Commerce équitable : le label Max Havelaar s’appose désormais sur le lait français
Le porte-drapeau du commerce équitable Max Havelaar se tourne vers la labellisation du lait français avec un premier projet avec les Maîtres laitiers du Cotentin.
Le porte-drapeau du commerce équitable Max Havelaar se tourne vers la labellisation du lait français avec un premier projet avec les Maîtres laitiers du Cotentin.
Les premiers fromages blancs (équivalent à 700 000 litres de lait par an) issus du partenariat entre l’ONG Max Havelaar France et la coopérative les Maîtres laitiers du Cotentin commencent à apparaître en supermarché et en restauration collective. Le sucre de canne et la vanille proviennent du commerce équitable Sud. Et nouveauté : le lait français est également labellisé par Max Havelaar commerce équitable.
Le projet a été mûrement réfléchi tant les difficultés des éleveurs font écho aux problématiques des paysans du Sud. « Si nous sommes nés avec les filières du Sud, nous voulions être fidèles à notre vocation d’aider les agriculteurs les plus vulnérables », éclaire Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France dont les ventes de produits labellisés ont atteint 1,2 milliard d’euros en 2021.
Des prix minimums par territoire
Pour se développer sur des produits issus de filière française, l’ONG a déployé une « méthodologie innovante » afin d’aider « ceux qui en ont le plus besoin » grâce à un « prix minimum territorialisé ».
Le prix minimum garantit est calculé afin de générer au minimum 1,5 smic de revenu pour l’exploitant. Pour la zone Calvaldos/Manche/Orne, le « prix Max Havelaar » est de 390 euros pour 1000 litres. En Poitou Charente, il est de 395 euros les 1000 litres. Auquel il convient d’ajouter la prime collective commerce équitable de 20 euros pour 1000 litres. Financée par l’ensemble des maillons aval, elle doit être dédiée à des projets sociaux ou agroécologiques.
Un cahier des charges de progrès
Afin d’intégrer le cahier des charges Max Havelaar, les producteurs devront être situés en territoire dit vulnérable. Cette définition est basée, après un travail avec le CerFrance, sur le revenu moyen des exploitations de ladite zone, des critères de dévitalisation rurale et de contraintes environnementales. Ensuite, des critères individuels entrent en jeu. L’éleveur devra soit être en difficulté économique (moins de 1,5 smic sur les cinq dernières années), soit installés depuis moins de dix ans, soit en conversion vers l’agriculture biologique. Ces critères sont suffisamment larges pour ne pas être discriminants, assure les Maîtres laitiers du Cotentin.
Viennent ensuite les contraintes techniques. Pâturage (120 jours par an comme le définit le Cniel) et alimentation sans OGM en sont la base. Le cahier des charges réclame également une généralisation des bonnes pratiques (ébourgeonnage chimique interdit, plan de fumure, couverture des sols, etc.) dont certaines mesures seront demandées immédiatement et d’autres progressivement, à trois et six ans.
« L’idée est de d’abord garantir un niveau de revenu pour ensuite mettre en place de bonnes pratiques, décrypte Jean Tavernier, responsable RSE chez Maîtres laitiers du Cotentin. Il y a une volonté de renverser la logique qui voudrait que l’on impose des contraintes pour ensuite dire ‘on verra si on te rémunère mieux’. »
Si ce galop d’essai avec Maîtres laitiers du Cotentin concerne de faible volume, l’ONG ne compte pas s’arrêter là. Des discussions sont en cours avec des coopératives charentaises afin notamment de mieux valoriser la matière protéique qui l’est peu dans le cadre de l’AOP Poitou Charente.
Le saviez-vous ?
Une spécificité du commerce équitable est de travailler exclusivement avec des organisations collectives de producteurs auxquels est versée la « prime commerce équitable ». Cela concerne donc les coopératives ou les organisations de producteurs avec transfert de propriété.
Un label indépendant pour rassurer les consommateurs
« Ce n’est pas juste une allégation de la coopérative qui se vante de faire une démarche responsable. Le label Max Havelaar apporte une validation extérieure », justifie Jean Tavernier, responsable RSE chez Maîtres laitiers du Cotentin. « Le label Max Havelaar est bien connu. Cela rassure le consommateurs »