Dans le Rhône, les éleveurs cultivent l’herbe en groupe pour garder le moral
À force d’échecs et de contraintes climatiques, les producteurs du Groupement des éleveurs de l’ouest de Lyon veulent réinventer leur gestion de l'herbe et espèrent aussi motiver les jeunes grâce à des réflexions positives.
Entre 2010 et 2020, dans le département du Rhône, « neuf demandes de calamités agricoles pour sécheresse ont été déposées », compte Mickaël Coquard, de Rhône conseil élevage. Presque une par an. Alors à l’ouest de Lyon, dans une zone de coteaux comprise entre 400 et 700 mètres d’altitude, les éleveurs bovins lait et viande cherchent des solutions pour pérenniser leur système laitier pâturant.
Un premier groupe de producteurs, autour de Saint-Laurent-de-Chamousset, « plutôt bio mais pas que », travaille le sujet depuis 2016. Dans le canton d’à-côté, plus en altitude et en zone plus superficielle, leurs confrères se posent les mêmes questions. Certains ont diminué le chargement à 0,4 UGB/ha mais ils ont perdu en fertilité des sols.
Si l’équilibre est difficile à trouver, les éleveurs ne veulent pas se décourager. Aussi, les deux groupes ont-ils décidé d’unir leurs forces de réflexion et de créer le Groupement des éleveurs de l’ouest de Lyon. « Nous voulons créer une dynamique positive sur le territoire pour maintenir l’élevage laitier. Il y a des seuils en dessous desquels il ne faut pas descendre si nous voulons préserver les réseaux Cuma, les abattoirs, etc. Si nous aspirons à ce que des jeunes s’installent, nous devons sortir de la morosité et trouver des solutions pour être rentables », justifient les éleveurs du groupe dont les mots-clés sont : fourrage, prairie, eau, sol et climat.
Rester autonome dans sa parcelle
Fin juin, une dizaine de membres du groupe sont réunis. Ils commencent par débriefer sur la pousse de l’herbe du printemps. Les éleveurs se sont adaptés aux conditions particulières de 2024 : de l’eau, une croissance d’herbe importante mais stoppée par la bise, un vent du nord typique du coin. « Nous avons adapté la sortie des animaux en fonction de la portance des sols et des temps de présence. Nous essayons de faire les moins mauvais choix. Une décision sur la gestion des pâtures est valable huit jours chez nous », explique Aurélien Perret, éleveur laitier à Courzieu.
En clair, pas de recette miracle mais l’envie d’échanger, de tester et de rester positif. « C’est la quatrième fois que nous nous voyons depuis le début de l’année. Nous communiquons aussi sur WhatsApp. Mais l’idée n’est pas de demander l’avis du groupe tout le temps. Nous devons rester autonomes dans nos parcelles, tout en gardant une dynamique de rencontre », s’accordent-ils.
Dans le déroulé de la matinée, arrive ensuite le point d’actualité sur les essais de pâturage de report sur pied. Laurent Morel est l’un des volontaires. Il a constitué du stock sur pied dans une parcelle après un déprimage fin mars. Tout au long du mois de juin, des prélèvements sont réalisés : valeur nutritive en vert et en foin théorique et rendement. En fonction du nombre de jours pâturés, il pourra estimer le rendement valorisé. Les résultats sont attendus par le groupe. « Je pense qu’il y aura au moins trois tonnes de matière sèche par hectare », glisse l’éleveur.
Plateforme d’essai et enrobage de semence
Au programme aussi cette année, l’implantation d’une plateforme pour tester différentes espèces fourragères et variétés : fétuque, dactyle méditerranéen, trèfle blanc géant, trèfle fraise et trèfle du Caucase. Les semences sont fournies par trois semenciers et le groupe bénéficie de financements de la communauté de communes du pays de l’Arbresle pour le suivi. En parallèle, les éleveurs ont prévu d’expérimenter des adjuvants de semence à base de litière forestière fermentée pour aider les prairies à lever.