Décalez-vous les vêlages en automne pour faire face aux sécheresses estivales ?
Grouper des vêlages en automne pour valoriser la pousse d'herbe à cette saison peut être une stratégie intéressante dans un contexte de sécheresse estivales à répétition, en particulier en zones séchantes.
Ce n’est pas nécessaire avec mon système. Je suis parti sur deux périodes de vêlage lors de mon passage en bio il y a quatre ans, pour des raisons d’organisation du travail et afin de livrer du lait toute l’année. Environ la moitié des vaches (50 prim’Holstein à 6 500 l) vêlent en automne et les autres au printemps. Le 15 juillet, je taris celles qui vont vêler à l’automne. Et je passe à la monotraite jusqu’à début septembre. Cela tire moins dur sur les vaches en période de chaleur. Elles perdent moins d’état. Je profite également de cette période où la pousse d’herbe est ralentie pour réformer des vaches. Je n’élève plus que 10 génisses par an pour assurer le renouvellement contre 20 auparavant. Cela fait moins d’animaux improductifs qui mangeraient l’herbe au détriment des vaches. Il y a quatre ans, j’avais également multiplié par deux ma surface en prairie accessibles (40 ha). Avec 85 ha de SAU pour seulement 50 vaches, j’ai largement assez de surface pour faire du stock.
Anthony Vasseur - éleveur dans la Sarthe
Oui
Avec le changement climatique, la période critique n’est plus l’hiver mais l’été. La période de complémentation du pâturage avec du foin est devenue plus courte en hiver qu’en été. Ici, les terres sont séchantes. C’est un gros avantage pour faire pâturer les vaches en hiver. Mais en été, la pousse de l’herbe est ralentie voire stoppée à partir de la mi-juin et jusqu’à début septembre. Historiquement, les vêlages étaient plutôt regroupés au printemps. Mais, suite à la sécheresse de l’été 2020, j’ai décidé de les regrouper en automne. Quand je vois la qualité des repousses d’herbe en automne, je ne regrette pas mon choix. Je valorise au maximum le pâturage à cette période.
Charles Quesnel - éleveur en Seine-Maritime
Non mais
Je l’ai d’abord fait pour des questions d’organisation de travail. Mais le changement climatique m’a conforté dans mon choix. J’ai commencé à regrouper les vêlages de septembre à fin décembre un an avant mon installation et ma conversion en bio en 2018. À l’époque de mes parents, les vêlages étaient étalés toute l’année. Avec seulement 40 vaches pour produire 250 000 litres de lait, c’était impossible d’avoir des lots de veaux homogènes. C’est plus facile de surveiller les vêlages quand ils sont concentrés sur une courte période. L’herbe ne poussant quasiment plus en été, la production laitière des vaches baisse. Cela facilite leur tarissement. En été, je distribue aux vaches taries une ration à base de paille avec un fond d’enrubannage ou d’ensilage d’herbe. Et comme elles restent dehors, le risque qu’elles aient une mammite est moins important.