Une récolte de blé tendre très qualitative à défaut de volumes
Les opérateurs de la filière du commerce des grains sont dans l’ensemble satisfaits du cru 2006 qui, malgré des rendements en recul, présente une qualité exceptionnelle.
QUALITATIVE. À superficie comparable (9.115 contre 9.166 milliers d’hectares l’an passé), la récolte 2006 de blé tendre français marque un recul d’au moins 4 % par rapport à l’an passé (évolution parallèle à la collecte de céréales estimée en 2006) si l’on se réfère aux dernières statistiques d’Agreste. Principal responsable de ce recul, un climat de fortes chaleurs et de sécheresse peu favorable aux rendements, selon les opérateurs de la filière du commerce des grains. Mais tous le reconnaissent, malgré des volumes souvent décevants, la qualité est au rendez-vous avec une forte proportion de blés meuniers. Alors que les récoltes semblent bien achevées sur l’ensemble du territoire à l’exception de quelques parcelles, les départements du nord de la France accusent un sérieux retard. Un bon tiers de la collecte de blé tendre est toujours dehors. Cette situation inquiète à juste titre les opérateurs locaux qui redoutent une baisse de la qualité, conséquente à cette attente.
Volumes décevants mais unanimité sur la bonne qualité de la récolte 2006
Après avoir été estimée à plus de 34 Mt, 33,6 Mt il y a un mois, la récolte de blé tendre semble finalement s’établir autour de 33 Mt, certains opérateurs tablant déjà sur 32,5 Mt. Toutefois, dans l’attente des chiffres finaux, quelques espoirs sont permis. Mais ceux qui comptaient sur les récoltes du nord de la France, a priori bien parties pour relever la moyenne, ne seront pas exaucés. En effet, selon l’administrateur d’une importante coopérative, il resterait encore 35 % des blés à récolter. « Il faudrait disposer de trois jours de beau temps et de trois jours de coupes », insiste ce dernier, relevant que peu d’espoirs étaient permis d’ici la semaine prochaine aux vues des prévisions météorologiques. Et plus que la perte de rendement induite par les températures, on redoute une mise à mal de la qualité sur ces derniers lots à moissonner. Car si ceux qui ont été stockés présentent « une très bonne qualité », selon ce même coopérateur, « on s’attend à voir baisser sérieusement les PS qui vont se rapprocher de 72 kg/hl, voire moins ». Et bien entendu même si certains opérateurs se refusent à en parler, les craintes de voir apparaître des blés germés se font de plus en plus sentir, avec ces pluies incessantes qui empêchent de finaliser les travaux de récolte. « Avec un bon séchage et en tablant sur des PS compris entre 71 et 73, ça devrait aller », relève un autre opérateur plus optimiste, comptant sur les débouchés de l’alimentation animale.
Partout ailleurs, les qualités sont très bonnes. Que ce soit le taux de protéines proche de 12 % dans de nombreuses régions, le temps de chute de Hagberg, le PS compris entre 76 et 78 kg/hl sur tout le territoire, des taux d’humidité faibles et des valeurs de P/L correctes. Les valeurs boulangères des blés devraient suivre le même mouvement mais il reste encore de nombreux tests à effectuer. Finalement la question est l’homogénéité de cette qualité sur l’ensemble des lots.
Autre interrogation : quelle sera l’influence des caractéristiques de cette récolte de blé tendre 2006 sur les prix à venir ? Pour certains, les problèmes rencontrés par nos voisins européens pour finaliser leur récoltes devraient favoriser nos productions sur le territoire communautaire, comme c’est déjà le cas actuellement. À plus long terme, les mauvaises conditions météo qui persistent en Australie conduisent des opérateurs à parier sur un rapprochement du cours mondial et des prix européens. À suivre…