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Protéine d'insectes - Ÿnsect vise l’alimentation des porcs et volailles

A l’occasion de sa venue au Salon international de l’agriculture, l’entreprise de production d’ingrédients à base d’insectes nous a présenté ses projets de développement et expérimentations en cours.

Stand d'Ÿnsect au Salon international de l'agriculture de 2023.
© Karine Floquet

C’est la deuxième année qu’Ÿnsect participe au Salon international de l’agriculture (SIA), qui s’est déroulé du 25 février au 5 mars à Paris Expo Porte de Versailles. Présente sur l’espace de la Ferme Digitale, association qui a pour objectif de promouvoir l'innovation et le numérique pour une agriculture performante, durable et citoyenne, l’entreprise de production d’ingrédients à base d’insectes, est venu à la rencontre du grand public pour lui faire déguster des produits fabriqués à base de protéine et/ou d’huile issus de la transformation du ver de farine, qui n’est autre que la larve du coléoptère Ténébrion meunier (Tenebrio molitor) et lui présenter le coproduit de son process, le frass, correspondant au fumier des scarabées et utilisé comme engrais organique.

Pour Ÿnsect, il s’agit de « promouvoir l’idée originale de la production d’insectes pour révolutionner toute la chaîne alimentaire, depuis l’utilisation du frass pour nourrir les plantes, jusqu’à la consommation humaine d’ingrédients à base d’insectes, en passant par la nutrition animale ». Et Anaïs Maury, directrice de la communication et des affaires publiques d’Ÿnsect, de compléter : « Nous sommes des éleveurs d’un nouveau type, qui avons de fait toute notre place au SIA ! »

Mise en route de la ferme verticale d’Amiens

L’actualité de l’entreprise concerne la mise en route de sa première ferme verticale. Installée à Amiens et baptisée Ÿnfarm, l’usine est entrée en activité en fin d’année 2022. Unique au monde, ce complexe de 45 000 m² et de 36 mètres de haut, dédié à l’élevage de scarabées, comprend une unité de transformation alimentaire entièrement automatisée. Pour l’heure, les premiers insectes, arrivés sur le site en décembre, se reproduisent pour peupler les différents ateliers d’élevage. « Les premiers produits devraient arrivés sur le marché en juillet-août avec, dans un premier temps, le frass et, dans la foulée, la protéine et l’huile », précise Anaïs Maury.

 

Le frass d’Ÿnsect est distribué, en B to B, par son partenaire Compo, sous sa marque Algoflash. Les ingrédients à base d’insectes qui sortent du site d’Amiens sont exclusivement destinés à l’alimentation animale, à savoir l’aquaculture et le petfood en France et à l’international. « La capacité de production de la ferme est de 200 000 t de produits, dont un tiers d’ingrédients à destination de la nutrition animale et deux tiers de frass à destination des agriculteurs », souligne Anaïs Maury.

 

« Nous avons signé avec nos clients 250 M$ de contrats sur l’usine d’Amiens, qui assurent son activité pour les deux à trois prochaines années », confie la responsable d’Ÿnsect.

Expérimentation de la protéine d’insectes sur les non ruminants

Si l’utilisation de la protéine d’insectes chez les non ruminants est autorisée dans l’Union européenne depuis la fin de l’année 2021, les professionnels de la nutrition animale ne se pressent pas pour l’introduire dans leurs formulations. Les raisons ? Le manque de données concernant son efficacité sur les porcs et volailles, et son prix élevé face aux autres sources protéiques disponibles sur le marché.

« Notre farine d’insectes est testée en France chez nos partenaires, que sont les fabricants d’aliment pour animaux et les éleveurs. Il s’agit de déterminer dans quelles conditions (en termes de stade de croissance et de quantité à incorporer) on peut substituer une partie du tourteau de soja dans l’alimentation des porcs et des volailles, et pour quels bénéfices sur la santé des animaux », explique Anaïs Maury. De premiers résultats ont permis de mettre en évidence une densification du blanc de poulet par l’utilisation de la protéine d’insectes en lieu et place du tourteau de soja. Dans ce contexte, la responsable de la communication d’Ÿnsect espère « une introduction de la protéine d’insectes dans les aliments pour non ruminants d’ici un an ».

 

En termes de compétitivité prix, la protéine d’insectes est plus difficile à incorporer dans les aliments pour les animaux d’élevage qu’en aquaculture ou en petfood. Dans le premier cas, elle concurrence la farine de poisson, dont le cours se rapproche de celui de la farine d’insecte, avec des résultats sur la croissance remarquable des poissons : « +70 % de rendement avec -40 % de mortalité », selon Anaïs Maury. Dans le second cas, elle est plus facilement valorisable au vu des prix des produits finis que sont les croquettes et autres pâtés pour chiens et chats. « De fait, la farine d’insectes en alimentation avicole et porcine restera, dans un premier temps, un complément du tourteau de soja… en attendant que son prix baisse ! Et pour ce faire, nous devons multiplier les usines en France et dans le monde », confie la responsable d’Ÿnsect.

Une douzaine de projets d’usine à l’étude

Ce sont 12 à 13 projets d’usine qui sont actuellement à l’étude à l’échelle internationale, dont certains potentiellement en France.

« Si la ferme verticale d’Amiens a été montée sans aide extérieure, les prochaines installations seront construites avec des partenaires agricoles, qui pourraient par exemple valoriser leur coproduit, comme le son de blé qui sert de nourriture aux scarabées et à leurs larves, tout en effectuant un apport financier », détaille Anaïs Maury. Cette stratégie a déjà été appliquée par Ÿnsect aux Etats-Unis avec Ardent Mills et au Mexique avec Corporativo Kosmos, par la signature en décembre 2022 de protocoles d’accord pour construire des unités industrielles. « Et d’autres projets de partenariat vont très bientôt être annoncés », confie la responsable d’Ÿnsect.

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