Clin d’oeil
Ségolène
C’est vrai, la ligne d’arrivée est encore bien lointaine, mais pour l’instant force est de constater, qu’elle caracole – et de loin – dans les sondages. Au grand déplaisir de ses challengers, les éléphants du PS, scotchés par son irrésistible ascension. Pour se consoler, ils susurrent que « la présidentielle n’est pas un concours de beauté » et citent à tout bout de champ certaines des fables de La Fontaine. Celles, bien entendu, qui vont dans le sens de leurs espérances. Les plus cuistres d’entre eux osent même lui poser la question : « Mais qui va garder les enfants ? »
Bref, les éléphants barrissent et rêvent de la piétiner, la petite souris du Poitou, empêcheuse de danser en rond entre mâles. Mais la souris semble bien avoir pris une longueur d’avance sur le troupeau. Elle donne même le blues à ses opposants naturels sur l’échiquier politique. A gauche comme à droite, c’est donc haro sur Ségo ! D’autant, que son langage direct et carré a entraîné dans le pays une véritable « ségomania ». On murmure même qu’une certaine Bernadette C. compterait parmi ses fans ! Ségolène n’a-t-elle pas dit qu’elle se souciait, aussi, de la sécurité de ses concitoyens ? Qu’elle avait un faible pour la politique sociale de Tony Blair ? Qu’elle n’est pas du tout OK avec Martine Aubry sur les 35 heures ? Et qu’en bonne fille de militaire, elle avait aussi des solutions pour mater les jeunes délinquants des banlieues difficiles ?
Dans le monde, on lui tresse des couronnes. Ainsi, The New York Times Magazine lui consacre un chaleureux et long portrait sous la plume de James Traub, qui l’imagine avec Hillary Clinton plaisanter au cours d’un G8, toutes deux se moquant bien entendu des vieux caciques machos laissés sur le bord de la route.
Si, parlant avec son menton, Ségolène est devenue plus royale que jamais, en fait le « royalisme » n’est pas un slogan qu’elle revendique. Elle le dit elle-même : « Je préfère parler de “ségolisme”. » Ce qui prouve qu’elle est bien consciente d’être devenue une véritable “star” usant de son prénom plutôt que de son patronyme pour baptiser son courant de pensée. Qu’on se le dise, il nous faudra désormais parler des “ségolistes” face aux “hollandais”, aux “fabusiens”, aux “dskaniens”, sans oublier les “jacklangais” et qui sait les “jospinistes” ?