Prospective
Après 2014, mort probable des quotas laitiers
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Dans l´Union européenne à 25, la majorité des États membres est contre le maintien des quotas, a affirmé Jean-Pierre Carlier d´Atla le 12 octobre dernier. Les discussions autour de la révision de l´OCM lait ont commencé et vont s´accélérer en 2007.
« Il faudra attendre la fin de l´année pour savoir s´il y aura un accord à l´OMC en 2007 ou en 2009, a affirmé Jean-Pierre Carlier, spécialiste de l´Union européenne à l´Atla (Association de la transformation laitière) lors d´une intervention le 12 octobre dernier à l´École nationale supérieure d´agronomie de Montpellier. « Le contenu ne pourra être que très proche de ce qui était sur la table le 23 juillet dernier : les négociations repartiront notamment de la dernière offre faite pour l´Union européenne par Mendelson au niveau de l´ouverture des marchés. Elle reprenait l´essentiel de la proposition du G20(1) et ouvrait donc largement nos marchés de produits laitiers en particulier celui du beurre ». Un accord rendrait définitif aussi l´engagement pris à Hong Kong de supprimer les restitutions au 1er janvier 2014. Au plus tôt, dans l´hypothèse où un accord était signé en 2007, sa mise en oeuvre se ferait de 2008-09 à 2013-14.
En 2012, selon Jean-Pierre Carlier d´Atla, il est probable qu´il y aura en France autour de 60 000 élevages. ©S. Roupnel |
Echéance au plus tard début 2008
Autre rendez-vous important pour le secteur laitier, quelles que soient les décisions à l´OMC : la clause de révision de l´OCM lait(2) prévue en 2008. « La préparation de l´échéance 2008 est commencée et va s´accélérer en 2007, avec en plus le projet d´une OCM unique pour toutes les productions, a-t-il souligné. Le système des quotas laitiers est remis en cause car plusieurs pays (Pays-Bas, Danemark, Italie, Royaume-Uni) prônent leur disparition au plus tard en 2015, et dans l´Union européenne à 25, la majorité (pays nordiques, Peco, Italie et Espagne) est contre le maintien des quotas. Le rapport de la Commission prendra également en compte la volonté de l´Europe laitière nordique d´augmenter ses volumes de transformation, d´importation et d´exportation en jouant les atouts de sa compétitivité. Ainsi que le choix politico-économique très libéral des nouveaux États membres et le probable « big-bang » (NDLR la complète déstabilisation des marchés laitiers) de la négociation OMC. »
D´après Jean-Pierre Carlier, plusieurs propositions alternatives d´évolution de l´OCM lait pour la période 2009/2013 pourraient être proposées au Conseil européen par la Commission au plus tard début 2008 :
- Première alternative : une nouvelle baisse du prix d´intervention du beurre de 20 à 25 % (non compensée par l´aide directe laitière ), associée à plus de flexibilité dans la gestion des quotas.
- Deuxième alternative : selon les perspectives de marchés, une diminution de la production/quotas aux alentours de 5 % avec un échange marchand de quotas entre producteurs de différentes régions et pays.
- Troisième alternative : selon le résultat de la négociation OMC, une OCM lait peu modifiée avec plus de flexibilité dans la gestion des quotas.
Suppression du soutien des marchés
Pour l´après 2014, la réflexion de la Commission apparaît déjà à Jean-Pierre Carlier très orientée, avec deux orientations majeures qui se dégagent. « Les produits laitiers ne bénéficieront plus de mesures de gestion des marchés (intervention, restitution, aides à la consommation intérieure) comme toutes les « grandes productions ». Et la suppression du système des quotas laitiers, annoncée avec nuance et diplomatie par la commissaire européenne de l´Agriculture Mariann Fischer Boël dans un discours du 26 juin 2006, a été confirmée fin septembre de manière officieuse lors du dernier Sommet informel qui s´est déroulé en Finlande. »
Pour ce qui est de l´évolution du nombre de producteurs dans les prochaines années, Jean-Pierre Carlier estime tout à fait réaliste, d´après les différents travaux existants (Onilait) « une fourchette de 75 000 à 61 000 élevages en 2012 ». Le scénario de 61 000 élevages lui paraît « le plus probable » ; il conduirait à des exploitations proches de 400 000 kg de référence en moyenne.
A l´horizon 2018, il table sur « l´hypothèse de 45 000 exploitations laitières avec une référence moyenne d´au moins 600 000 kg (à comparer aux 1 450 000 kg annoncés au Danemark en 2015) ». « La libéralisation des marchés va mettre en relief les avantages comparatifs des différentes régions agricoles européennes, » a-t-il conclu.
(1) Groupe des pays émergents : Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud.
(2) Organisation commune de marché.