Heleen Lansink-Marissen, éleveuse de 85 laitières, aux Pays-Bas
« Communiquer sur mon métier auprès du grand public est devenu mon second job »
« Les consommateurs ont beaucoup d’a priori sur l’agriculture et l’élevage, mais ils ignorent souvent comment ça se passe vraiment sur nos fermes. En 2017, face aux attaques sociétales, j’ai pris conscience que nous ne devions pas rater l’occasion de nous exprimer en tant qu’éleveurs, car sinon, d’autres allaient communiquer à notre place ! Nous faisons beaucoup de choses pour l’environnement, le bien-être animal… alors autant le dire. Et si possible de façon professionnelle. Pour créer du lien, j’ai commencé par vendre du lait à la ferme – pas tant pour l’argent que pour renouer le contact avec les non-agricoles – et organiser des visites à la ferme. Et puis, pour toucher le plus de monde possible, j’ai investi les réseaux sociaux en montrant le quotidien de la ferme, en postant de belles photos, en animant un blog… Je parle librement, j’explique mon métier de façon positive, je décris les choses sans jugement. Je ne dis pas si je suis pour ou contre, je montre simplement ce que je fais. C’est ce type d’initiatives privées qui pourront faire bouger les lignes. Quand on raconte sa propre histoire, on est crédible, les gens ne s’y trompent pas.
Et ça marche ! Aujourd’hui, j’interviens dans de nombreux événements. J’ai été élue deuxième femme la plus médiatique dans ma province. Avec 80 000 vues par mois sur les réseaux, je suis en quelque sorte une « influenceuse ». C’est quasiment un boulot à part entière ! J’ai pu m’exprimer dans le journal local et même à la télévision nationale. Le ministre de l’Agriculture me connaît et je participe à un laboratoire d’innovation national avec 80 personnalités du secteur agricole. Ces deux années m’ont appris à toujours rester moi-même, à parler clairement et avec transparence. Il est important d’être ouvert et d’écouter les questions et critiques. Certaines sont constructives ! Et en cas de désaccords avec des opposants, le fait d’expliquer mes choix suscite au moins leur respect. Par contre, je laisse de côté les 5 % d’extrémistes qui ne veulent pas écouter et je préfère m’adresser aux 95 % de la population qui ne demandent qu’à mieux connaître notre activité. »