Sica Atlantique : stabilité des exportations céréalières en 2023-2024, baisse attendue en 2024-2025
Les exportations céréalières du terminal portuaire rochelais sont en repli de seulement 1,5 % d’une campagne sur l’autre, voire 2 % en incluant les oléoprotéagineux. La campagne de commercialisation 2024-2025 ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices.
Les exportations céréalières du terminal portuaire rochelais sont en repli de seulement 1,5 % d’une campagne sur l’autre, voire 2 % en incluant les oléoprotéagineux. La campagne de commercialisation 2024-2025 ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices.
Le groupe Sica Atlantique, prestataire de service installé sur le grand port maritime de La Rochelle, a exporté 2,20 Mt de céréales et d’oléoprotéagineux en 2023-2024, soit un volume quasi identique à celui de la campagne précédente (2,24 Mt en 2022-2023), à comparer aux 2,39 Mt de 2021-2022 (cf. tableau 1).
Tableau 1 : Exportations au départ du groupe Sica Atlantique | |||
En tonnes | Campagne 2023-2024 | Campagne 2022-2023 | Campagne 2021-2022 |
Blés tendres | 1 259 449 | 1 347 003 | 1 362 645 |
Blés durs | 137 547 | 171 495 | 217 366 |
Orges fourragères | 648 332 | 479 944 | 427 563 |
Orges de brasserie | 31 282 | 47 806 | 48 215 |
Maïs | 94 480 | 94 089 | 232 172 |
Oléoprotéagineux | 23 872 | 90 647 | 96 056 |
Divers | 2 821 | 10 101 | 11 892 |
Total | 2 197 783 | 2 241 085 | 2 395 908 |
Source : groupe Sica Atlantique, juillet 2024. |
Le repli de tonnage s’explique par le retrait, entre 2022-2023 et 2023-2024, de 6 % des chargements de blé tendre (qui représente 57 % des expéditions globales en 2023-2024), mais également de 20 % du blé dur (6 %), de 35 % des orges de brasserie (1%) et de 74 % des oléoprotéagineux (1%). Cette baisse quantitative est limitée par le meilleur résultat de l’orge fourragère (+35 %), deuxième poste à l’exportation (avec 29 % des volumes). En maïs, on n’enregistre pas d’évolution d’une campagne sur l’autre.
En termes de destinations, la Chine demeure le premier client des grains chargés sur les installations de La Rochelle et de La Pallice de Sica Atlantique, suivie par l’Afrique de l’Ouest puis le Maghreb (cf. tableau 2).
Tableau 2 : Principales destinations des grains exportés par le groupe Sica Atlantique | ||
En tonnes | Campagne 2023-2024 | Campagne 2022-2023 |
Chine | 782 000 | 359 500 |
Sénégal | 255 000 | 378 000 |
Algérie | 246 000 | - |
Maroc | 198 000 | 120 000 |
Côte-d'Ivoire | 129 000 | 202 000 |
Source : groupe Sica Atlantique, juillet 2024. |
L’empire du Milieu a plus que doublé son approvisionnement au départ des sites de Sica Atlantique. Concernant l’Afrique de l’Ouest, les principaux pays destinataires sont le Sénégal (255 000 t, -33 %) et la Côte-d’Ivoire (129 000 t, -36 %). Quant au Maghreb, l’Algérie est revenue aux achats en 2023-2024 (246 000 t) et le Maroc les a intensifiés (198 000 t, +65 %).
Une première partie de campagne 2023-2024 morose
Si la campagne d’exportation a commencé sous les meilleurs auspices, le rythme des expéditions s’est ralenti dès le mois de septembre. Les exportations des mois d’octobre et novembre ont été dynamiques sur les orges fourragères à destination de la Chine. Mais il aura fallu attendre la fin décembre pour que commencent les exportations de blé vers la Chine, qui se sont poursuivies jusqu’au mois d’avril. « La qualité du blé était plutôt appréciée avec de bonnes notes de panification », remarque commente Pierre-Jean Huré, directeur commercial du groupe Sica-Atlantique.
Le silo incendié en août 2023 sera opérationnel début 2025
Pour rappel, l’incendie qui s’est déclaré le 10 août dans les installations portuaires de La Pallice a conduit à une perte de 25 % des capacités de stockage globales du groupe Sica Atlantique. Sur les 280 000 t réparties sur les deux sites portuaires de La Pallice et de Tonnay-Charente, 80 000 t de stockage, équivalent blé, ne sont plus opérationnels.
« Nous aurions peut-être pu charger un peu plus de marchandises sur la campagne. Cependant, si l’incendie a fortement impacté notre activité sur la période août-septembre, des efforts colossaux ont été déployés par nos équipes pour garantir des exportations dans des conditions optimales. Nous avons perdu en souplesse et en confort de travail mais tout devrait renter dans l’ordre en début d’année prochaine avec la remise en fonction du silo endommagé », commente Pierre-Jean Huré.
Pour l’heure, la ligne d’ensilage incendiée a été démontée pour être remplacée, et la toiture est en cours de reconstruction.
Baisse du disponible exportable attendu pour 2024-2025
« Même s’il est un peu tôt pour tirer des conclusions, il semble que les rendements en céréales à paille (blé tendre, blé dur et orge) soient en baisse. Cette situation est due à des précipitations exceptionnelles depuis les semis jusqu’à la moisson », explique le dirigeant du groupe Sica Atlantique. Ce repli de la productivité qui s’ajoute à une baisse des surfaces emblavées va conduire à une collecte décevante, et par la même à un disponible exportable en retrait d’une campagne sur l’autre. « Dans ces conditions, nous ne nous attendons pas à une campagne d’exportation record en 2024-2025 », déplore Pierre-Jean Huré. Et ce, d’autant que la qualité risque d’être hétérogène en raison du retard des moissons qui jouent aux prolongations, victimes de pluies intermittentes.
Seule embellie à ce tableau morose, il semblerait que les emblavements de maïs soient supérieurs à l’an dernier. On a de fait observé un report de surfaces des céréales d’hiver, qui n’ont pas pu être ensemencées en raison du temps pluvieux, vers les cultures de printemps, en l’occurrence le maïs et le tournesol, qui se portent plutôt bien à l’heure actuelle.
Une activité en berne en ce début de campagne commerciale
Le marché français à l'exportation est pour l’instant atone. « Seules 160 000 t de blé de la récolte 2023 à destination de l’Egypte ont été chargées sur les installations portuaires du groupe Sica Atlantique en juillet. Et, le programme de chargement du mois d’août est quasiment vide [en date du 22 juillet] », se désespère Pierre-Jean Huré. Et d’expliquer : « Nos clients historiques que sont l’Afrique de l’Ouest, la Chine et le Maghreb, attendent de voir à quoi va ressembler le blé tendre meunier français : certains pays veulent de la protéine qu’on aura peut-être pas ! »
Dans tous les cas, le prestataire de service portuaire s’attend à effectuer un gros travail d’agréage pour rendre les blés de l’hinterland du port rochelais contractuels, c’est-à-dire les mettre en adéquation avec les demandes des importateurs. Et ce, en complément de l’important travail des grains que vont opérer les organismes stockeurs en amont.
Il faut dire que la zone d’approvisionnement des silos portuaires du groupe Sica Atlantique s’étend du Loiret à la Charente, avec un vaste gradient nord-sud en termes de collecte. « Quand les récoltes se terminent dans la partie sud, elles se poursuivent dans la partie nord », illustre Pierre-Jean Huré, avec une qualité qui peut s’avérer hétérogène, en particulier cette année pluvieuse qui rallonge la période des moissons, avec les risques de dégradation des grains inhérents.