Aller au contenu principal

Commerce international
Sésame contaminé : un retour à la normale des approvisionnements dès le second semestre ?

Suite au scandale du sésame indien contaminé à l’oxyde d’éthylène, le marché est en crise. Si, en graines conventionnelles, la tension devait redescendre au second semestre, les problèmes de sourcing devraient durer plus longtemps en graines bio.

© Wolfgang Eckert de Pixabay

Le 9 septembre, « un opérateur italien détecte que des graines de sésame importées d'Inde comportent des résidus d'oxyde d'éthylène, une substance active », classée cancérogène et interdite pour les usages alimentaires dans l'Union européenne depuis 1991, rappelle le rapport de Laurent Duplomb, sénateur LR de la Haute-Loire, présenté à la presse le 17 février. Depuis, nombre de produits à base de graines de sésame en provenance d'Inde sont retirés des rayons, des contrôles faisant état de teneurs en oxyde d'éthylène « très largement supérieures » à la limite maximale de résidus (LMR) de 0,05 mg/kg autorisée au niveau européen, allant jusqu'à 186 mg/kg, détaille
le document. Les professionnels de l’agroalimentaire ont vite réagi à cette crise sanitaire, en privilégiant les marchandises africaines au détriment de l’origine indienne.

Des disponibilités africaines limitées

« Ce scandale a mis une pression forte sur le début d’année sur les approvisionnements en graines de sésame dépelliculées, qui sont pour la plupart (à près de 80 %) importées d’Inde en ce qui concerne le marché UE », affirme Martin Rouanet, directeur du cabinet de courtage J. Rouanet Fils et Cie (basé à Bordeaux). Et d’ajouter : « Les acteurs qui ont anticipés ont vite pris des positions pour couvrir leurs stocks chez des fabricants africains. »

Cependant, la pression reste de mise pour deux raisons. « Primo, les stocks européens actuels étant bâtis à 80 % sur l’origine indienne, il n’y a peu de disponibilités dans l’immédiat. Secundo, en raison du nombre restreint d’opérateurs en Afrique qui peuvent fournir un produit dépelliculé de qualité, leur production est déjà engagée jusqu’en juin/juillet », explique le courtier. De plus, le Nigeria – « le pays qui aujourd’hui peut mettre le plus de produits dépelliculés sur le marché » - connaît d’importants problèmes d’encombrement portuaire.

Des graines bio encore plus difficiles à trouver

In fine, une fois cette tension logistique réglée au Nigeria – « d’ici la seconde partie de l’année 2021 », selon Martin Rouanet –, le marché devrait pouvoir s’approvisionner en sésame conventionnel, qui « peut être assez facilement remplacé par de l’origine africaine ». Les prochaines récoltes disponibles en Afrique le seront « en Ouganda, en Tanzanie et au Mozambique, des pays où les terres étaient déjà emblavées avant que l’Europe ne bloque l’origine indienne ».

En revanche, pour le sésame bio, c’est une autre histoire. « Il y a un vrai risque de pénurie au vu du délai nécessaire à la certification des terres et à leur mise en production », souligne le courtier. Ainsi, d’ici les prochaines récoltes qui seront réalisées « en Afrique de l’Ouest (Éthiopie et Soudan) », avec des disponibles exportables sur « novembre-décembre 2021 », le sésame bio sera rare, et les graines dépelliculées encore davantage. « Il y a très peu d’acteurs hors de l’Inde capables de proposer ce produit. Ainsi, à la contrainte de disponibilité du produit brut s’ajoute la contrainte d’outils de transformation », s’inquiète Martin Rouanet. 

Une potentielle adaptation de la demande 

Selon le courtier bordelais, deux éléments peuvent permettre de sortir de cette crise : d’une part, une possible baisse de la demande et, d’autre part, la création de filières d’approvisionnement maîtrisées. « De fait, certains industriels [de l’agroalimentaire] prendront peut-être la décision de ne plus utiliser de sésame, qui était déjà une contrainte forte en tant qu’allergènes. Par ailleurs, ils pourraient s’impliquer plus fortement dans la construction de filières et arrêter d’acheter des produits sans vraiment regarder les certificats et la façon de travailler des agriculteurs et transformateurs », s’interroge Martin Rouanet.

Selon le rapport sénatorial, la présence d'oxyde d'éthylène dans les graines de sésame pourrait de fait s’expliquer par l’application « d'un traitement préventif par fumigation », afin de réduire d'autres risques tels la présence de salmonelles, ou encore l'usage de la matière active en tant que pesticide durant la production.

Une utilisation en alimentation humaine et animale

En alimentation humaine, « le sésame, de qualité industrielle, est consommé soit sous forme d’huile, soit sous forme de graines - nettoyées et dépelliculées - pour le marché de la boulangerie », indique Martin Rouanet, directeur du cabinet de courtage J. Rouanet Fils et Cie (basé à Bordeaux).
L’incorporation de sésame en nutrition animale est plus limitée. On retrouve ses graines en oisellerie ou son tourteau dans les formules d’aliments composés pour les animaux d’élevage.

Les plus lus

Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, lors de l'assemblée générale du 12 décembre 2024 à Orléans.
Coopérative - Transformations structurantes pour Axéréal

Le groupe coopératif Axéréal a tenu sa réunion d’information annuelle le 12 décembre 2024 à Orléans. Bilan et perspectives.

Table ronde donnant sur un public
Coopérative - Vivescia présente un Ebitda en nette progression en 2023-2024

Le groupe coopératif Vivescia annonce de bonnes performances financières lors de l'exercice clôturant le 30 juin 2024, grâce…

Baudouin Delforge, président d'AgroParisBourse (à gauche) et Jean-Loïc Begue-Turon vice-président d’AgroParisBourse et responsable des matières premières chez Caceis. Grand-Palais, Paris
Franc succès de la Bourse de commerce européenne des grains au Grand Palais à Paris

La 64e édition de la Bourse de commerce européenne des grains se tient les 5 et 6 décembre au Grand Palais à Paris. Record d’…

Un graphique avec des gens assis en premier plan.
Marché du blé et du maïs : quelle tendance pour les prix dans les prochains mois ?

Le groupe Argus Media, via sa filiale française Agritel, a livré son point de vue quant au marché mondial du blé et du maïs,…

Photo de Arnaud Poupart Lafarge
Coopérative - Du mouvement au sein du comité de direction de Terrena

Arnaud Poupart-Lafarge prend la direction d’Elivia et d’Holvia, et Benoît Besson celle de Galliance, filiales du groupe…

Un champ d'orge.
Céréales - Rebond des surfaces françaises de blé tendre entre 2023 et 2024, selon Agreste

Les services statistiques du ministère de l'Agriculture, Agreste, ont publié leurs premières estimations d'assolements…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne