Bâtiments : Davantage de risque sanitaire avec les pigeons
Quelques pigeons durablement installés font courir plus de risques que les étourneaux.
Quelques pigeons durablement installés font courir plus de risques que les étourneaux.
Les oiseaux peuvent être porteurs d’un certain nombre d’agents pathogènes détectés également dans les élevages bovins. Ils sont souvent suspectés d’être vecteurs de maladies par leurs déjections, les plumes qu’ils laissent à terre ou leurs pattes souillées. Mais peu d’études établissent un lien direct entre ce portage et la survenue de problèmes sanitaires. Ce qui laisse suggérer que les oiseaux auraient davantage un rôle dans le maintien d’une infection déjà présente dans l’élevage.
Ne vous fiez pas aux apparences. Ce n’est pas la présence massive et spectaculaire d’étourneaux sur le silo ou la table d’alimentation qui fait courir le plus grand risque sanitaire à l’élevage. Un chercheur a fait le calcul pour la salmonelle : compte tenu de la fréquence de portage de ce pathogène chez les étourneaux (estimée à 1,6 %) et de la dose infectante minimale pour un bovin, il faudrait le passage de plus de 6 000 étourneaux sur la ration d’une même vache pour atteindre la dose minimale infectante pour un bovin. Encore faudrait-il que la vache accepte de manger la ration souillée et infectée.
Une étude cas-témoin menée sur 102 élevages de la Manche sur les avortements à Salmonella enterica montre aussi que pour ce pathogène les facteurs de risque sont ailleurs. Elle en identifie deux : la présence d’oiseaux au niveau des stocks de céréales en grains ou concentré (le pigeon étant la seule espèce vue régulièrement dans cette zone – un seul éleveur y a vu des étourneaux), et l’installation sur l’exploitation de pigeons ou tourterelles depuis plus de trois ans. Les auteurs de l’étude préconisent donc de protéger les stocks de grains des oiseaux (mais aussi des rongeurs ou autres espèces). Ils conseillent aussi de gérer au plus tôt les populations de pigeons pour éviter leur installation sur une longue durée, car ils peuvent alors participer aux cycles de différents agents pathogènes, même s’ils n’en sont pas la source initiale. Cette étude n’a en revanche pas mis en évidence de lien statistique entre la présence d’oiseaux et les avortements à salmonelles, bien que le portage par les oiseaux soit incontestable.
Source : Oiseaux sauvages et risques sanitaires pour les élevages bovins : connaissances actuelles et étude épidémiologique dans la Manche - GDS Manche,