Aller au contenu principal

Alimentation des bovins
« Des protéines pour mieux prévenir l´acidose » préconise Jean-Louis Peyraud, chercheur à l´Inra

La prévention de l´acidose sub-clinique passe par un meilleur équilibre global de la ration. Notamment en matière de complémentation protéique.


L´acidose latente est très fréquente en élevages laitiers. L´Inra de Saint-Gilles planche depuis plusieurs années sur cette pathologie pas comme les autres. Nous vous proposons un entretien avec Jean-Louis Peyraud pour faire le point sur l´avancement des travaux de recherche.
Comment peut-on sécuriser le régime des laitières ?
Jean-Louis Peyraud. - Dans un premier temps, il faut déjà chercher à limiter les facteurs favorisant l´apparition d´acidose ruminale. C´est-à-dire les facteurs susceptibles d´entraîner une baisse sensible du pH de la panse.
Dans la pratique, cela suppose de limiter les apports de glucides trop rapidement fermentescibles, tels que le blé, l´orge ou les pulpes déshydratées, dans les régimes et de ne pas distribuer aux laitières un fourrage haché trop finement.
D´une manière générale, nous préconisons de ne pas incorporer plus de 20 % de glucides rapidement dégradables et d´apporter suffisamment de fibres grossières dans les rations, en ne hachant pas trop finement l´ensilage de maïs, pour limiter les risques. L´apport de substances tampons, comme le bicarbonate de sodium par exemple, à hauteur de 1 % de la matière sèche de la ration, permet aussi de sécuriser le régime.
Y a-t-il d´autres leviers d´action ?
J.-L. P. - Nous savons désormais qu´il ne suffit pas de limiter la baisse du pH ruminal pour prévenir l´acidose. L´équilibre acido-basique de l´animal intervient également. Le maintien de cet équilibre au niveau sanguin est primordial si l´on ne veut pas que les vaches tombent en acidose métabolique. Cet équilibre repose sur la nature des aliments que les animaux ingèrent. Or, tous les aliments ne présentent pas le même pouvoir acidogène au niveau du sang. Celui-ci est estimé à travers le bilan cations-anions (Baca = sodium + potassium-chlore-soufre) qui participe directement à la régulation du pH sanguin. Plus ce bilan est faible, plus la ration est acidogène. Certaines matières premières, comme les pulpes sèches ou les céréales par exemple, affichent des Baca très faibles(1) et peuvent entraîner une plus forte chute du pH sanguin. Les fourrages aussi présentent des niveaux de Baca plus ou moins élevés.
L´ensilage de maïs présente en moyenne des Baca plus faibles que l´herbe. Mais d´un silo à un autre, la variabilité est grande. La composition des minéraux distribués a également son importance dans la régulation du pH sanguin. Par exemple, dans les rations hivernales à base de maïs ensilage, mieux vaut éviter de distribuer le sel sous forme de chlorure.
Les essais réalisés démontrent que pour les vaches en pleine lactation, dans les rations riches en concentrés, on a intérêt à maintenir un niveau de Baca proche de 200 mEq/kg MS pour maximiser l´ingestion. Des Baca faibles (proches de zéro) peuvent réduire l´ingestion de plus de 1,5 kg MS.
D´après de récents travaux, les protéines jouent aussi un rôle important ?
J.-L. P. - Nous avons en effet mis en évidence que les protéines participent aussi à la régulation du pH sanguin. Ce constat nous amène ainsi à recommander le maintien d´un niveau d´apport protéique de 100 g PDIE/UFL dans les rations des laitières, en pleine lactation. En fait, il faut éviter d´associer un régime à Baca faible (type maïs ensilage et céréales) et une faible teneur en PDIE de la ration. Par ailleurs, il n´est pas nécessaire d´apporter des protéines dégradables en excès. Cela n´aura d´autre effet que d´accroître les rejets azotés.

Les plus lus

Éleveur de montbéliardes dans le Rhône pâturage de stock sur pied.
« Nous faisons pâturer nos taries et génisses dans un mètre d'herbe avec le report sur pied dans les Monts du Lyonnais »

Dans les Monts du Lyonnais, à l’est de Lyon, Lionel Morel et Clément Rivoire font pâturer les génisses et les taries dans un…

salle de traite centrale dans aire d'attente ni mur
Bâtiment d’élevage : « Sans aire d’attente, nous trayons 100 vaches à l’heure »
Pour leur nouvelle stabulation d’élevage, les trois associés du Gaec du Lagot, en Bretagne, ont installé une salle de traite…
passage d'un rouleau de type cultipacker
Cinq questions à se poser pour réussir ses semis de prairie

Face aux risques d'échec des semis de prairie, Arvalis, les chambres d’agriculture et l’AFPF font le point sur les…

Dégâts de campagnols terrestres dans une prairie dans le Cantal. Ravageurs de cultures. ravageur. rongeur.
PAC et prairies sensibles : des possibilités de retournement élargies
Cet été, le gouvernement a envoyé à Bruxelles ses propositions d’assouplissement de la conditionnalité encadrant les prairies…
FCO 3 : près de 2 000 foyers recensés mi-septembre

A date de jeudi 12 septembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 1 929 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

Robot de traite Lely
« Grâce aux robots, je me recentre sur mon troupeau »

En Mayenne, Fabien Lepoder est équipé de deux robots de traite et d’un robot d’alimentation. Ces installations lui permettent…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière