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Cessation d’activité laitière: forte hausse en volume

Si le nombre de demandeurs est en baisse par rapport à l’an dernier, le volume global s’accroît de manière significative avec 26% de plus que lors de la campagne 2011-2012. Seul le Grand Ouest devrait libérer un peu moins que l’an dernier.

Comme chaque année les producteurs avaient jusqu’au 31 août pour effectuer une demande d’aide à la cessation de l’activité laitière (Acal). Lors de son conseil spécialisé lait du 17 octobre dernier, FranceAgriMer a dévoilé les premiers chiffres: 1 784 dossiers ont ainsi été déposés contre 1 954 lors de la campagne précédente.


Mais la surprise vient davantage du volume global de ces demandes qui atteint plus de 350 millions de litres, contre 278 millions en 2011, soit une hausse de 26% ! Autrement dit, un peu moins d’éleveurs souhaitant abandonner leur activité laitière, mais avec des références individuelles en nette progression: près de 200 000 litres en moyenne en 2012 contre 142000 litres par demande en 2011.


Des évolutions contrastées selon les bassins


Si en moyenne le nombre de demandeurs baisse de 9% par rapport à 2011, cette situation revêt des différences notables selon les bassins de production. Le nombre de dossiers déposés diminue de 20 % dans le Grand Ouest et de 18 % dans le Sud-Est, tandis qu’il ne baisse que de 6% dans le Sud-Ouest et progresse même en Normandie (+ 2%) et surtout dans la région Auvergne- Limousin (+ 10 %). Dans cette région, les volumes libérables progressent de… 72 % par rapport à l’an dernier, alors que la moyenne nationale affiche une progression de 26 %.


Le Grand Ouest est la seule région qui devrait libérer un peu moins que l’an dernier (- 3 %). Sur le total des volumes potentiellement libérables au titre des Acal, la région Grand Ouest ne représente que 14 %, alors qu’elle pèse un tiers du quota national. À l’opposé, on trouve la région Sud-Ouest qui, avec 7,4 % du quota national devrait libérer 21 % du volume total des Acal.


La référence moyenne des demandeurs d’aide à la cessation est en très nette progression dans tous les bassins (+26% en moyenne par rapport à 2011). Là aussi, on rencontre des évolutions marquées selon les régions. Ainsi, avec près de 135 000 litres dans la région Auvergne-Limousin, la référence moyenne progresse de 57 %. Même évolution pour la région Poitou- Charentes, mais avec des références moyennes de près de 280 000 litres. Dans le Nord Picardie, le volume moyen des Acal progresse également de manière plus importante (+48 %) suivi ensuite par la région Grand-Est (+43 %).


Si, en Auvergne-Limousin, ces chiffres montrent peut-être une tendance vers la reconversion en viande bovine, les autres régions citées ayant des profils très polyculteurs-éleveurs sont certainement attirées par des reconversions en grandes cultures.


Des références moyennes en forte augmentation


Sauf à ce que les pouvoirs publics mettent des fonds sur la table, ce qui semble peu probable, Les références ainsi libérées par les Acal devront désormais (suite à la suppression de la TFA) être intégralement financées par le dispositif des TSST (transferts spécifiques sans terres) dont le financement est directement assuré par les éleveurs demandeurs de références supplémentaires. Rappelons que les barèmes des aides à la cessation ont été prévus par une circulaire de juillet 2011 sur un principe de dégressivité jusqu’à la fin du régime européen des quotas laitiers. Pour la campagne 2012-2013, le montant de l’indemnité est de 75 €/1000 litres dans la limite de 100 000 litres, 40 €/1 000 litres pour la part comprise entre 100001 et 150000 litres, 25 €/1 000 litres pour la part comprise entre 150 001 litres et 200 000 litres, et 5 €/1000 litres au-delà de 200000 litres. Le montant de rachat par TSST est fixé sur la tranche de l’indemnité la plus haute (soit 75 €/1 000 litres pour la campagne 2012-2013). Les éleveurs souhaitant déposer un dossier de demande au titre des TSST, devaient le faire avant le 31 octobre à la DDT de leur département par lettre recommandée avec accusé de réception.

VOIR LES DONNÉES (volume des demandes, références moyennes des demandes d'Acal) DES 9 BASSINS dans le Réussir lait 263, novembre 2012, page 16.

Attrait des grandes cultures, précarité de la collecte…


En Auvergne Limousin : « 40% des éleveurs ont demandé des références laitières. On assiste à des mouvements de spécialisation dans les productions de lait ou de viande », nuance Yannick Fialip, président section lait FRSEA Auvergne, face à la forte progression des demandes d’Acal dans le bassin. La restructuration qui ne s’était pas vraiment faite avant a lieu maintenant. « Il y a plus de producteurs qui veulent moderniser et conforter leur référence avant la fin des quotas, que d’éleveurs qui abandonnent le lait. Nous avons aussi un bon niveau d’installations. Les entreprises sont surprises par la motivation des éleveurs. » Malgré les difficultés causées par l’annonce d’arrêt de la collecte par Dischamp, les difficultés de Garmy et les incertitudes concernant l’activité lait de consommation de Terra Lacta, « les producteurs sont mobilisés et font le pari du lait dans leur région. Nous espérons que les entreprises sont prêtes à les accompagner, par un engagement contractuel par exemple, pour leur donner la visibilité nécessaire ».


En Charentes-Poitou : « les demandes concernent un peu moins d’exploitations mais des exploitations plus grosses qu’en 2011, pointe Christophe Limoges, président de l’interprofession. Certaines sont des sociétés, où un ou deux associés partent, et ceux qui restent choisissent d’arrêter le lait et de garder les terres pour faire des grandes cultures. En outre, le contexte laitier régional n’encourage pas à poursuivre en production laitière. Le manque d’anticipation des entreprises de la région, le manque de perspectives qu’elles donnent aux éleveurs décourage des installations et des investissements. »


Dans le Sud-Ouest : « les demandes sont légèrement supérieures cette année, indique Thierry Lanuque, président de l’interprofession. Cette moyenne cache des disparités importantes entre zones d’élevage et zones de concurrence avec les grandes cultures. Certains arrêtent le lait aussi parce qu’ils ont des inquiétudes sur le maintien de leur collecte. Ce qui s’est passé avec Leche Pascual laisse des traces. »


En Nord-Picardie : « c’est davantage la dynamique d’installation qui nous tracasse sur le bassin », souligne Philippe Duez, de la FRSEA. Dans certains départements, le nombre de demandes baisse ou est stable. Dans la Somme, il est en hausse. « Dans ce département, des exploitations à gros quotas (plus de 500 000 litres) ont demandé l’Acal. C’est clairement une problématique travail et l’attrait des grandes cultures qui jouent. Le bâtiment est aux normes, le problème n’est pas la laiterie. Ils oublient que certaines années, les céréales ne payent pas ! »


Autre fait marquant en Seine-Maritime souligné par Cyril Cornille, FRSEA Haute- Normandie : « la population des demandeurs d’Acal rajeunit : ils ont en majorité 40 à 50 ans ».

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