Aller au contenu principal

[Covid-19] Comment les banques accompagneront les producteurs

Suite à la crise a crise du coronavirus, le gouvernement a annoncé un vaste programme de prêts bancaires, garantis par l’Etat. Le moment venu, les producteurs pourront en bénéficier pour soutenir leur trésorerie et passer ce cap difficile. Faisons le point sur les mesures bancaires possibles avec Jean-Emmanuel Zaragoza, responsable développement du marché des agricultures, de la mer et de l’équin au Crédit Agricole Normandie.

Emmanuel Zaragoza, responsable développement du marché des agricultures, de la mer et de l’équin au Crédit Agricole Normandie. « Il est inutile de se précipiter sur ce dispositif avant d’en avoir réellement besoin. Vous avez jusqu’au 31 décembre prochain pour sollliciter un prêt garanti par l’Etat. »
© DR

Etes-vous inquiet pour les producteurs?  

Jean-Emmanuel Zaragoza, Crédit Agricole Normandie : " La situation n’a rien à voir avec celle des artisans commerçants dont le chiffre d’affaires s’est trouvé coupé du jour au lendemain, avec des conséquences immédiates en termes de trésorerie. Dans le secteur agricole, on travaille sur des temps plus longs. Aujourd’hui, s’il est trop tôt pour percevoir des tensions en termes de trésorerie, notamment pour les exploitations laitières, il n’est toutefois pas exclu que celles-ci se voient pénalisées par des effets - directs ou indirects – de la crise sanitaire dans les semaines à venir. Pour le moment, nous sommes dans l’observation des premiers signaux d’alerte pour repérer quelles seront les activités les plus impactées et à quelle hauteur. Les filières lait, viande et céréales sont aujourd’hui moins touchées que les filières équine, produits de la mer, maraîchage, pépinières et horticulture. Par ailleurs, le montant de la garantie mise en place par l’Etat est conséquente et devrait se montrer suffisante pour soutenir les exploitations agricoles nécessitant une aide."

 

Quelles mesures mettez-vous en place ?

"Toutes les banques s’attachent à mettre en œuvre un train de mesures national. L’idée, c’est que les banques servent de passerelles pour faire en sorte que toutes les exploitations qui étaient viables et en bonne santé avant la crise sanitaire soient toujours là après.

La première mesure d’accompagnement des exploitants concerne les pauses-crédits. Nous proposons à ceux qui le souhaitent d’effectuer une pause sur leurs remboursements d’emprunts pendant six mois maximum. Sachant qu’il est tout à fait possible de mettre fin à cette pause au bout de deux mois si l’activité repart. On préconise d’opter par défaut pour la durée maximale de six mois, quitte à raccourcir ce délai, plutôt que d’y revenir tous les mois. Ce dispositif est gratuit, c’est-à-dire qu’il n’engendre pas de frais de mise en place. Par contre, il a un coût pour l'exploitant, proportionnel à la durée de la pause. En gros, le principe de la pause-crédit est similaire à celui d’un différé d’emprunt. Les producteurs ne paient pas d’intérêts pendant la durée de la pause, par contre ils doivent s’acquitter des frais d’intérêt intercalaires générés une fois que les échéances reprennent. Toutefois contrairement aux situations de différé habituelles, le taux d’intérêt appliqué ne sera pas majoré durant la durée de la pause. Les échéances reprennent ensuite normalement, mais il se peut qu’une pause-crédit de six mois rallonge un prêt d’un peu plus que six mois (à échéance constante) justement en raison de ces intérêts intercalaires."

Des emprunts court terme seront aussi proposés ?

"L’Etat a levé 300 milliards d’euros pour abonder un fonds de garantie. Les banques bénéficient ainsi d’une garantie souveraine d’Etat sur les prêts à mettre en place. Il s’agit de prêts court terme de 12 mois, à taux zéro. On intègre dans ce court terme l’option de pouvoir l’amortir, au bout des douze mois, sur quatre ou cinq ans. Là encore, cette mesure est nationale et concerne toutes les banques. C’est la BPI (banque pour l’investissement) qui fait office de bureau d’enregistrement pour s’assurer qu’un même client ne souscrive pas des prêts différents au sein de différentes banques, ou en tout cas, respecte le montant maximal défini, à savoir 25 % du chiffre d’affaires de son entreprise (hors-taxes)."

Tous les éleveurs pourront-ils bénéficier de ce dispositif ?

"Le dispositif exclut certaines situations, notamment les exploitations en difficulté structurelle qui présentaient déjà avant la crise des résultats comptables avec un bilan très dégradé ou sans capacité de remboursement. La BPI ne se porte pas garante dans ce cas.

Par ailleurs, la priorité doit aller vers les exploitations les plus impactées par les conséquences liées à la crise sanitaire. Solliciter un crédit dans l’objectif de rembourser des crédits déjà en cours sera considéré comme de la fraude. Des contrôles seront effectués par la BPI. "

Concrètement, comment faire pour accéder à cet accompagnement ?

"Il faut d’abord contacter sa banque et calibrer au plus juste le montant du besoin, en fonction du manque à gagner, mais aussi de la capacité de remboursement d’emprunt. Celui-ci ne s’élèvera pas forcément à 25 % du chiffres d’affaires. Une fois ce pré-accord reçu pour un montant donné, l’exploitant doit obtenir une attestation de demande Prêt Garanti d'État avec un numéro unique auprès de Bpifrance. La procédure nécessite de renseigner des informations (telles que le code banque, le code guichet et le montant du prêt) sur le site d’enregistrement. La banque exigera cette attestation avant de valider définitivement le financement et mettre les fonds à disposition. Ce dispositif est ouvert jusqu’au 31 décembre prochain. Les secteurs les plus impactés sont traités en priorité. Inutile pour l’heure de vous précipiter sur ce dispositif avant d’en avoir réellement besoin."

 

Lire aussi [Covid-19] Des mesures exeptionnelles de report de paiement des cotisations MSA

Lire aussi [Covid-19] « Evitons que les éleveurs subissent la baisse de volume et celle du prix du lait »

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

Jérôme Curt, éleveur
Bâtiment : les 7 reportages qu'il ne fallait pas râter en 2024

Retrouvez les 7 reportages sur les bâtiments d'élevage qui vous ont le plus marqué en 2024.

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

%agr
« Finies les fièvres de lait avec notre ration pré-partum base foin à BACA négatif pour nos vaches taries »

Le Gaec de Goirbal dans le Morbihan a modifié la composition de la ration de ses vaches taries, qui atteint désormais un Baca…

Selfie de Yohann Allain dans son champ avec ses vaches laitières.
« J’espère que mon salarié deviendra mon associé sur mon exploitation laitière en Loire-Atlantique »

À la SCEA du Chêne Vert, en Loire-Atlantique, après le départ à la retraite de son père, Yohann Allain a modernisé sa salle de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière