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Délégation des génisses : limiter les risques sanitaires

Un protocole de suivi sanitaire est proposé par le GDS de Bretagne aux naisseurs et aux éleveurs de génisses pour réduire les risques liés au regroupement d’animaux d’origine différente

Par manque de temps, faute de place ou pour se concentrer sur la production laitière, de plus en plus d’agriculteurs choisissent de déléguer l’élevage de leurs génisses. De l’âge de quelques semaines jusqu’à leur vêlage, les génisses sont confiées à un éleveur spécialisé. Comme Pascal Folleville, installé à Loyat dans le Morbihan. Cet ancien producteur de lait a toujours été passionné par l’élevage des génisses. « C’est dès la naissance que se prépare la carrière laitière », souligne-t-il. Depuis 2012, il s’est spécialisé et élève 180 génisses, provenant de quatre exploitations. Elles arrivent chez Pascal Folleville aux environs de 3 semaines et repartent dans leur élevage d’origine deux mois avant vêlage. Chaque année, ce sont donc 90 génisses qui arrivent sur l’exploitation. Qui dit mouvements et regroupements d’animaux aux microbismes différents, dit risques sanitaires à encadrer. D’autant plus quand ce sont des animaux jeunes, qui n’ont pas encore pleinement développé leur immunité. Pour gérer ces aspects sanitaires, Pascal Folleville s’appuie sur le protocole sanitaire élaboré par le GDS Bretagne. Ces mesures visent à limiter les risques de contamination croisée de maladies néonatales (diarrhées, troubles respiratoires) et ceux des maladies transmissibles entre élevages (néosporose, BVD, paratuberculose, fièvre Q). « Nous avons formalisé dans ce protocole tous les aspects à prendre en compte, depuis la connaissance des statuts des animaux jusqu’aux mesures de biosécurité à mettre en place », explique François Guillaume, vétérinaire conseil au GDS Bretagne. Ce protocole s’appuie sur un « contrat moral » entre les naisseurs et l’éleveur pour autoriser, entre autres, le GDS à transmettre en cas de besoin, les informations sanitaires. Mais aussi pour respecter les préconisations zootechniques et de biosécurité.

Un protocole établi sur mesure

Après une première rencontre, le protocole est élaboré selon le statut sanitaire des cheptels des naisseurs et de l’éleveur, pour parfaitement adapter les recommandations. Comme par exemple les génisses à ne pas déléguer ou les analyses à faire. Une visite annuelle permet de faire un point régulier. Ce protocole a été pensé pour les éleveurs qui travaillent toujours avec les mêmes naisseurs. « Quand il n'y a que quelques cheptels à gérer, on peut être plus précis dans la gestion des risques. » Par exemple, en regardant les risques de contamination par le voisinage.

Pour pouvoir déléguer des génisses, l’élevage de naissance doit être indemne d'IBR, brucellose, tuberculose, leucose et varron. Les petites génisses doivent avoir été élevées dans un lieu isolé des bovins adultes et être en bonne santé (pas d’infection ombilicale, de diarrhées). Du côté de l’éleveur, s’il a un autre atelier bovin, l’élevage de génisses doit être le plus indépendant possible. Et il doit connaître son statut paratuberculose et néosporose. Quatre maladies transmissibles entre élevages sont particulièrement encadrées par ce protocole sanitaire (voir ci-contre).

Respecter une période de quarantaine

En cours d’élevage, le naisseur respecte les différentes consignes de biosécurité. « La sécurité sanitaire a un coût. Il faut s’en servir pour progresser. Tout est mis en œuvre pour permettre une bonne croissance et atteindre les 200 kilos à 6 mois et un vêlage à 24 mois », assure Pascal Folleville. Première étape pour éviter les contaminations croisées, le transport doit être direct entre les deux élevages. « Je vais chercher les animaux chez le naisseur, témoigne l’éleveur. Cela me permet de voir les génisses avant qu’elles ne soient sur mon élevage. Quitte à retarder l’arrivée d’un animal qui aurait la diarrhée pour attendre qu’il soit guéri. » À leur arrivée, les génisses sont logées en niches. « Seules ou à deux du même élevage. » Les niches sont à l’extérieur du bâtiment où sont logées les autres génisses.

« Il faut toujours respecter une période de quarantaine », précise François Guillaume. Idem à leur retour dans leur élevage d’origine : après un transport direct, les génisses sont mises en quarantaine pendant dix jours minimum. Il est conseillé de faire une désinfection et un vide sanitaire de huit jours dans les bâtiments d’élevage des génisses chaque année. Pour les animaux jusqu’à 6 mois, un sol bétonné et une bonne maîtrise des courants d’air limitent les troubles respiratoires. Puis les génisses peuvent rejoindre un bâtiment de plus grand volume. Que ce soit pour changer de bâtiment comme de pâture, il faut respecter une marche en avant afin d’éviter que des lots d’animaux d’âges différents ne se croisent pas. Autant de bonnes pratiques sanitaires qui permettront aux génisses de devenir des vaches en pleine forme.

Quatre maladies particulièrement encadrées

1 La BVD : les naisseurs doivent utiliser des boucles TST pour détecter les génisses IPI. Des sérologies sont faites dès le premier avortement et une vaccination peut être proposée.
2 La néosporose : les élevages à risque sont détectés à partir de leur historique sanitaire et grâce à des sérologies trimestrielles sur le lait de tank. Si une contamination est détectée, une prise de sang est faite sur chaque génisse avant son départ. Si elle est positive, la génisse ne peut être déléguée. Si la sérologie montre l’absence de néosporose, la prise de sang n'est pas obligatoire. Ce protocole peut être renforcé en cas d’avortements répétés. Au contraire, quand les élevages sont en situation favorable, il est allégé. « Nous n'avons plus besoin de le faire, témoigne Pascal Folleville, car je travaille toujours avec les mêmes élevages dont je connais le statut. »
3 La paratuberculose : « on manque d’outils de diagnostic sur les jeunes animaux ", explique François Guillaume, de GDS Bretagne. La prévention passe par une limitation des risques de contaminations fécales, avec de bonnes conditions d’hygiène à la naissance et un veau retiré rapidement. Trois analyses d’environnement et de lait de tank sont faites, en l’absence d’information sur le statut. En fonction des résultats, un plan de maîtrise est proposé avec une détection des bovins positifs pour les réformer. Le naisseur ne doit pas déléguer l’élevage de génisses nées de vaches positives.
4 La fièvre Q : le risque de transmission entre petites génisses est très faible. Une vaccination est recommandée avant la mise à la reproduction si besoin.

Des précautions accrues dans les organisations collectives

Certains départements ont mis en place une organisation collective de l’élevage délégué de génisses. C’est le cas en Ille-et-Vilaine où Déleg’Génisses regroupe 49 naisseurs et 14 éleveurs. Ces éleveurs reçoivent des lots de génisses, du même âge, mais provenant de plusieurs naisseurs. « Pour éviter les risques dans ce schéma où des animaux d'origine différente sont mélangés, il faut être particulièrement strict au niveau sanitaire », explique David Buan, responsable de ce service chez Eilyps. Pour pouvoir adhérer à Déleg’Génisses, les éleveurs doivent être indemnes de BVD et de paratuberculose. Chaque année, une visite sanitaire est faite pour confirmer leur possibilité de déléguer des génisses.

Des contrôles sont aussi réalisés sur chaque génisse, qui doit afficher son statut BVD, néosporose et paratuberculose. Si la prise de sang se révèle positive pour la néosporose, la génisse retournechez son naisseur. De même pour celle dont la mère est découverte IPI. Une vaccination contre les maladies respiratoires est faite à son arrivée.

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