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Sujet à spéculations, le marché du blé tendre se montre survolté

Conjoncture – Retour sur la subite envolée des cours de céréales, face à la restriction attendue des disponibilités chez les principaux exportateurs

INSAISISSABLE. Coté 152 €/t lundi 9 juillet au matin, le prix du blé rendu Rouen valait pas moins de 171,5 €/t jeudi 15 dans l’après-midi. Menée dans un premier temps par les inquiétudes liées à l’impact du temps chaud et sec sur les rendements en France, l’extrême fermeté s’est par la suite justifiée par la sécheresse qui frappe la zone mer Noire. Elle se retrouve au cœur des préoccupations, pour ne pas dire des spéculations, des marchés céréaliers qui se sont emballés. C’est le blé tendre, coté sur Euronext, qui a mené la folle envolée.

Pire sécheresse depuis 130 ans en Russie
Les reculs de production, consécutifs aux conditions de cultures très sèches et chaudes, se confirment à l’Est. Ainsi, en Russie, une chute de 20-25 % des volumes serait attendue et l'état d'urgence a été déclaré par les autorités dans la majorité des régions. Le pays ferait face à la pire sécheresse depuis 130 ans. Les dernières estimations, diffusées par l’analyste russe Sovecon, tablent sur moins de 75 Mt, contre 77-81 Mt prévus une semaine auparavant et 94,1 Mt en 2009, selon le CIC. Les dernières estimations en blé parient sur 48 Mt (contre 53 Mt estimés en juillet par l’USDA et 61,7 Mt l’an passé selon le CIC). Au Kazakhstan, qui a récolté 19,6 Mt de blé l’an dernier, la météo aride se traduirait aussi par un recul des volumes. La moisson est anticipée à 15 Mt par le gouvernement kazakh. Mais certains experts l’estiment à peine à 12 Mt contre 14 Mt avancé par l’USDA en juillet. L'Ukraine a également revu à la baisse ses estimations concernant ses prochaines récoltes de céréales à 42,2 Mt, contre 45,5 Mt prévu précédemment, et 45,4 Mt en 2009 dont 17,5 Mt de blé (20,9 en 2009). La production allemande se replie de son côté à 44,2 Mt (dont 24 Mt de blé), contre 49,6 Mt en 2009 (25,1 Mt de blé). De nombreux pays de l’Ouest et du Centre de l’Europe révisent aussi régulièrement leurs prévisions, anticipant de fortes baisses de rendements.

La France pourrait tirer son épingle du jeu à l’exportation
En France, les derniers chiffres de 35,3 Mt sont jugés surestimés. Si l'impact des dernières pluies n'est pas encore connu, les premières coupes de blé ont fait ressortir des PS assez élevés et des taux de protéines forts. La qualité serait donc au rendez-vous et à même de satisfaire les marchés à l’export, notamment sur l’Egypte, premier consommateur mondial. Alors que les perspectives de production, et donc les disponibilités exportables, s’amenui­sent chez les grands exportateurs de la zone mer Noire, les opérateurs spéculent sur le fait que la France puisse se tailler une place de choix dans les échanges internationaux. Cela a conduit opérateurs et financiers à ce couvrir sur le marché à terme. Après une journée particulièrement active le 14 juillet, Euronext a enregistré un record de prises de positions, totalisant 43.986 lots traités sur la seule journée du 15 juillet (dont 80 % sur novembre). De 132 €/t affichés le 25 juin en rendu Rouen sur la récolte 2010, les prix se sont envolés pour culminer à 171,5 €/t jeudi 15, soit un bond de près de 40 €/t en tout juste un mois ! Même Chicago s’est laissé gagner par la tendance. Le prix du blé a nettement progres­sé ce même jour, pour égaler son niveau de novembre 2009. Et cela n’a fait qu’alimenter la spirale haussière. Sur le physique, la nervosité du marché limite les prises de positions des opérateurs, qui préfèrent attendre d’être fixés sur le profil de la récolte hexagonale. Le portuaire se montre en revanche plus animé.
Les cours se sont néanmoins repliés en fin de semaine dernière, la réaction du marché étant jugée excessive. La détente du billet vert vis-à-vis de l’euro, jouant en faveur des offres américaines, est de nature à peser sur les prix européens. Un élément qui pourrait jouer les trouble-fêtes concernant les perspectives de ventes françaises à l’export, tout comme la dégringolade des coûts de frets, rapprochant les blés US de nos destinations phares (cf. "Bilan exceptionnel!"). De plus de 10.300 points affichés en mai 2008, le BDI a chuté sous les 2.300 points en cette dernière quinzaine de juillet. En attendant, le temps s’annonce très chaud à l’Est…

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