Coproduits : gare aux butyriques !
Le suivi d’une centaine de silos de coproduits pendant un an et demi sur le Grand Est révèle une bonne conservation globale, avec un point noir toutefois sur les butyriques. Les valeurs alimentaires s’affichent en baisse par rapport aux tables Inrae, surtout pour les drêches de brasserie.
Le suivi d’une centaine de silos de coproduits pendant un an et demi sur le Grand Est révèle une bonne conservation globale, avec un point noir toutefois sur les butyriques. Les valeurs alimentaires s’affichent en baisse par rapport aux tables Inrae, surtout pour les drêches de brasserie.
« Globalement, les coproduits que nous avons suivis à travers une centaine de silos répartis sur le Grand Est(1) sont bien conservés et ne montrent pas de détérioration au cours de leur stockage, rapporte Alice Berchoux d’idele. Ils restent appétents et de bonne valeur alimentaire. »
Hors drêches de brasserie, la conservation est bonne dans 97% des silos avec un pH inférieur à 4,2, seuil jugé nécessaire à une bonne acidification du silo et un moindre développement des levures et spores butyriques. Une proportion non négligeable des silos de drêches affichent des pH plus élevés, avec un effet tampon de l’azote et moins de sucres disponibles pour les bactéries lactiques.
Vigilance sur les spores butyriques
L’une des mauvaises surprises révélées par l’étude tient à la forte proportion des silos de coproduits plombés en spores butyriques. « Pas moins de 47 % des échantillons sont classés mauvais à très mauvais, en particulier ceux de pulpes de betteraves », relève Alice Berchoux.
« La présence de terre peut expliquer ce résultat mais quid de la contamination du corn gluten et des drêches de brasserie, s’interroge Jérôme Larcelet de Seenorest. Il convient néanmoins de relativiser ce constat au regard des quantités de coproduits intégrés à la ration. Avec le corn gluten et les drêches, il n’y aura pas d’effet délétère à moins que les fourrages utilisés soient eux-aussi un peu limites. »
L’étude n’a pas révélé de corrélation nette entre les teneurs en spores et les pratiques des élevages. Qu’il s’agisse de la présence de conservateurs, de bâches le long des murs, de vitesse d‘avancement, d’aspect du front d’attaque… « C’est pourtant bel et bien un ensemble de bonnes pratiques tout au long de la chaîne qui peut limiter les contaminations », rappelle Alice Berchoux en précisant que les pratiques d’hygiène de traite ont fortement limité la contamination en spores butyriques du lait chez les exploitations suivies.
Surévaluation de la valeur des drêches
La valeur alimentaire des coproduits a également été passée au crible. Sur le taux de matière sèche, la variabilité inter-usines approche les 8% pour les pulpes surpressées et les drêches de brasserie. « Par rapport aux tables Inrae (2007), elles affichent 5 % supplémentaires, respectivement à 27,7% MS pour les pulpes et 29,1% MS pour les drêches, et +1,5 %MS pour le corn gluten feed (43,5 % MS). »
Cela s’explique par l’évolution des process au sein des industries agroalimentaires, qui impacte aussi la teneur en matière azotée totale. S’il y a relativement peu de changement pour les pulpes et le corn gluten feed, la MAT des drêches perd 4 points, quelle que soit la provenance.
« D’une valeur MAT de 26 % dans les tables Inrae, les drêches de brasserie tombent à 22 % de MAT en moyenne dans l’étude. Et leur teneur en amidon ne dépasse pas 40 g/kg MS contre 70 g/kg MS dans les tables, pointe Alice Berchoux. Considérées comme un correcteur azoté, les drêches s’apparentent aujourd’hui davantage à un aliment équilibré. » Les UFL décollent aussi avec une moyenne à 0,83 contre 0,91 dans les tables, avec des valeurs comprises entre 0,70 à 1 UFL.
Quant aux mélanges de coproduits réalisées par des prestataires extérieurs, les valeurs apparaissent cohérentes par rapport aux valeurs théoriques annoncées par les fournisseurs en termes de MS et MAT. « La MAT a quand même tendance à se situer plutôt dans la limite basse de la fourchette pour les formules ouvertes. On note aussi une forte variabilité sur la teneur en cellulose et en amidon, pour lesquelles il n’y a pas d’obligation réglementaire », conclut Alice Berchoux, en recommandant fortement de faire une analyse systématique des coproduits utilisés.
Un an et demi de suivi de 103 silos
Le suivi a porté sur 103 silos répartis sur 25 exploitations et a concerné aussi bien des coproduits uniques humides, des coproduits uniques secs que des mélanges complets de coproduits humides. Les coproduits stockés moins de 2 mois ont bénéficié d’une analyse de valeur alimentaire par camion ainsi que 3 à 4 analyses de conservation et silos scan(1) par an, répartis sur l’hiver et l’été (à minima une hiver et deux l’été). Pour les coproduits stockés de 2 à 5 mois : 3 analyses de valeur alimentaire et silo scan, et 2 analyses de conservation (répétées deux fois si deux livraisons dans l’année). Les coproduits stockés plus de 5 mois ont totalisé 4 analyses alimentaires, silos scan et analyses de conservation.