« On a amélioré le bien-être des vaches et elles nous le rendent bien »
Le Gaec Charretier, dans le Rhône a investi dans le confort de couchage et a trouvé des solutions « maison » contre le stress thermique. À la clé, les 70 hautes productrices sont en meilleure forme et produisent plus de lait et de taux.
Le Gaec Charretier, dans le Rhône a investi dans le confort de couchage et a trouvé des solutions « maison » contre le stress thermique. À la clé, les 70 hautes productrices sont en meilleure forme et produisent plus de lait et de taux.


« On plafonnait en lait depuis plusieurs années sans parvenir à améliorer la productivité par vache », raconte Jean-Pierre Charretier, associé avec son fils Mathias à Duerne, petit village à 800 mètres d’altitude dans les monts du Lyonnais. L’exploitation produit 660 000 litres de lait sur 82 hectares, et les 70 Prim’Holstein à plus de 10 000 kilos sont conduites en zéro pâturage, avec une même ration semi-complète toute l’année. « Pour optimiser nos résultats techniques, il nous a d’abord fallu comprendre ce qui se révélait limitant dans nos conditions d’élevage, poursuit Mathias. C’est pour ça que l’on a pris le temps, avec notre conseiller, de faire un véritable audit du bien-être du troupeau, basé sur l’observation des animaux. » Et pour savoir comment les animaux se comportent, rien de mieux que de les filmer… pendant 24 heures. Concrètement une caméra timelapse a été installée dans la stabulation ; elle capture des images à intervalles réguliers et un logiciel restitue ensuite en temps raccourci le film de la vie du troupeau. « Ce décryptage de la journée des vaches a mis le doigt sur des choses évidentes mais dont on ne se rendait pas compte au quotidien ! À la caméra, c’est flagrant, on voit tout de suite là où ça pêche. »
Observer pour mieux comprendre les conditions d’élevage

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Réduire le temps debout au profit du couchage

Cette hypothèse a été confirmée dans un second temps par l’analyse du cycle de vie des animaux filmés en été 2019. « En moyenne sur 24 heures, seulement 50 % des vaches étaient couchées, 15 % des vaches vaquaient dans la stabulation sans occupation et 10 % restaient perchées dans les logettes. » En hiver, le cycle était différent : il y avait moins de vaches oisives et plus d’animaux aux cornadis, mais il restait encore 7 % de vaches perchées. « Les images visionnées à la caméra ont suscité un déclic, soulignent les éleveurs. Cela nous a décidés à remplacer les vieilles logettes et à investir dans des matelas en février dernier. » Les effets ne se sont pas fait attendre. Depuis, la moyenne sur douze mois a progressé de 700 kg pour atteindre aujourd’hui 10 400 kg pour un même mois moyen de lactation. « En l’espace de 3 à 4 mois, on a vu les tarsites diminuer et les poils repousser sur les membres. On espère que la qualité des aplombs va s'améliorer mais c'est encore tôt pour en juger. » Par ailleurs, la dizaine de vaches qui se couchaient en travers des logettes ne le font plus.
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Beaucoup moins d’impact du stress thermique cet été
En parallèle, les éleveurs ont aussi mené une réflexion pour mieux gérer le stress thermique. À moindre coût, ils ont amélioré la ventilation par des trappes « maison », rajouté des points d’eau, installé un rideau coulissant côté sud, créé de l’ombrage et une zone de rafraîchissement… Tout cela contribue également à améliorer l’ambiance du bâtiment et le comportement des vaches. Elles se couchent davantage. « Cet été, on a vu une nette différence, se félicitent-ils. Auparavant, il faisait plus chaud à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette année, il faisait entre 4 et 5 °C de moins dans le bâtiment que dehors à l’ombre. » D’ailleurs, c’est le premier été où il n’a pas été nécessaire d’ajouter de l’acide propionique pour éviter que la ration ne chauffe. « Contrairement à l’été précédent où on avait perdu 3 l/VL/j en juillet-août par rapport à juin, le lait s’est maintenu. Et le TP aussi a bien tenu le coup. On a tourné à 33 g/l en moyenne, contre 31,8 l’été dernier. » (NDLR : à mois moyens de lactation équivalents)Seul bémol, la ventilation par les trappes assèche les couloirs et les bouses séchées créent une croûte glissante. « Avec nos bétons usés, ça ne pardonne pas… On a perdu deux vaches », regrettent les éleveurs, qui ont d’ores et déjà bloqué une date pour faire scarifier leur béton.
La caméra, révélatrice du comportement des vaches
ÉTÉ 2019 - AVANT L’AMÉLIORATION DU CONFORT
- Le soleil chauffe la ration. Aucune vache ne mange. Seulement 40 % des vaches sont couchées. Pas étonnant qu’il y ait des problèmes d’aplombs : on dénombre 15 % de vaches perchées dans des logettes et 30 % de vaches sans occupation (ni couchées, ni en train de boire ou manger, ni en déplacement). Plus de vaches oisives, c’est moins de temps de repos et moins d’ingestion.
ÉTÉ 2020 - APRÈS L’AMÉLIORATION DU CONFORT

- Quelle que soit l’heure, il y a toujours 60 % de vaches couchées. Par contre, le fond du bâtiment à droite, chaud et peu ventilé, reste encore mal fréquenté. Les éleveurs veulent y installer des trappes de ventilation comme ils l’ont fait dans la première partie du bâtiment.
- Un bémol : il y a encore 12 % de vaches perchées ; il faudrait mettre plus que 2 kg de paille par jour. C'est essentiel même avec les matelas pour une note de confort des logettes optimale.
Côté éco
4 600 € : 42 logettes non montées
15 000 € : 97 matelas à logettes
1 300 € : isolation toiture
1 500 € : 5 trappes