Aller au contenu principal

AVEC UNE PRODUCTION EN PLEIN ESSOR
AVEC UNE PRODUCTION EN PLEIN ESSOR - Le marché des produits laitiers bio en pleine mutation

Les prix des produits laitiers bio sont en train de baisser, sous l’effet du changement d’échelle de cette production et de la pression de la distribution. Retour sur une révolution…

LE PRIX MOYEN DU LAIT BIO 2010 se situait
entre 390 et 430 euros pour 1 000 litres
en France et chez nos voisins.
LE PRIX MOYEN DU LAIT BIO 2010 se situait
entre 390 et 430 euros pour 1 000 litres
en France et chez nos voisins.
© Biolait

Le monde de la bio française est en train de changer. À côté des producteurs, transformateurs et distributeurs engagés pour une agriculture respectueuse de certaines valeurs (lien au sol, proximité, tissu social) et qui étaient sur des marchés étroits, on assiste à la montée en puissance d’une agroalimentaire bio destinée au plus grand nombre, avec une grande distribution et une restauration hors foyer qui demandent des volumes, de la régularité, une logistique et qui poussent donc à une structuration différente de la production.

L’évolution du cahier des charges européen a contribué à l’expression de cette bio de masse. La demande est là, et les affichages politiques de soutien à la bio entretiennent cette demande dynamique.


Des programmes de conversion en mode pause

Face à cette évolution, certains professionnels de la bio veulent défendre leurs différences. D’où le lancement de la marque Bio Cohérence. Et la communication de Biocoop sur ses engagements pour une agriculture durable et équitable à travers sa signature « Ensemble pour plus de sens ». Il devrait donc y avoir deux types de production biologique qui cohabiteront demain.

La SAS Biolait, qui collecte et vend le lait de plus de 300 exploitations à de gros industriels et petits opérateurs, ainsi qu’à des filières spécifiques (camembert au lait cru, maroilles, cantal), est en pleine réflexion sur son positionnement. « On demande aux producteurs comment ils perçoivent l’évolution de la bio, et comment ils veulent travailler. Dans tous les cas, ils ne veulent pas que les choix du groupement excluent des producteurs bio. On peut très bien imaginer organiser des tournées spécifiques, Bio Cohérence par exemple, s’il y a une demande de la part de nos clients », explique Christophe Baron, président de Biolait.

La transformation laitière bio est dominée par quelques opérateurs: Lactalis, Eurial, Triballat Noyal, Sodiaal, Danone. Ils développent leur propre collecte, mais achètent encore beaucoup de lait à des groupements de producteurs français, comme Biolait, ou de pays voisins. L’enjeu pour eux est de réduire au maximum les importations de lait. « Proposer un produit bio qui a une empreinte carbone trop élevée n’est pas cohérent », souligne Christophe Baron.


Danone pour un développement durable de la filière bio

Pour Danone (3,5 millions de litres collectés en bio et 15 millions en conversion), l’enjeu est de continuer à développer une collecte propre. « Pour ne pas dépendre d’achats extérieurs, pouvoir tisser des liens forts avec nos producteurs, et développer des programmes spécifiques avec eux, avec un système de prime propre à Danone », expose Fabien Choiseau, responsable des relations producteurs chez Danone France. Daniel Tirat, directeur général de Stonyfield (Les deux vaches), va plus loin. « Nous visons la construction d’une filière, cohérente et pérenne, où tous – du producteur jusqu’au consommateur - trouveront leur compte. On ne veut pas revivre la crise de 2002. »

Concrètement, cela se traduit par un nouveau contrat lait bio. Le prix du lait tiendra compte – à partir de cette campagne - des coûts de production (calculés par l’Institut de l’élevage). Un programme de formation et de conseil (projet Reine Mathilde) accompagne, à partir de cette année en Basse- Normandie, les producteurs, vétérinaires, conseillers, pour développer un environnement propice à la bio.

La collecte nationale de lait bio est en train de croître. Elle n’était encore que de 280 millions de litres en 2010. Une fois toutes les conversions en cours achevées, Biolait estime que la collecte nationale devrait atteindre 450 millions de litres en 2013. «De gros volumes arriveront au niveau national. Il faut voir comment on les valorisera pour pouvoir continuer à développer la production », souligne Christophe Baron. La plupart des gros intervenants font donc une pause dans leurs programmes de conversion. Le niveau du prix du lait conventionnel n’incite de toute façon pas aux conversions.


Les prix des produits bio baissent

Les industriels doivent s’adapter à la baisse des prix. « Les grandes surfaces font des opérations promotionnelles sur les produits bio pour animer le marché. Les MDD se développent, et des laits importés de nos voisins nous concurrencent sur ce créneau. Il y a une pression de la distribution sur les prix », explique Jean-Paul Picquendar, directeur de Sodiaal Sud-Est. Les prix des produits bio devraient encore baisser, selon lui. « Pour rester dans la course, nous devons comprimer nos charges. On a déjà des accords de collecte avec Biolait dans l’Ouest et le Nord, pour réduire les coûts de collecte. Quand les conversions seront abouties, il faudra s’attaquer à l’optimisation industrielle pour réduire les coûts de fabrication », souligne Jean-Paul Picquendar.

Les transformateurs devront aussi réduire le taux de déclassement matière. « Avec la hausse des volumes à traiter, on peut lancer de nouvelles lignes de fabrication, et donc mieux valoriser tout le lait en bio. C’est par exemple le cas pour la matière grasse (coproduit du lait écrémé). Jusqu’à présent, avec de trop faibles volumes, on ne pouvait pas tracer la crème nécessaire à la fabrication du beurre. Maintenant, ce sera possible. Récemment, des demandes en lait bio ont été enregistrées chez Régilait (lait en poudre) et Nutribio (barres énergétiques, snacking…), preuve que le marché s’élargit à de nouveaux univers. On pourra donc valoriser toutes les fractions du lait. Toutefois, on ne pourra pas descendre sous 12 à 15 % de taux de déclassement matière », détaille Jean- Paul Picquendar.

Daniel Tirat, PDG de Stonyfield, ajoute: « Il faut que la démocratisation de la bio se fasse progressivement, et que tout le monde puisse gagner sa vie, pour que le développement de la filière lait bio soit durable. »


Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">salle de traite</em>
Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne

Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière