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Semences
Réagir à la volatilité des marchés

Gérer l’augmentation du coût de production des semences et créer de la valeur ajoutée seront deux défis majeurs à relever pour la filière semences

INTERROGATIONS. « Comment développer la valeur ajoutée des semences ? Comment faire face à la volatilité des marchés céréaliers, qui entraîne une moins bonne visibilité à moyen terme ? » Telles ont été les principales problématiques formulées par des professionnels du secteur des semences lors d’une table ronde organisée au congrès de la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) jeudi 7 juin dans la Marne. « Plus on s’engouffre dans la volatilité, moins il est facile de contractualiser. Si cette tendance se confirme, l’annualisation des contrats pourrait être remise en cause », diagnostique Jean-Pierre Cochet, directeur général de la coopérative Cohesis. L’étape du changement de l’échelle de prix entre les entreprises de production de semences et les agriculteurs multiplicateurs demandera en tout cas de nécessaires phases de négociations. À noter que des indicateurs fixés annuellement par la profession existent déjà, permettant d’évaluer les coûts de production de semences. « On pense qu’avec plus de flexibilité, il y aura davantage de visibilité concernant l’évolution du prix de la semence », indique Daniel Segonds, président du directoire de RAGT.

Le prix des semences devrait renchérir sous l’effet de la volatilité des marchés

Si la profession envisage de remettre en cause l’annualisation des contrats, c’est parce qu’il y a un risque de détournement des agriculteurs vers les céréales de consommation, dont les prix flambent. Et ce, au détriment de la production de semences, plus coûteuse et contraignante. Mais selon Daniel Segonds, « la hausse du prix de la semence est inévitable » dans un contexte de renchérissement des matières premières et de la volatilité des marchés, accentuant les risques. En effet, si le prix du blé de consommation s’envole, l’intérêt serait d’autant moins grand à produire des semences pour l’agriculteur si le prix de celles-ci ne s’indexe pas sur cette évolution.

Face à la montée des incertitudes, connaître son prix de revient est un impératif pour les agriculteurs multiplicateurs. Et surtout, sauvegarder ses marges, dans un contexte de coûts de production supplémentaires et une valorisation auprès des utilisateurs plus incertaine. C’est ce que mettait déjà en avant le président de la Fnams, Robert Pellerin, il y a un mois.

Transmettre de la valeur ajoutée

Il n’empêche qu’avec une croissance de la population mondiale de 1,26 % par an, des besoins qui s’accélèrent sur le non alimentaire, « ce sont 97 Mt de blé qu’il faudra trouver en plus d’ici 2015. Or, c’est ce que nous échangeons actuellement à l’échelle mondiale », s’inquiète Christian Rousseau, président de la coopérative Nouricia. Daniel Segonds le confirme, « il va falloir arriver à augmenter la production sur cette terre »... d’autant plus que les stocks sont de soixante jours en Europe à l’heure actuelle. Ils n’ont jamais été aussi bas. Selon lui, 60 Mt supplémentaires pourraient être produites d’ici 2015 grâce au progrès génétique. « Il faut donc poursuivre notre gain de productivité, en nous donnant des moyens technologiques et financiers d’y arriver ». Les semenciers en amont et les agriculteurs multiplicateurs ont donc, selon lui, plus que jamais leur place. Pour l’agriculteur, le défi sera dorénavant de « sortir des sentiers battus », estime Dominique Gillard, directeur général de la Fnams. C’est à dire qu’il va falloir qu’il « sache vendre, valoriser sa production ». En retour, « les valorisations finales devront être répercutées sur l’ensemble de la filière jusqu’au semencier », afin qu’ils poursuivent leurs efforts de sélection, précise Daniel Segonds. « La génétique a amené 1 % par an de production supplémentaire », avance-t-il encore. Autrement dit, la semence est un élément fondamental dans la compétitivité future et les investissements dans la recherche doivent rester très présents, « faute de quoi on ne sera pas là demain », alerte le président de RAGT.

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