DE LOURDS STOCKS de semences restent sur le marché. C’est le bilan tiré par Philippe Deschamps, courtier en semences à l’international, lors de la réunion de l’International Seeds Federation (ISF), qui s’est déroulée du 25 au 27 Mai à Antalya, en Turquie. La morosité économique de l’agriculture américaine pèse en effet sur le marché des semences avec des surfaces emblavées en contraction.
Le marché américain guide la tendance de l’économie agricole mondiale
Outre le fait de rappeler les règles et usages du commerce de semences, l’ISF permet, en fin de campagne, « de passer une bonne partie des affaires » aux dires de Philippe Deschamps. Mais cette année, « seuls 30 à 40 % des contrats ont été passés, alors que l’événement permet habituellement de traiter l’équivalent de 2 à 3 mois de courtage » au grand dam des professionnels. Les stocks de semence sont très importants, notamment aux Etats-Unis, où la crise économique a modéré la demande. « La crise immobilière des subprimes a impacté les ventes de gazons aux Etats-Unis, laissant un marché orphelin de ses clients habituels, rapporte le courtier. De plus, certaines fermes américaines ont fait faillite et laissent de gros stocks de graines fourragères et de semences de céréales sur le marché. »
Habituellement les surfaces emblavées sont au cœur des discussions, mais cette année les méventes laissent les opérateurs sur leur faim. En effet, selon Benjamin Louvet, gérant du fonds Prim’Kappa Agri, « un recul des surfaces plantées de 2 % au niveau mondial est attendu au printemps, ainsi qu’une chute de la production de 5 à 6 % dans une hypothèse optimiste, c'est-à-dire sans incident climatique. » Et d’ajouter : « Aux Etats-Unis, les semis de printemps de maïs ont chuté de 1,18 % et ceux de blé de 7 %. » Cette baisse d’utilisation des semences ne permet pas d’attendre une reprise pour le moment. « Les décisions en terme de détermination des consommations devraient être prises à l’automne 2009 », selon Philippe Deschamps.
Les autres indicateurs à surveiller
« Les producteurs de semences sont plus touchés que les courtiers. Surtout dans un modèle entrepreneurial d’exploitations agricoles à crédit, où les banques ne peuvent plus financer l’endettement des exploitations », ajoute le courtier. Ainsi, les fermiers américains, qui avaient des stocks importants en céréales, ont dû vendre à perte ou déposer le bilan et « vont continuer à peser sur les prix ». Il poursuit en expliquant que « les pays émergents qui auraient pu soutenir les prix au niveau mondial ne sont finalement pas au rendez-vous. » « Les annulations de commandes à destination des pays asiatiques et de l’Est européen plombent le marché », affirme t-il. Enfin, le courtier conclut en déclarant que « l’indicateur principal reste les céréales, dont les consommations, si elles se reprennent, pourraient soutenir le marché des semences. » La bourse européenne d’octobre devrait permettre aux opérateurs d’avoir plus de visibilité sur les marchés. L’année prochaine, l’ISF devrait se tenir au Canada, à Calgary, du 31 mai au 2 juin 2010.