barbara sont installés à Bad Ditzenbach, dans le sud-ouest de l’Allemagne. Ils exploitent 60 hectares situés sur les plateaux alpins à une altitude comprise entre 700 et 800 mètres. Dans cette région, l’hectare se négocie entre 30 000 et 40 000 euros. Le prix de location varie entre 350 et 600 euros l'hectare. « Ici, il ne reste plus beaucoup de fermes laitières. Mais les exploitations restent de taille moyenne avec des troupeaux de 40 à 120 vaches », relate Günther Frey.

Leur troupeau de 70 vaches est essentiellement de race Brune. Une dizaine de vaches sont toutefois de race Simmental, Holstein ou Jersiaise. « Dans le passé, il n’y avait que des Simmental à la ferme. Puis, il y a environ une trentaine d'années, des vaches brunes ont été achetées en raison de leur meilleur rapport qualité-prix. Les Simmental étaient beaucoup plus chères à l'époque. La satisfaction avec nos Brunes a été telle que seules les Brunes ont continué à être inséminées », souligne Günther Frey.

 

 
En Allemagne, l’élevage Frey mise sur la vente directe
© Élevage Frey

 

Les éleveurs apprécient notamment leur docilité, robustesse, potentiel de production et la richesse de leur lait. Ce dernier critère compte beaucoup dans cette exploitation où 18 000 kilos de lait sur les 650 000 kilos produits sont transformés en fromages chaque année depuis septembre 2015. « La vente directe est un moyen pour nous d’obtenir une plus grande valeur ajoutée et de ne pas être dépendants à 100% de notre laiterie. » Le lait non transformé est livré à la coopérative Milchwerke Schwaben.

Le lait n’est pas transformé à la ferme.  « Nous manquons de main-d’œuvre pour prendre en charge la transformation. Notre fromager est un professionnel. Il dispose de l’équipement nécessaire. Il collecte le lait chez nous. Il le transforme dans sa fromagerie et le laisse s'affiner pendant cinq semaines. Puis il nous rapporte les fromages et nous les commercialisons. Cela nous coûte 9,50 euros le kilo de fromage. »

Une valorisation du lait quasiment doublée

Six fromages à pâte mi-dure sont fabriqués. Ils sont commercialisés à la ferme, dans plusieurs magasins fermiers de la région mais aussi dans cinq supermarchés. Cette stratégie permet de valoriser le lait autour de 60 centimes d’euro par kilo contre 35 centimes pour le lait collecté par la laiterie Milchwerke Schwaben lors de la campagne 2019-2020 et 36,54 centimes cet automne.

À l’avenir, la famille Frey entend continuer à surfer sur la vague du manger local. « Nous avons connu une baisse des ventes au début de la pandémie de Covid. Mais elle s'est rapidement stabilisée. Depuis, les ventes ont augmenté. Les clients peuvent faire leurs achats 24 heures sur 24 depuis mai 2021. Cela a également donné un nouvel élan à nos ventes. »

Une belle dynamique de vente malgré une conduite du troupeau en zéro pâturage en raison d’une surface limitée à 60 hectares. Les vaches consomment la même ration sans OGM toute l’année. Cette dernière se compose de 14 kg d’ensilage de maïs, 14 kg d’ensilage d’herbe, 12,5 kg de drêches de brasserie fraîches (2 €/t prix départ usine), 1 kg de paille, 3,8 kg de farine d’orge, 1,5 kg d’un mélange à base de gluten de maïs et de tourteau de colza, 300 g de mélasse, 300 g de minéraux mélangés à 2 litres d’eau. L’apport de concentrés au robot est limité à 5 kg par jour.

Plus d’un million d’euros investis en 2015

 

 
La stabulation à logettes avec tapis (89 places) et caillebotis intégral a été construite en 2015. Le montant de l’investissement, avec la fosse à lisier de 3 300 m3, a été de 1 million d’euros.
La stabulation à logettes avec tapis (89 places) et caillebotis intégral a été construite en 2015. Le montant de l’investissement, avec la fosse à lisier de 3 300 m3, a été de 1 million d’euros. © Élevage Frey

 

Le niveau de production laitière du troupeau et la transformation d’une partie du lait produit sont par conséquent les deux points forts de cet élevage. Ils lui permettent de faire face à un niveau de dette très élevé et à des contraintes liées à cette région d’Allemagne. « Nous avons investi un million d’euros en 2015 pour construire la nouvelle stabulation avec une fosse à lisier auxquels s’ajoutent 150 000 euros pour le robot de traite. Le manque de terres agricoles et les exigences environnementales élevées dans la zone de protection des eaux sont très contraignantes », résume Günther Frey.

De gros investissements consentis parce que la famille Frey sait que la relève est assurée. Günther et son épouse Erika sont aujourd’hui âgés de 62 ans. Ils comptent continuer à travailler sur la ferme familiale aussi longtemps que possible. Matthias, leur beau-fils, s’impliquera ensuite beaucoup lorsque ses beaux-parents arrêteront d’apporter leur contribution à la gestion de l’exploitation. Felix (âgé de 1 an) et Ben (3 mois), les deux fils de Barbara et Matthias, ont encore le temps de réfléchir à la question...

La famille Frey entend continuer à surfer sur la vague du manger local

Chiffres-clés

En 2021

2,5 UMO

70 vaches dont 60 Brunes

10 500 l/VL à 40,2 g/l de TB et 35,7 g/l de TP

60 ha dont 35 de prairies, 13 de maïs ensilage, 7 d'orge de printemps, 3 de trèfle et 2 de luzerne

650 000 kg de lait produits dont 18 000 kg transformés en fromages

0,60 €/kg de lait valorisé en fromages

0,365 €/kg collecté par la coopérative

Une implication dans le programme de sélection Brown Swiss

Génotypage, semence sexée sur les génisses, un premier taureau au catalogue de la coopérative RBW, l’élevage Frey investit aussi dans la génétique.

 

 
Né dans l’élevage, Variantz P est conforme aux orientations de sélection allemand. Il allie lait, taux et fonctionnels mais pénalise un peu la morphologie. Il est porteur du gène sans cornes.
Né dans l’élevage, Variantz P est conforme aux orientations de sélection allemand. Il allie lait, taux et fonctionnels mais pénalise un peu la morphologie. Il est porteur du gène sans cornes. © W. Schulze

 

La stratégie de renouvellement du troupeau s’appuie sur le recours au génotypage et à la semence sexée. « Nous utilisons de la semence sexée sur la plupart des génisses et quelques vaches. Nous génotypons toutes nos génisses depuis 2018 », explique Günther Frey. « Les vaches âgées dont on ne veut pas garder de descendance, ou qui ont déjà été inséminées trois ou quatre fois, sont croisées avec du Blanc Bleu. »

Côté mâle, les efforts de sélection ont porté leurs fruits avec la sortie d’un premier taureau (Varianz P) dans le catalogue RBW en 2021. Précisons que Matthias Koukol, le conjoint de Barbara, est salarié chez RBW et contribue par conséquent au choix des taureaux.

Pas de morphologie dans l'index de synthèse

Le programme de sélection allemand, c’est environ 1500 jeunes taureaux génotypés et 65 à 70 nouveautés proposées chaque année, soit environ dix fois plus qu’en France. Autre grande particularité de ce programme, il n’y a pas de morphologie dans la formule de l’index de synthèse (GZW). « Les Allemands mettent plus l’accent sur les caractères fonctionnels et le gène sans cornes qu’en France », précise Olivier Bulot, le directeur de l’organisme de sélection BGS. « Les meilleurs taureaux allemands en GZW sont peu utilisés en France parce qu’ils pénalisent souvent la morphologie. En revanche, nous utilisons ceux qui sont complets dans notre programme de sélection pour compléter notre gamme de taureaux avec d’autres origines et des atouts en termes de production et santé. »

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