Aller au contenu principal

Aléas climatiques: la pérennité de l'assurance prairie est menacée

La compétition entre l’assurance et le dispositif Calamités agricoles menace la pérennité de l’assurance prairie. Des discussions sont en cours pour mieux articuler les deux dispositifs.

«Une articulation harmonieuse est nécessaire entre dispositifs publics et privés afin qu’ils ne s’excluent pas mutuellement mais qu’au contraire ils incitent à une meilleure couverture des risques» estime Bruno Lepoivre (Pacifica).
© V.Bargain

Selon Groupama, moins de 2% des prairies en France sont assurées, un peu plus dans la partie Est de la France. En 2019, année très sèche, la moitié des assurés ont été indemnisés pour des pertes pouvant atteindre 75%. Chez Pacifica, 60% des assurés ont reçu une indemnité en 2019. 6,8 M€ ont été versés à 1012 éleveurs, soit une indemnité moyenne de 6719 € pour une cotisation nette de 1126 €. Les assurés éligibles ont reçu l’indemnité avant le 6 décembre. «Techniquement, le système fonctionne et économiquement le contrat d’assurance remplit sa fonction, assure Bruno Lepoivre, directeur adjoint du Marché de l’agriculture et de la Prévention de Pacifica, filiale assurances dommages de Crédit Agricole Assurances. Mais trois dysfonctionnements qui se cumulent mettent en péril le développement voire la pérennité de l’assurance prairie.»

 

 
«Une articulation harmonieuse est nécessaire entre dispositifs publics et privés afin qu’ils ne s’excluent pas mutuellement mais qu’au contraire ils incitent à une meilleure couverture des risques» estime Bruno Lepoivre. © V. Bargain
«Une articulation harmonieuse est nécessaire entre dispositifs publics et privés afin qu’ils ne s’excluent pas mutuellement mais qu’au contraire ils incitent à une meilleure couverture des risques» estime Bruno Lepoivre. © V. Bargain

 

Trois dysfonctionnements qui se cumulent

La principale limite est que les assurés sont exclus du dispositif Calamités agricoles. S’y ajoute des méthodes d’évaluation de la pousse de l’herbe différentes, indice satellitaire pour l’assurance prairie et dire d’expert couplé à un modèle agro-météo pour les Calamités agricoles. Enfin, la référence historique diffère, avec une moyenne olympique sur 5 ans d’une part et une référence fixe pour les Calamités agricoles. «Plusieurs années de sécheresse successives font baisser la valeur de référence et ont conduit en 2019 à des indemnisations de l’assurance prairie plus faibles qu’en 2018, alors que l’indice de production est inférieur, analyse Bruno Lepoivre. De son côté, la référence des Calamités agricoles, fixe, n’est pas impactée par cette évolution.»

Refonte en cours du dispositif national

Ces méthodes et références différentes entraînent des évaluations des pertes différentes dans les deux dispositifs. Sur une même commune, on peut ainsi trouver des éleveurs assurés, et donc exclus des Calamités agricoles, mais dont les pertes ne donnent pas droit à indemnisation par l’assurance, et des éleveurs non assurés mais qui sont indemnisés par les Calamités agricoles. «Les souscripteurs d’une assurance prairie ont un sentiment d’inéquité» souligne Delphine Létendart, directrice du marché agricole chez Groupama.

Depuis 2019, les Pouvoirs publics ont donc initié une refonte du dispositif national de gestion des risques en agriculture. «Les discussions sont en cours, mais les propositions de la profession visent à une meilleure articulation entre les dispositifs privés et public, indique Bruno Lepoivre. L’adoption des mêmes méthodes de calculs et références pourrait permettre d’équilibrer les deux dispositifs, les Calamités agricoles pouvant être réservées aux évènements extrêmes et l’assurance aux événements plus fréquents. Utiliser une moyenne des rendements sur 8 ans comme valeur de référence pourrait aussi être pertinente.» La refonte du dispositif national de gestion des risques en agriculture, qui devait être annoncée en 2020, a finalement été reportée. Dans l’attente, Pacifica ne propose plus l’assurance prairie à de nouveaux souscripteurs.


 

Les plus lus

Éleveur de montbéliardes dans le Rhône pâturage de stock sur pied.
« Nous faisons pâturer nos taries et génisses dans un mètre d'herbe avec le report sur pied dans les Monts du Lyonnais »

Dans les Monts du Lyonnais, à l’est de Lyon, Lionel Morel et Clément Rivoire font pâturer les génisses et les taries dans un…

salle de traite centrale dans aire d'attente ni mur
Bâtiment d’élevage : « Sans aire d’attente, nous trayons 100 vaches à l’heure »
Pour leur nouvelle stabulation d’élevage, les trois associés du Gaec du Lagot, en Bretagne, ont installé une salle de traite…
passage d'un rouleau de type cultipacker
Cinq questions à se poser pour réussir ses semis de prairie

Face aux risques d'échec des semis de prairie, Arvalis, les chambres d’agriculture et l’AFPF font le point sur les…

Dégâts de campagnols terrestres dans une prairie dans le Cantal. Ravageurs de cultures. ravageur. rongeur.
PAC et prairies sensibles : des possibilités de retournement élargies
Cet été, le gouvernement a envoyé à Bruxelles ses propositions d’assouplissement de la conditionnalité encadrant les prairies…
FCO 3 : près de 2 000 foyers recensés mi-septembre

A date de jeudi 12 septembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 1 929 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

semoir semis de prairie
Semez-vous vos prairies à la volée ou en ligne ?

Le semis des prairies à la volée permet une bonne dispersion des graines sur toute la surface. Il peut se réaliser de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière