Dans la Manche : « Nous valorisons le carbone stocké par nos haies 80 €/téqCO2 »
« Sur les 230 ha exploités par notre Gaec, nous avons 40 km de haies et une moyenne parcellaire de 1,85 ha. Le maillage du bocage est très dense dans la Manche, témoignait aux Prairiales Jean-François Laurent, en Gaec à Saint-Martin-d'Aubigny pour une production de 1,5 million de litres de lait. Nous faisons partie d’un GIEE : il s’est créé autour de la production d’énergie puis s’est intéressé à ce qui était faisable au niveau du stockage du carbone. On s’est aperçu que de grandes entreprises payaient des crédits carbone pour compenser leurs émissions de CO2, et que ces crédits étaient achetés à l’étranger en Amazonie ou ailleurs. » Le GIEE a alors cherché une solution pour passer des contrats avec des entreprises du territoire pour valoriser le carbone stocké par nos haies. La réflexion a été menée avec la chambre d’agriculture et le conseil départemental qui cherchait à compenser les émissions de carbone liées à son journal.
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« En décembre dernier, nous avons signé avec six autres exploitations adhérentes au GIEE un contrat sur dix ans. Nous touchons 240 €/km de haie par an (sur au maximum 10 km par exploitation) ; la valorisation est fixée à 80 €/téqCO2 ce qui est au-dessus du prix du marché du carbone. » Une estimation de la production de bois et du stockage carbone a été réalisée avec Carbocage(1). Les exploitations doivent mettre en place un plan de gestion des haies sur quinze ans ; il comprend un inventaire de départ et un plan de coupe et de replantation. « Nous faisions déjà un plan de gestion dans le cadre de l’association Haiecobois ; cette association commercialise notre bois (100 m3/an) sous forme de plaquettes à des collectivités du département pour alimenter des chaudières. »
« L’argent ne quitte pas le territoire »
« Les crédits carbone sont une source de revenu complémentaire. C’est un bon moyen de pérenniser et entretenir nos haies qui n’ont pas que des avantages. Avec ce premier contrat, la volonté du GIEE et du département est de montrer ce qu’il est possible de faire et surtout d’essaimer. »