Dix points de MS supplémentaires avec une fauche à plat à 7 cm
En Rhône-Alpes, deux essais montrent l’intérêt d’andainer le plus près possible de la récolte pour éliminer rapidement le maximum d’eau.
En Rhône-Alpes, deux essais montrent l’intérêt d’andainer le plus près possible de la récolte pour éliminer rapidement le maximum d’eau.
Tout ce qui ralentit la production d’acide lactique est néfaste à une bonne conservation de l’ensilage d’herbe. C’est le cas d’une présence d’eau abondante. Lors de la récolte, il faut donc tout mettre en œuvre pour éliminer le maximum d’eau, ceci le plus rapidement possible pour limiter les pertes en azote et énergie par respiration. « L’idéal pour un ensilage « extra » est d’atteindre 35% de MS en graminées et 40% de MS en légumineuses, alors que la course au matériel et au gros débit de chantier conduit plutôt à réaliser des silos à 25% MS », affirme Thierry Savel, de Haute-Loire Conseil Elevage (1).
Comment arriver à rentrer l’herbe à un taux de matière sèche intéressant autrement dit supérieur à 30% de MS ? Deux essais ont été mis en place en Rhône-Alpes pour comparer l’impact de différentes modalités de récolte. Tous deux montrent un intérêt indéniable de la fauche à plat. « En mettant le maximum d’herbe au contact des rayons du soleil, la fauche à plat permet de gagner 10 à 12 % de MS par rapport une fauche en andains », résume-t-il. L’inconvénient de cette technique est de rajouter une étape d’andainage. « Il faut andainer le plus tard possible au plus près de la récolte, en réglant l’andaineur assez haut ».
Un préfanage de 48 h nécessaire pour dépasser 30% de MS
Un premier essai a été mené en Haute-Loire en 2016 à 600 mètres d’altitude sur une prairie difficile à sécher de par sa composition (festulolium-RGH diploïde + TB + TV). La récolte a été précoce pour la région (27 avril) avec un rendement de 3,5 tMS/ha. Les conditions étaient optimales. L’essai a permis d’observer les résultats permis par différents types de faucheuses et le travail effectué par un andaineur à tapis (voir tableau 1). Deux modalités de préfanage ont été testées, un jour ou deux jours au sol. La fauche à plat a été effectuée avec un groupe de fauche de 9 m composé d’une frontale et de deux faucheuses latérales. Il s’agit de faucheuses équipées de conditionneurs à fléaux. L’essai a été réalisé avec le conditionneur ouvert. Ont été comparés les taux de matière sèche pour une fauche à plat et pour une fauche en andains 3 m ou 9 m. « La fauche à plat à 7cm avec 48 heures de préfanage a permis d’atteindre 41% de MS, contre 30% avec une fauche en andains 3 m à 7 cm, commente Thierry Savel. Il y a peu d’écart avec une fauche à 4 cm. En revanche, en andains, il faut faucher le plus haut possible : on gagne 5% de MS si on fauche à 7 cm. »
Un préfanage de 24 heures n’a pas permis de dépasser le seuil de 30% MS, même avec une fauche à plat. Par contre, "on peut amener une prairie temporaire à 40 % MS en 48h. C’est le vrai enseignement de cette expérimentation. Visuellement, l’herbe posée à plat est intégralement touchée par les rayons du soleil, contrairement aux andains où seuls les 5 à 10 premiers centimètres sont secs. Au contact du sol, l’herbe fauchée à plat a séché alors que, dans les andains, elle était encore couverte de gouttes d’eau."
Un effet du conditionneur seulement au-delà de 35% de MS
Un second essai a été conduit dans le Rhône en 2017 sur un RGI pur. Il a été récolté le 7 avril au stade épi 20 cm à 15% MS sur pied, quatre semaines après le deuxième apport d’azote (2), avec un rendement de 3,2 tMS/ha. « La fertilisation a été trop tardive par rapport à la date récolte, suite à l’année particulièrement chaude et précoce », commente Mickaël Coquard de Rhône Conseil Elevage. La technique de fauche classique avec conditionneuse sur 2,5-3 m et andains d’un mètre de large a été comparée à quatre autres modalités : fauche à plat ou andains larges avec ou sans conditionneur (voir tableau 2). « Avec un préfanage de 24 heures, le taux de MS va de 22% MS pour la technique classique en andains à 27-30% MS dès qu’on laisse l’herbe au soleil », commente-t-il. Avec un préfanage de 48 heures, il s’échelonne de 30 à 43% MS ; on gagne 8 points de matière sèche la deuxième journée avec la technique classique. Autre observation : « la conditionneuse a peu d’incidence sur le taux de MS jusqu’à 35 % MS car l’évacuation de l’eau se fait par les stomates. L’intérêt apparaît uniquement au-delà de 35% MS. Elle permet de gagner 15 points la deuxième journée avec une fauche en andains larges ».
Au printemps, de nouveaux essais sur cinq à six sites en Rhône-Alpes vont comparer différents techniques de fauche et leur impact sur la qualité du fourrage, dans le cadre du programme régional. « Les expérimentations se poursuivent car il y a un réel enjeu pour les éleveurs, commente Mickaël Coquard. L’objectif est de pouvoir récolter régulièrement un ensilage d’herbe entre 30 et 35 % MS sur des périodes courtes. On veut voir si en conditions moyennes, il est possible d’atteindre 30 % MS en 24h. »
(1) Au Sommet de l’élevage 2017.(2) Cumuls de température à partir du 1/02 : 600 °C