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Des atouts à la carte pour l’ensilage Shredlage

Le bilan des premiers essais menés dans l’Ouest est plutôt prometteur en termes de simplification des rations et de santé des animaux. Son intérêt économique est à moduler en fonction des élevages.

Dans certains élevages, les apports de concentrés de production ont été diminués sans baisser le niveau de production des vaches.
© A. Baslé/Eilyps

Inventé par un constructeur américain, l’éclateur de grain Shredlage et le mode de récolte qui lui est associé ont débarqué dans l’Hexagone il y a deux ans (1). Claas ayant racheté l’entreprise, le constructeur possède l’exclusivité de cette technologie. Des grains parfaitement éclatés associé à des brins longs (jusqu’à 30 mm aux États-Unis) déchiquetés dans le sens de la longueur lui confèrent sur le papier de gros avantages en termes de valorisation du fourrage par les animaux (meilleure digestion de l’amidon dans le rumen, moins de pertes de grains dans les bouses…). Claas France, avec l’appui d’entreprises de conseil en élevage du Grand Ouest, a réalisé une première série d’essais lors de la récolte 2016. Anthony Baslé d’Eilyps a suivi douze élevages, soit près de 600 hectares. Il dresse un bilan à la fois prometteur mais prudent sur cette première campagne d’observations. La prudence est d’autant plus de mise en l’absence de protocole de comparaison strict (pas de lot témoin dans chaque exploitation…), de la particularité des maïs 2016, du soin apporté à la récolte et au tassage… « Il reste beaucoup de choses à découvrir. Cette année, une quinzaine d’entrepreneurs d’Ille-et-Vilaine sont équipés avec ce type d’éclateur. À raison de 500 hectares ensilés en moyenne par entreprise, nous pourrons peaufiner nos observations », souligne Anthony Baslé.

« La première campagne d’ensilage a permis d’adapter le Shredlage à nos conditions de culture (stade de récolte, hybride de type corné-denté…). Nous étions partis sur des préconisations de 26 mm pour la longueur des brins et un réglage d’éclateur compris entre 1,4 et 1,8 mm. Mais pour optimiser l’éclatage des grains, nous avons réajusté le tir avec un serrage d’éclateur à 1 mm et une longueur de brin autour de 24 mm. »

Une qualité de conservation au rendez-vous

La première question concernait la qualité de conservation du maïs Shredlage. « Les ensilages ont été bien tassés, avec une densité moyenne de 242 kg de MS/m3 (de 200 à 284 kg de MS/m3 selon la hauteur) pour un objectif de 230 kg de MS/m3 en moyenne et nous n’avons pas identifié de zone de chauffe. » Les conclusions d’essais réalisés par Elvup (ex-Orne conseil élevage) dans deux élevages vont dans le même sens. « L’utilisation de la technologie Shredlage n’a pas d’influence négative sur le tassage des silos de maïs quand celui-ci est réalisé de manière optimale. »

Un constat rassurant compte tenu des caractéristiques de ce fourrage (brins longs) mais qu’il faut relativiser. Les conditions de récolte et de tassage, le débit de chantier, ont été particulièrement soignés lors des essais menés en Ille-et-Vilaine : tamisage des parcelles pour ajuster la longueur de coupe et le réglage de l’éclateur… « La règle des deux tonnes par rang d’ensileuse pour optimiser le tassage a été respectée dans tous les élevages », indique Anthony Baslé. En routine, la cadence et le suivi risquent d’être différents.

La deuxième question concernait l’appétence du fourrage. Les retours d’éleveurs sont également plutôt positifs. Peu voire pas de refus et une augmentation de 5 à 10 % de l’ingestion sont les deux tendances observées par les éleveurs. Ces derniers ont valorisé les caractéristiques de maïs Shredlage « en supprimant la fibre grossière dans la ration ainsi que le bicarbonate sans conséquences négatives sur la santé et performance des animaux ».

Un effet sur la production laitière difficile à mesurer

Cette technologie apporte-t-elle des gains sur le plan économique ? La question mérite d’autant plus d’être posée que le coût de la prestation est supérieur de 30 à 40 euros/ha par rapport à un ensilage classique. Sur un chantier de 50 ha, cela représente un coût supplémentaire compris entre 1 500 et 2 000 euros. Ce surcoût est justifié par une usure plus rapide de l’éclateur de l’ensileuse (1 500 h contre 3 000 h), lequel coûte aussi plus cher (entre 20 000 et 30 000 euros) à l’achat. Mais aussi par un débit de chantier plus faible (4 % selon Claas) et une plus forte consommation en carburant (4 % selon Claas).

En revanche, les ressentis d’éleveurs sont plutôt positifs. Le plus évident concerne le gain sur le temps de distribution de la ration. « Sur un élevage de plus de 150 vaches, mettre de la paille dans la ration, c’est 20 minutes tous les jours. Avec la simplification, on gagne du temps à la préparation mais également à l’enlèvement des refus qui sont moins importants. »

Tous les éleveurs notent également un effet positif sur la santé et la reproduction de leurs animaux. L’effet sur la production laitière est en revanche plus contrasté et difficile à mesurer. Sur les douze élevages suivis, certains ont constaté des hausses, mais deux ont enregistré une diminution de la production laitière avec il est vrai des maïs 2016 « plutôt moins laitiers que ceux des années précédentes ». Dans son essai, Elvup n’a pu quantifier l’effet positif constaté sur la production laitière en raison d’une parité moyenne différente entre les deux lots de vaches (témoin et Shredlage) issus du même élevage.

Au final, pour Anthony Baslé, l’intérêt économique du Shredlage reste à mesurer. « Il dépendra beaucoup du système d’élevage et en particulier de la composition de la ration. L’un des éleveurs distribuait 40 à 50 % de luzerne dans la ration et apportait du maïs humide. Ce type de ration présente moins d’intérêt pour la coupe longue, car la fibre n’était pas principalement apportée par le maïs. En revanche, avec des rations très acidogènes, l’impact sera positif et d’autant plus intéressant économiquement qu’il permettra de supprimer la fibre et le bicarbonate. Par ailleurs, certains éleveurs ont diminué les apports de concentrés de production sans baisser le niveau de production de leurs vaches. » Et d’ajouter, "le Shredlage va modifier l’approche des nutritionnistes. Cette technique a aussi le mérite de remettre en avant l’intérêt de rechercher de la qualité au niveau de la récolte quitte à réduire le débit de chantier. Quelles que soient les ensileuses, nous recherchons en permanence l’éclatement et de pulvérisation des grains. »

(1) Lire Réussir Lait, n° ????, p. ????

Un éclatage de grain efficace

Elvup (ex-Orne Conseil élevage) a mené des essais avec Claas dans trois élevages lors des campagnes 2015-2016 et 2016-2017. « Les résultats montrent une réelle efficacité des éclateurs Shredlage en ce qui concerne l’éclatage des grains de maïs. » L’indice de fragmentation du grain était compris entre 69 et 84 % selon les échantillons, l’objectif étant d’atteindre un IFG d’au moins 70 %. « Sur la campagne d’ensilage 2016-2017, seuls 15 % des ensilages de maïs analysés par Elvup sur l’ensemble de leur zone avaient un IFG supérieur à 70 %. »

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