Cinq points clés pour réussir ses dérobées estivales
Implantées avant céréales d’hiver, les dérobées estivales apportent une ressource fourragère supplémentaire de bonne valeur alimentaire. Elles permettent d’allonger la saison de pâturage sur la fin de l’été-automne ou de conforter les stocks fourragers. L’objectif est de produire le maximum de biomasse dans le minimum de temps, en moins de 100 jours.
Implantées avant céréales d’hiver, les dérobées estivales apportent une ressource fourragère supplémentaire de bonne valeur alimentaire. Elles permettent d’allonger la saison de pâturage sur la fin de l’été-automne ou de conforter les stocks fourragers. L’objectif est de produire le maximum de biomasse dans le minimum de temps, en moins de 100 jours.
1-Une date d’implantation précoce
La date d’implantation des dérobées est très importante. « Il faut viser une date précoce au plus près de la récolte du précédent pour améliorer les chances de réussite », conseille Didier Deleau, ingénieur régional fourrages d’Arvalis. La dérobée va bénéficier d’une relative fraîcheur du lit de semences et d’opportunité de pluie (15-20 mm) même si cela reste aléatoire.
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Les légumineuses ont un fort besoin de lumière : elles doivent être semées le plus tôt possible d’autant plus que les graines sont petites. Les trèfles doivent l’être avant la mi-août en zone nord ; la lentille, la vesce, la féverole, le pois ont une bonne vigueur au départ et peuvent être semés jusque fin août-début septembre. Les graminées et crucifères permettent plus de souplesse. Par contre le sorgho multicoupe et le moha doivent être implantés au plus tard fin juillet.
Si les crucifères germent rapidement et sont peu sensibles aux fortes chaleurs, à l’inverse les légumineuses sont lentes à germer et sensibles aux fortes chaleurs. Les graminées ont un comportement intermédiaire et sont les moins sensibles aux conditions sèches.
2-Un passage de rouleau indispensable
L’implantation est une étape décisive car la plupart des dérobées sont des petites graines. Le non-labour est à privilégier sauf s’il y a un risque de rémanence d’herbicides utilisés sur céréales (notamment de sulfonylurées) : le travail superficiel, voire un semis direct, permet d’éviter le dessèchement du sol. Il est conseillé d’exporter la paille ou de la broyer finement et de l’étaler le plus possible.
La profondeur de semis est à adapter à la taille des graines. « La profondeur de semis ne doit pas dépasser 1 cm pour les crucifères, graminées, trèfles… : à plus de 2 cm, la perte à la levée est de 50 à 80 % », souligne Didier Deleau. Pour les plus grosses graines de céréales, vesce, lentille… 2 à 3 cm. Un élément de rappuyage sur semoir ou un passage de rouleau est indispensable à cette saison.
Pour la fertilisation, la réglementation diffère d’une région à l’autre (directive nitrate, arrêté Gren). Si l’apport d’azote est autorisé, 50 unités au semis suffisent. Attention aux exportations de potasse qui peuvent être importantes en cas de récolte, il faut en tenir compte lors des cultures suivantes. Le désherbage n’est pas utile, le salissement et la montée à graines étant maîtrisés par l’exploitation du couvert.
3-Tenir compte de la rotation
Le choix des espèces se fait en fonction de la période d’utilisation, dès l’été ou à l’automne. Il dépend du mode de valorisation : pâturage, affouragement en vert, ensilage ou enrubannage. Le choix d’une crucifère nécessite par exemple du pâturage du fait de sa faible teneur en matière sèche ; d’autres critères entrent enjeu comme la portance de la parcelle, son accessibilité…
Il doit tenir compte de la place de la dérobée dans la rotation et du type de rotation : il faut à tout prix éviter les graminées dans une rotation avec plus de 50 % de céréales (risque de piétin), les crucifères dans une rotation avec du colza (hernie du colza), les lentilles ou le pois dans une rotation avec protéagineux. Le coût des semences est aussi un critère de choix avec une fourchette qui va de 20 €/ha pour des crucifères à 80-100 €/ha voire plus pour des associations avec légumineuses.
4-De meilleurs rendements avec les associations
Le niveau de rendement est très variable. Dans un essai mené dans l’Ouest sur une dizaine de dérobées, avec un semis au 20 août en conditions très favorables récolté 75 jours plus tard, le rendement moyen s’élève à 3,5 tMS/ha. Il est excellent (5 tMS/ha) pour les graminées estivales (millet perlé et moha), d’un bon niveau pour les crucifères
Sur une synthèse de 23 essais menés dans 9 lieux sur une période de 11 ans, la moyenne de rendement est plus faible de 1,5 tMS/ha. Là encore, le rendement est très correct pour les crucifères (2 à 3 tMS), mais beaucoup plus faible pour les graminées, notamment le seigle. Celui des légumineuses cultivées en pur est moyen : le pois fourrager, la féverole, le trèfle incarnat et le trèfle de perse s’en tirent mieux que la vesce commune de printemps et le trèfle d’Alexandrie qui ont des résultats décevants.
Enfin, dans une synthèse d’essais menés pendant 12 ans par la chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle (270 situations), près de 20 % des espèces ont un rendement inférieur à 1,5 tMS, essentiellement des espèces en culture pure. Seules les crucifères et les mélanges graminées-légumineuses (avoine-pois-tournesol, avoine féverole-tournesol, féverole-lentille-avoine) atteignent les 2 tMS/ha qui correspondent au seuil de rentabilité.
5-Récolter avant le stade épiaison-floraison
Les valeurs alimentaires sont aussi très variables selon les espèces et les dates de récolte, comme le montre une synthèse réalisée sur une vingtaine de dérobées. Les valeurs UF-MAT diminuent avec l’avancée du stade de végétation, avec des écarts particulièrement marqués entre le stade feuillu et le stade épiaison/floraison pour des plantes comme la phacélie ou le sarrazin ; les légumineuses ont des valeurs plus stables. À noter que le moha et le millet ont une faible valeur de MAT, tandis que les crucifères avant floraison ont un bon équilibre UF-MAT. « Des associations RGI-colza, RGI-trèfle incarnat vont fournir des fourrages de très bonne qualité », en conclut Didier Deleau.
Avec des fourrages jeunes, très fermentescibles, des précautions sont nécessaires. Le risque acidogène potentiel est plus important avec du RGI ou du colza fourrager, d’après un essai mené par Arvalis : un rationnement à 3-4 kg MS/VL/j est nécessaire.
Coût d’implantation des différents types de dérobées
En savoir plus
En accès libre sur le site www.arvalis-infos.fr :
° l’outil Choix des couverts, qui vous guide parmi 125 références et permet d’intégrer jusqu’à dix critères simultanés ;
° les fiches synthétiques Couverts.