Tarissement : les quatre conseils clés pour gérer les vaches hautes productrices
L’objectif premier au tarissement des vaches hautes productrices est de faciliter l’involution de la mamelle. La réduction des concentrés, l’adaptation de la fréquence de traite, le recours à un obturateur, voire à un coupe-lait y contribuent.
L’objectif premier au tarissement des vaches hautes productrices est de faciliter l’involution de la mamelle. La réduction des concentrés, l’adaptation de la fréquence de traite, le recours à un obturateur, voire à un coupe-lait y contribuent.
« Il n’est pas rare que les vaches soient taries à plus de 20-25 litres, voire 30 litres dans les troupeaux de haut niveau, surtout en traite robotisée, avec des stalles saturées et un stade moyen de lactation de 150 jours », constate Mathilde Chauvat, référente qualité du lait chez Seenovia.
Quels sont les risques ? Des sphincters ouverts en début de phase de tarissement avec une production supérieure à 20 kg favorisent les pertes de lait et allongent la durée d’involution de la mamelle. Une bactérie peut s’introduire et engendrer une mammite clinique ou subclinique jusqu’à 100 jours après vêlage. Aussi, une phase d’asséchement longue induit un temps de renouvellement des acini plus court et par conséquent, une baisse de production sur la lactation suivante. « Il est impératif que la mamelle soit totalement asséchée quatre semaines avant le vêlage. » Dernier point et non des moindres, le stress de l’animal provoqué par la douleur, associé à un éventuel environnement à risque, fragilise l’immunité et augmente le risque d’infection. Pour ces animaux très productifs, un accompagnement est indispensable.
Réduire les concentrés
Première piste, diminuer les concentrés deux à trois semaines avant le tarissement pour atteindre le minimum permettant de conserver l’équilibre de la ration. « Cela peut suffire à réduire la production laitière. » Si cette solution est impossible en ration complète, elle est facilitée quand la complémentation est individuelle, au DAC, au robot ou à l’auge. « En ration semi-complète, déjà équilibrée à l’auge, l’idée est de ne plus apporter aucun concentré aux vaches approchant du tarissement. » En traite robotisée, on conservera 1 kg pour attirer les vaches au robot.
Jouer sur la fréquence de traite
En parallèle, la monotraite peut s’envisager durant la semaine précédant le tarissement. « On ne le conseille que rarement en raison des risques liés à l’’environnement. » La première condition de réussite est d’isoler la vache au moment de la traite pour ne pas stimuler la sécrétion de lait. « Elle ne doit pas passer en salle de traite. » Deuxième condition, maîtriser l’environnement pour éviter le risque d’infection. En aire paillée, on veillera à pailler deux fois par jour et curer dès que la température de la litière à 10 cm atteint 30-32 °C. Quant aux logettes, elles devront être nettoyées deux fois par jour. Mieux vaut sauter la traite du matin de manière à pouvoir surveiller les animaux plus facilement en journée.
Boucher les trayons
Les obturateurs accélèrent l’involution de la mamelle. « Ils sont fortement recommandés sur les vaches hautes productrices. » Boucher le trayon limite les stimulations d’éjection et de sécrétion. On distingue l’obturateur externe, un gel à appliquer au niveau du sphincter qui reste en place entre 3 et 7 jours. Le plus souvent, un antibiotique est administré en complément, sur avis du vétérinaire. L’obturateur par trempage subsiste également quelques jours. « Il est plus difficile d’utilisation et plus cher. »
L’obturateur interne, très efficace, est une solution médicale sur prescription vétérinaire. Injectée dans le trayon, cette substance inerte, sous forme de pâte à base de bismuth, crée une barrière mécanique empêchant les agents pathogènes de pénétrer dans la mamelle. L’hygiène avant et pendant cette opération est capitale, d’autant plus sans utilisation préalable d’antibiotique. « Attention, selon les modèles, à bien évacuer l’air du tube avant d’introduire la pâte dans le sphincter et veiller à ce que le produit ne remonte pas dans la citerne. » Permanent jusqu’à son retrait, l’obturateur interne a l’avantage par rapport aux deux autres modèles, de protéger la mamelle pendant les phases d’involution et de peripartum, période où l’immunité est en berne.
Utiliser des coupe-lait
Autre option, le coupe-lait. En application externe, des huiles essentielles (sauge, persil) sont pulvérisées sur les quartiers pendant deux à trois jours à chaque traite avant le tarissement. « Bien que les résultats soient concluants, ce n’est pas la solution la plus utilisée du fait de la contrainte d’application. »
Le coupe-lait alimentaire à base d’extraits de plantes sur support de chlorure de sodium et de magnésium s’utilise le jour du tarissement dans un aliment adapté au cornadis ou avec un pistolet drogueur. « Il est efficace rapidement et pratique car administré en une seule fois. »
La dernière piste est une solution homéopathique délivrée sur prescription vétérinaire. Un flacon de granules est déposé sous la langue ou au niveau de la vulve le jour du tarissement. « Mais le prix est souvent rédhibitoire pour les éleveurs. »
Quelle que soit la solution adoptée, mieux vaut la faire valider par le vétérinaire et l’appliquer au cas par cas.
Quel régime alimentaire pour aider l’assèchement de la mamelle ?
Limiter l’abreuvement est déconseillé car trop stressant et à risque sanitaire élevé pour l’animal. Mathilde Chauvat, de Seenovia, recommande de maintenir l’eau dans tous les cas, d’apporter de la paille et des minéraux à volonté et de réduire la ration en valeur comme en quantité tout en gardant un équilibre énergie/azote.
Dès le lendemain du tarissement et jusqu’à trois semaines avant le vêlage, la ration s’établira à 0,8-0,9 UFL, 800 à 900 g PDI/VL/j, 10 % d’amidon et une ingestion cible de 12 kg MS/j. Exemple : 5 kg MS de maïs ensilage, 1,2 à 1,5 kg de correcteur azoté à 42 % de MAT, de la paille à volonté (4 kg d’ingestion minimum) et 100 g de minéraux spécial vache tarie.
« Si régime il y a, il faut qu’il soit le plus court possible, 48 heures maximum en cas de régime strict. » Une diète prolongée entraînera une perte d’état, une diminution des papilles ruminales et une flore microbienne perturbée. « Si le tarissement est bien conduit, la phase de régime n’est pas nécessaire. Cela évite d’avoir à gérer une case supplémentaire de vaches taries. » Si toutefois on l’envisage, elle peut comprendre par exemple 4 kg MS d’ensilage de maïs complété avec 500 g de correcteur pendant une semaine.
Côté éco
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Obturateur externe gel : moins de 1 €/vache
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Obturateur par trempage : 5 €/vache
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Obturateur interne : 8 à 12 €/vache
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Coupe-lait huiles essentielles : 2 €/vache
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Coupe-lait alimentaire : 7 à 10 €/vache
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Traitement homéopathique : 16 à 20 €/vache