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Volatilité
Réduire les quotas US d’incorporation de biotéhanol aurait peu d’effet

La potentielle réduction de la production d’éthanol, solution envisagée pour protéger les marchés alimentaires, est controversée outre-Atlantique.

Suite à la flambée des cours mondiaux du maïs ces derniers mois, le débat sur la production d’éthanol aux états-Unis, qui consomme plus de 40 % de la production nationale (41 % en 2011 et 42 % en 2012 selon le gouvernement), fait rage sur fond de sécurité alimentaire versus lobbys des biocarburants et politique environnementale. Et cela d’autant plus que les chiffres de la production et des rendements de maïs US ne cessent d’être revus à la baisse. Selon les résultats du Pro Farmer Crop Tour, parus le 27 août, la production US serait de 266,15 Mt, contre 273,82 Mt dans le dernier rapport de l’USDA. Au mois d’août, sénateurs, législateurs et industriels des biocarburants ont saisi tour à tour l’agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) afin de peser, pour ou contre, une réduction ou annulation du taux d’incorporation minimum d’éthanol dans l’essence.
    Depuis 2007, la RFS (Renewable Fuel Standard), norme sur les énergies renouvelables administrée par l’EPA, fixe chaque année les quotas de production d’éthanol à atteindre et les volumes à intégrer. En 2012, la RFS a émis un mandat de production de 13,2 Mds de gallons d’éthanol, soit à peu près 10 % de la consommation annuelle de carburants. L’objectif est d’arriver à 15 Mds de gallons en 2015. Chaque producteur ou importateurs de carburants et biocarburants doit, respectivement, fabriquer ou incorporer le quota de gallons annuel qui lui a été attribué. Si les volumes incorporés sont supérieurs à l’obligation, ce surplus peut être utilisé l’année suivante pour couvrir des déficits d’incorporation, ou bien revendu sur un marché secondaire.

La RFS au centre des débats
    Début août, ce sont d’abord 156 législateurs qui ont demandé une dérogation de la RFS à l’EPA, puis est venu le tour de 25 sénateurs (12 républicains et 13 démocrates). Ce lundi, ce sont huit groupes représentant un échantillon de l’industrie des biocarburants aux états-Unis, qui ont demandé à la Maison-Blanche de ne pas suspendre la RFS. L’EPA a décidé de se donner 90 jours pour prendre une décision, ce qui renvoie minimum à la mi-novembre, soit après l’élection présidentielle américaine.
    Les interrogations sur le besoin réel d’une dérogation de la RFS et sur son impact potentiel se multiplient. En effet, des éléments pointent vers un certain rationnement spontané de la demande de maïs par les prix. Les importations japonaises de maïs ont par exemple atteint leur plus bas depuis vingt ans. Le Japon confirme se tourner de plus en plus vers du blé fourrager ou de l’orge pour couvrir ses besoins en alimentation animale. En ce qui concerne la production hebdomadaire d’éthanol, elle est récemment passée en dessous des 800.000 barils par jour, soit son plus bas niveau depuis juin 2010, même si elle s’est quelque peu reprise depuis. Selon l’Association des énergies renouvelables, il y a au minimum 26 usines qui tournent au ralenti. « Si la consommation réelle de maïs par le secteur de l’éthanol carburant dépendra de la relation de prix à venir entre le maïs, l’éthanol et l’essence, l’utilisation en 2012/13 devrait reculer à 114,3 Mt », contre 127 Mt l’année précédente estime le rapport du CIC du 23 août.

Limiter les quotas aurait peu d’effets sur les volumes de maïs pour l’alimentation
    De plus, selon certains experts, à moins que les prix du maïs US n’augmentent de 2 $ le boisseau ou que les prix du pétrole régressent nettement, une dérogation à la RFS pourrait ne rien changer en termes de disponibilités de maïs pour l’alimentation. D’après une étude récente par l’Université de l’État d’Iowa1, une exemption totale de la RFS ne générerait qu’un recul de 7 % des prix du maïs et un repli de 5 % de la production d’éthanol. En effet, même sans la RFS, un tiers du pétrole US doit contenir de l’éthanol pour répondre à des mesures indépendantes d’air propre (Clean Air Act), en particulier en Californie et sur la côte Est. De plus, le prix de l’éthanol reste très concurrentiel par rapport à celui de l’essence, et c’est le stimulant d’octane le moins cher utilisés par les raffineurs pour augmenter le rendement de leur carburant. En ce qui concerne, les craintes d’une augmentation des prix à la pompe, il semble y avoir encore de la marge. Selon le CIC, jusqu’à 20 % de l’obligation d’incorporation de cette année pourrait être satisfaite par les dépassements de quotas de l’année précédente. Les stocks d’éthanol constitués ces dernières années pourraient également être mis à contribution. Ces deux éléments devraient permettre de remplir les objectifs de la RFS en 2012 et 2013.

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