Avec un robot de traite, les risques se concentrent
Certaines anomalies peuvent avoir davantage de répercussions en traite robotisée qu’en traite traditionnelle. Zoom sur trois points de vigilance auxquels il convient de prêter encore plus attention avec un robot de traite.
Amalgame entre entretien et Opti’Traite
C’est un comble ! En traite robotisée, les risques de mauvais réglages se concentrent sur un unique poste et pour autant le contrôle Opti’Traite est moins réalisé qu’en système de traite classique. « Alors qu’environ 70 % des machines à traire conventionnelles sont contrôlées chaque année, le taux de contrôle annuel des robots peut descendre en dessous de 50 % sur certaines zones », dépeint Jean-Louis Poulet, secrétaire général du Cofit(1).
Un constat à nuancer en fonction des concessions et des marques. « Il y a souvent une confusion entre l’entretien réalisé au moins trois fois par an à titre préventif et le contrôle obligatoire annuel Opti’Traite », analyse Jonathan Sureau, conseiller traite indépendant. Ils ne doivent pourtant pas se substituer l’un à l’autre.
Le contrôle annuel concerne la maintenance : tout est fait pour que le matériel fonctionne et que vous ne tombiez pas en panne, avec des consommables renouvelés.
Opti’Traite est un contrôle indépendant basé sur des normes, encadrées par des référentiels nationaux, qui permet à travers des observations et mesures de vérifier le fonctionnement et repérer d’éventuelles anomalies susceptibles de passer inaperçues.
« Par exemple, les pulsateurs peuvent être très bien entretenus, mais le réglage du ratio succion/massage n’est pas forcément ajusté ou la propreté des tuyaux et des filtres n’est pas forcément vérifiée, illustre Jonathan Sureau. Les tuyaux à lait ont pu être renouvelés, mais si derrière l’admission d’air est bouchée ou au contraire se montre trop importante, cela risque d’entraîner une traite différente sur un quartier avec un stress généré sur l’animal ou un dysfonctionnement de l’installation. »
En outre, les robots méritent d’autant plus d’attention et de suivi qu’ils fonctionnent 24 heures sur 24 et qu’ils relèvent de technologies pointues, de traite de précision, pour lesquelles la moindre dérive peut engendrer des répercussions importantes.
Attention à la bimodalité
Les dernières générations de robot affichent une efficacité de pose très élevée, mais cet avantage peut se révéler un défaut si la pose intervient trop rapidement. Rappelons que pour donner son lait, la vache doit sécréter une hormone, l’ocytocine. Seul un stimulus tactile sur le trayon déclenche cette décharge d’ocytocine. Avec un robot, c’est la préparation des trayons qui concourt à la bonne éjection du lait.
« La préparation améliore la vitesse de traite et limite la survenue de problèmes de cellules et de mammites », résume Jean-Louis Poulet, Idele.
« Entre le moment où une vache est stimulée et le moment où elle délivre son lait, il peut se passer jusqu’à 1 minute 30, expose Jonathan Sureau. Si la vache n’est pas suffisamment stimulée avec un temps de préparation trop court, la vache commence à donner le lait citernal, disponible tout de suite, puis elle s’arrête et recommence 30 secondes plus tard à délivrer le lait alvéolaire (environ 75-80 % du lait produit). On parle alors de bimodalité. »
La bimodalité engendre une surtraite agressive en début de traite lorsque le vide remonte sous le trayon et que le lait ne coule pas. « La préparation n’est pas une perte de temps. Au contraire, non seulement, elle améliore la vitesse de traite, mais en plus, elle limite la survenue de problèmes de cellules et de mammites en évitant la surtraite en début de traite », résume Jean-Louis Poulet.
Vigilance accrue quant aux produits utilisés
En traite robotisée, le recours aux produits de désinfection est généralement plus important. D’où une attention accrue à utiliser « des produits qualifiés, reconnus et surtout à respecter les recommandations des fabricants », poursuit l’expert. « Les produits ne présentent pas tous les mêmes propriétés, ne s’utilisent pas aux mêmes concentrations et ne s’avèrent donc pas forcément interchangeables, au risque de pénaliser la santé mammaire ou de détériorer prématurément le matériel », renchérit Jonathan Sureau qui conseille de bien lire les compositions et conditions d’usage.
Le respect du dosage apparaît primordial. « Les désinfectants, comme les produits de nettoyage, sont des produits agressifs. Si le dosage préconisé est de 5 % pour être efficaces, ce n’est pas la peine d’en mettre 10 %, sinon vous risquez d’agresser le trayon », insiste Jean-Louis Poulet. Attention aussi au temps de contact, qui lui non plus n’est pas toujours respecté.
Dernier point : vérifiez les dates de péremption des produits. « En robot, vu les volumes utilisés, il y a parfois pas mal de stock », conclut Jonathan Sureau.