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Ukraine
Un concurrent toujours plus présent

Avec ses nombreux atouts agricoles et sa position d’exportateur net de céréales, l’Ukraine menace nos ventes mais attire nos capitaux.

Au cœur de l’Europe de l’Est, l’Ukraine occupe une place stratégique entre le vieux continent et l’Asie. Elle partage des frontières avec sept autres pays, dont la Russie et quatre membres de l’UE. Elle bénéficie d’un large accès à la mer Noire, lui permettant d’échanger directement avec le Caucase, la Turquie et les Balkans.
Avec sa surface agricole de 42 Mha(dont 30 Mha labourables), composée à 40 % de terres noires ou tchernozem, parmi les plus fertiles du monde, l’Ukraine a un potentiel énorme. Au cours du temps, elle s’est spécialisée dans les grandes cultures, ce qui lui a permis de devenir un grand producteur exportateur net de céréales. La récolte 2011/2012 a atteint 56,7 Mt, soit l’une des plus importantes depuis l’indépendance du pays en 1991. Ces dernières années, l’Ukraine a exporté entre 30 et 45 % de sa production de grains. Les secteurs agricole et agroalimentaire représentaient 17 % du PIB du pays en 2001, selon Ubifrance.
Si depuis 1991, le gouvernement ukrainien a entrepris de grandes réformes structurelles, en privatisant les kolkhozes et les sovkhozes, développant le secteur privé, et en réformant la propriété de la terre, le paysage agricole n’en reste pas moins hétérogène. Il y a d’un côté une cinquantaire d’agro-holdings spécialisées dans la production de grandes cultures et de l’autre plus de 5 millions de petites exploitations familiales, assurant les trois-quarts de la production animale. Entre les deux : plus de 50.000 fermes privées. L’essentiel de la production de céréales et oléagineux est donc assuré par des exploitations spécialisées, louant des terres aux propriétaires, pour une superficie moyenne de 2.000 hectares par exploitation .
L’Ukraine attire les capitaux étrangers. De 1991 à 2011, les secteurs agricole et agroalimentaire ont généré plus de 250 M€ d’investissements français. Nombre de grandes entreprises hexagonales sont présentes sur le sol ukrainien : dans les céréales et semences (Soufflet, Louis-Dreyfus, Maïsadour, Malteurop, Vivescia), le machinisme agricole ou le secteur laitier .

Une deuxième partie de campagne axée sur le maïs
Au 3 février, l’Ukraine avait exporté 16,25 Mt de céréales, dont 7,95 Mt de maïs, 6,04 Mt de blé et 1,98 Mt d’orge. Le ministère de l’Agriculture estime que le total pour 2012/2013 se portera à 23,2 Mt. Les expéditions de blé devraient se limiter à 100 voire 200.000 t, sur la seconde partie de campagne, selon Michel Ferret, responsable des Marchés et des Études de filières à FranceAgriMer. Pour UkrAgroConsult (UAC), elles ne devraient pas excéder 500.000 t. Ces chiffres s’accordent avec les 6,3 Mt (farine comprise) du CIC.
Cette année, la proportion de blé meunier a été plus élevée. « Le blé ukrainien possède une bonne qualité intrinsèque, mais il est souvent déclassé à cause de problèmes de punaises », souligne Michel Ferret. À noter, que la Russie en serait exempte. Une dichotomie qui lui paraît quelque peu artificielle. Les blés ukrainiens partent pour cette campagne surtout sur l’Égypte, l’Espagne et le Maroc, destination plus inédite.
    En maïs, l’Ukraine est encore loin de son objectif, avec une estimation de 12 Mt (CIC) pour toute la campagne. L’origine ukrainienne, alimentant surtout UE, Égypte, Israël et Turquie, devrait encore concurrencer l’offre hexagonale dans les mois à venir. Et, les conditions climatiques étant clémentes, aucun problème logistique ne se profile.
Les disponibilités en orges, parties à 76 % vers l’Arabie Saoudite, sont elles quasi épuisées, avec un potentiel exportable de 2,3 Mt. « Quelque 150-200.000 t d’orge pourraient être expédiées au printemps, après la campagne de semis. Les agriculteurs pourraient accélérer leurs ventes afin de recevoir la nouvelle récolte », estime Svetlana Malysh, pour UAC.

Bonnes perspectives de récolte
Et pour 2013 ? En Ukraine, les blés d’hiver représentent 95 % de la sole totale (40 % en Russie), ce qui permet d’avoir une bonne vision de la production. Les dégâts du gel étant moindres cette année, la récolte pourrait atteindre 22 Mt, comme en 2011, contre 15,8 Mt en 2012. La surface de céréales de printemps devrait être plus faible que d’habitude, selon UAC. Dans l’espoir de meilleurs rendements, la récolte d’orges de printemps est néanmoins attendue en hausse de 5 % sur un an, à 5,5 Mt, portant la production totale d’orges à 8 Mt. Mais, comme l’avance Svetlana Malysh, « les agriculteurs vont préférer semer du maïs, voire du soja, plutôt que de l’orge ».

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