Comment éviter de jeter une benne d'ensilage de maïs sur dix
Jusqu’à 7 %, les pertes de maïs au silo sont quasi incompressibles. Au-delà, mieux vaut se pencher sur les solutions présentées lors d’une journée technique organisée dans le cadre du projet Ecosilage.
Jusqu’à 7 %, les pertes de maïs au silo sont quasi incompressibles. Au-delà, mieux vaut se pencher sur les solutions présentées lors d’une journée technique organisée dans le cadre du projet Ecosilage.
Optimiser sa ration grâce à un ensilage de meilleure qualité, tel est l’objectif du projet Ecosilage(1), piloté par la Fédération régionale des Cuma de l’Ouest, impliquant la Fédération des Cuma Normandie Ouest, Elvup et Littoral Normand. Pendant deux ans, le projet s’est notamment focalisé sur les aspects de qualité de récolte, de tassage et de couverture. Les suivis réalisés dans trois Cuma situées dans l’ex-Basse-Normandie ont permis d’estimer des niveaux de pertes compris entre 8,8 % et 11,5 %. Dans ce dernier cas, la perte économique a été évaluée à 2 340 euros pour 40 hectares ensilés. Le calcul a été réalisé sur la base d’un hectare de maïs d’une valeur de 1 300 euros pour un rendement de 15 tonnes de matière sèche par hectare.
Retour sur les points clés (hors récolte) pour réussir la conservation d’un ensilage de maïs, présentés lors de la journée technique organisée en mai dernier à l’EARL Lemarre, dans le Calvados.
Adapter le silo aux besoins du troupeau
Respecter une vitesse d’avancement minimale après ouverture du silo est nécessaire pour limiter les pertes par échauffement, a expliqué Serge Morazin, de Littoral Normand. Il faut tabler sur plus de 20 cm par jour en été, et 10 à 15 cm en hiver. Pour rester dans les clous, il est nécessaire d’évaluer les besoins du troupeau durant la période hivernale et estivale. Par exemple, pour un troupeau de 95 vaches consommant 14 kg MS/VL/j en hiver, il faut distribuer 1 330 kg MS chaque jour. Avec une densité de fourrage de 245 kg/m3, cela représente un volume de 5,43 m3. Pour obtenir une vitesse d’avancement de 15 cm par jour, il faudra une hauteur de tas de 2,6 m pour un silo de 14 m de large (5,43/0,15/14 = 2,6 m). Pour des raisons de sécurité et pour obtenir un tassage suffisant de la partie supérieure du silo, la hauteur du tas ne doit pas dépasser de plus de 50 cm celle des murs, a souligné Serge Morazin.
Les tasseurs donnent le rythme
La qualité du tassage est cruciale. Pour ne pas laisser trop de place à l’air dans le silo, il faut viser une densité proche de 240 kg MS/m3. Pas toujours simple d’y parvenir, notamment sur les bords des silos ou lorsque le maïs est très sec. Le respect de certaines règles permet cependant de s’en approcher. « Il ne faut pas avoir peur de faire attendre les bennes », a rappelé Aurélie Garcia-Velasco, de la Fédération régionale des Cuma de l’Ouest. Plusieurs solutions permettent de ne pas mettre la pression aux tasseurs. Le choix de l’ordre des parcelles peut y contribuer. « Pour bien démarrer, il est préférable de commencer avec des petites parcelles ou des parcelles éloignées. Cela laisse plus de temps au tassage. » Terminer si possible avec ce genre de parcelles est également recommandé pour bien finir le silo. Il est en effet conseillé de continuer à tasser au minimum 30 minutes entre la dernière benne et le bâchage du silo. La qualité du tassage peut aussi être améliorée en commençant par les parcelles les plus sèches. Le maïs sec sera tassé par le maïs plus humide.
Décharger des remorques en alternance à droite et à gauche offre plus de temps pour tasser. « Il faut également bien charger le long des murs au démarrage pour permettre aux tasseurs de s’en rapprocher », préconise Aurélie Garcia-Velasco. Attention aux excès de vitesse sur le silo : 3 à 4 km/h, c’est bien. Idem pour l’épaisseur de couche à étaler. La consigne, c’est au maximum 30 cm.
Côté matériel, des engins lestés au maximum et équipés de pneus bien gonflés sont la règle. « Il faut lester au minimum à 400 kilos par tonne de matière sèche rentrante et par heure. » L’application TassSilo, disponible gratuitement sur Android, permet de vérifier si le poids des tasseurs est optimal et de simuler l’impact des matériels sur la densité.
Ne pas lésiner sur la couverture
Bien soigner la couverture du silo est nécessaire pour chasser l’air et protéger l’ensilage de la lumière, de l’eau et des nuisibles. Une fois la bâche de bordure placée, Mickaël Bisson, d’Elvup, préconise de poser un sous-film (porosité de 40 microns) pour couper le lien entre l’intérieur et l’extérieur du silo. Grâce à son effet cellophane, il protège le fourrage de l’eau et de l’oxygène. « Le surcoût lié au sous-film (10 ct/m2 soit environ 94 € pour 30 ha) est rentabilisé par la diminution des pertes au silo. »
Au-dessus du sous-film, vous pouvez poser soit des bâches, soit une géomembrane, soit une feutrine. La bâche classique (120 à 150 microns) a un effet barrière contre la lumière. « Bien qu’elle soit plus résistante aux chocs que le sous-film, il est préférable d’en poser deux, quitte à réutiliser une ancienne pour réduire le coût (40 ct/m2 soit environ 360 € pour 30 ha). » Puis la pose de filet ou d’une grille (1 €/m2 soit environ 900 € pour 30 ha) fournit une protection mécanique et du lest.
Pour maintenir le tout, Mickaël Bisson conseille d’utiliser des boudins plutôt que des pneus. « Quand on utilise des pneus, il faut être très vigilant sur le tri. Environ 5 à 10 % des pneus sont à jeter chaque année à cause des bouts de ferrailles. » Le deuxième enjeu est d’ordre environnemental (recyclage, évolution possible de la réglementation…). Une rangée de boudin tous les deux à trois mètres est une solution propre et efficace. « Les boudins pour faire la périphérie et une rangée tous les trois mètres représentent un investissement de 400 euros pour 30 hectares. »
Les alternatives aux pneus
La géomembrane, la bâche en feutrine ou les tapis en caoutchouc sont des solutions pour pouvoir se passer des pneus.
À retenir
Les trois solutions pour couvrir un silo sont :
Le saviez-vous ?
L’achat de grille, filet, boudins, géomembrane, feutrine doit se raisonner comme un investissement sur au moins dix ans, contrairement au sous-film ou à la bâche classique qui, eux, sont à usage unique.