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Cuire la graine de soja a un intérêt en bovin

Le taux de protéines non dégradables dans le rumen est amélioré par la cuisson de la graine de soja. La solubilité de l’azote est un des facteurs limitant son emploi dans l’alimentation.

DES GRAINES DE SOJA TORRÉFIÉES, APLATIES ET BROYÉES
peuvent être distribuées aux vaches et aux génisses.
DES GRAINES DE SOJA TORRÉFIÉES, APLATIES ET BROYÉES
peuvent être distribuées aux vaches et aux génisses.
© C. Pruilh

L’amélioration de l’autonomie protéique conduit les éleveurs à s’intéresser de plus en plus au soja. La graine apporte beaucoup d’énergie et de protéines. Cette culture a en outre des intérêts agronomiques.

Des éleveurs distribuent à leurs vaches leurs graines de soja, crues, aplaties et broyées, avec de bons résultats (voir Réussir Lait, n° 269, page 52).

Néanmoins, la teneur en huile des graines entières limite leur incorporation. L’apport de matière grasse ne doit pas dépasser 5 % de la matière sèche ingérée. La cuisson ne change rien à la teneur en matière grasse de la graine. Il faut extraire de l’huile (triturer) pour réduire cet inconvénient.

Les graines crues de soja présentent deux principaux défauts auxquels la cuisson apporte une solution. Tout d’abord, elles contiennent des facteurs anti-trypsiques (inhibiteurs d’enzyme) qui limitent la digestibilité des protéines chez les jeunes ruminants et les monogastriques. La cuisson va réduire leur teneur en inhibiteurs d’enzyme, et on pourra alors en distribuer aux génisses, par exemple.

Plus on chauffe, plus on a des protéines non dégradables

Deuxième gros défaut, les graines crues sont trop riches en azote soluble et trop pauvres en protéines non dégradables dans le rumen. « Il est dommage de distribuer de la graine crue de soja. Il y a beaucoup de perte azotée dans les effluents, c’est un gaspillage d’azote », souligne Corinne Peyronnet, de l’Onidol (interprofession des graines et fruits oléagineux).

Le traitement thermique (extrusion, cuisson humide…) de la graine de soja va améliorer son taux de protéines non dégradables. Les protéines seront disponibles dans l’intestin. «Difficile d’être plus précis. Cela dépendra beaucoup des réglages de température, de durée de cuisson, d’humidité, etc. », développe Corinne Peyronnet. « Plus on chauffe, plus la part de protéines solubles diminue au profit des protéines non dégradables dans le rumen », ajoute Alain Quinsac, du Cetiom.

Le traitement thermique apporte également un ‘plus’ pour la conservation des graines (plus sèches, souillures brûlées), à condition de bien les refroidir après traitement.


La cuisson-pression permet de valoriser du soja français

Le Cetiom étudie, en vue de leur développement, des procédés adaptés pour des petits outils industriels, pour valoriser du soja produit localement. L’enjeu est de réussir à obtenir un produit répondant aux exigences des utilisateurs et compétitif par rapport aux tourteaux de soja industriels issus de graines importées, très souvent OGM.

"Un procédé très prometteur est la cuisson-pression, indique Alain Quinsac. On peut l’adapter sur des outils de trituration déjà existants, destinés au colza par exemple. On obtient un produit dont on a réduit les facteurs anti-trypsiques, et qui contient davantage de protéines non dégradables par le rumen, et est déshuilé (6 à 7 % d’huile). Plusieurs dizaines d’agriculteurs pourraient s’associer dans un tel outil, pour une capacité de traitement d’au moins 10 000 tonnes par an. »

Pour l’heure, en France, très peu d’industriels seraient en mesure de proposer des prestations de traitement de graines de soja pour des éleveurs de bovin.

La ferme expérimentale de Poisy a mené un essai en 2012- 2013 avec, entre autres, du tourteau de soja expeller. Le procédé presse à chaud les graines et permet d’obtenir un tourteau de soja gras à 11 % de matière grasse. Ce tourteau a pu remplacer complètement un tourteau de colza industriel dans une ration à base de foin (voir Réussir Lait, n° 274, page 73).

En France, un début de production de soja local, trituré, extrudé...

Grenier coopératif de l’Albigeois est une coopérative du Tarn et Aveyron, avec une ligne d’extrusion pour le soja, et une pour le lin (production d’environ 8 000 tonnes par an). « Nous vendons nos extrudés à des fabricants d’aliment. Pour l’instant, seuls les éleveurs de monogastriques achètent du soja extrudé. Mais un lycée agricole avec des vaches laitières s’y intéresse. »

Alliasud (site en Dordogne) développe un nouveau procédé de cuisson, et des recherches sur des vaches fistulées, pour produire des références en bovin laitier.

Corea Poitou-Charentes, une coopérative, va expérimenter la trituration des graines de soja dans une usine qui travaille déjà le colza, pour des éleveurs de chèvres et de vaches.

La coopérative Le Gouessant (Mayenne) a un site de trituration du soja bio.

Etc. Les choses frémissent donc pour valoriser des graines produites en France et consommées localement par des bovins laitiers.

LIRE LE REPORTAGE à la Ferme Bourdon, au Québec, qui torréfie ses graines de soja et celles de ses voisins - Réussir Lait 286, page 50.

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