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Luzerne déshydratée
Une filière en quête de stratégies

Après deux ans difficiles, les efforts en matière de recherche appliquée devraient ouvrir de bonnes perspectives pour les producteurs

LA DERNIÈRE CAMPAGNE 2005/2006, mais également la récolte 2006 qui s’est achevée à la fin octobre ont été médiocres pour les luzerniers. C’est le bilan qu’ont dressé Éric Guillemot et Manuel Balesdent, respectivement directeur général du Syndicat national des déshydrateurs de France (SNDF) et directeur général de France Luzerne Ucad, suite à l’assemblée générale du SNDF le 8 novembre dernier. S’agissant de cette campagne, la production française primée a atteint 1.157.000 t de fourrages déshydratés, soit près de 300.000 t en dessous du niveau de la quantité nationale garantie. À l’échelle européenne, la production a atteint un peu plus de 4.168.000 t, soit une baisse de 14,7 % comparée au tonnage de la précédente campagne, selon les statistiques de l’Union européenne. Plus largement, la filière a dû essuyer deux années difficiles. La forte production fourragère couplée à une demande mesurée après l’année de la canicule (2003) ont largement contribué à alimenter des stocks de luzerne déshydratée d’une part, et ont pesé sur les cours. En parallèle, la hausse du prix de l’énergie a entraîné davantage de charges pour les entreprises de déshydratation.

Des enjeux stratégiques à surmonter

La récolte 2006 qui vient de s’achever s’inscrit également dans la première année d’application de la réforme de la Pac, ce qui n’est pas sans conséquence. Il est à craindre, en effet, que le choix du découplage total de l’aide réservée aux agriculteurs oriente leur choix « tout en créant un différentiel de marge brute chez les producteurs qui feraient le choix de continuer à planter de la luzerne », a rappelé Eric Guillemot. L’enjeux est donc de taille pour les déshydrateurs français, car l’application de cette réforme pourrait détourner les planteurs de luzerne « artificiellement » vers la culture céréalière, entraînant par là-même de graves pertes économiques pour les usines. Or, fait paradoxal à l’heure où les aspects environnementaux priment, la luzerne présente de nombreux intérêts tant agronomiques (minimum d’intrants, restitution d’azote minéral dans le sol) que nutritionnels (légumineuse fourragère qui produit le plus de protéines végétales à l’hectare). D’où l’enjeux de satisfaire les éleveurs, qui se doit de passer par une segmentation du marché, avec des produits adaptés, afin d’apporter la meilleure valeur ajoutée possible à la matière première. Il est donc essentiel que les déshydrateurs poursuivent ce travail, en reconsidérant les rôles et les débouchés de cette plante. Ces derniers pourraient intéresser également les agences de l’eau (épuration des sols sur les zones de captage, d’où des économies de traitement de l’eau), au même titre que les collectivités locales et régionales, que l’enjeu économique des entreprises de déshydratation sur leur territoire ne doit pas laisser indifférentes.

D’autres aspects demandent à être réglés, comme le problème de l’utilisation – pour l’instant incontournable – d’énergie fossile pour les opérations de déshydratation. Là aussi des solutions se présentent, mais le tout est de savoir à quel coût, ce qui demande pour les entreprises une certaine confiance et visibilité en l’avenir. Ces considérations font déjà l’objet d’un programme de recherche, financé par le ministère de l’Agriculture sur deux ans. Il vise en partie à trouver des solutions pour réduire l’utilisation des combustibles fossiles par différentes sources de biomasse. Ce programme s’articule par ailleurs autour des autres principaux axes de réflexion du SNDF (agronomie, techniques industrielles, qualité, alimentation animale, valorisation des résultats).

Vers de meilleures perspectives en 2007

« C’est fini, les mauvaises années sont derrière nous », a estimé pour sa part Manuel Balesdent. Les premières estimations de la campagne 2006/2007 en cours indiquent certes un niveau de production français de l’ordre de 1.050.000 t, soit 405.000 t en dessous du niveau de notre quantité nationale garantie. Sur une année, la baisse est évaluée à environ 107.000 t, s’expliquant en partie par l’arrêt de trois unités de production en début d’année. Cependant, le début de la campagne est caractérisé par une baisse significative des stocks, dans un contexte de consommation bien orientée. En parallèle, les cours de la luzerne déshydratée ont renchéri depuis l’été, sous l’effet de la hausse générale des prix des céréales et des oléoprotéagineux. Une analyse supplémentaire montre que les produits de consommation que lancent les luzerniers apportent de 15 à 20 € de recette supplémentaire à la tonne. Il reste à communiquer cette information aux planteurs de luzerne...

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