Qualité des blés: année exceptionnelle
Lors de ses 56e Journées techniques, l’Aemic avait consacré le vendredi matin à l’étude de la qualité des blés de l’année.
PRESIDÉ PAR Gilles Thevenet, président d’Arvalis-Institut du végétal, la conférence du vendredi 21 au matin, organisée par l’Association des anciens élèves de l’Ensmic (Aemic), traitait de la filière du blé sous l’angle de la qualité de la récolte 2005 ainsi que des perspectives du marché pour la campagne 2005/2006.
Un blé de meilleur qualité qu’en 2004
Christine Bar-L’Helgouac’h, chargée d’étudier la qualité des céréales à Arvalis, a souligné l’exceptionnelle qualité des blés de la récolte qui s’achève. Le taux moyen de protéines sur toute la France se monte à 12,3 %, soit près d’un point de plus qu’en 2004, et près de 75 % de la production atteint une valeur protéique supérieur à 12 %. Elle souligne d’ailleurs les niveaux records atteints dans le nord de la France où la phase de floraison a été favorisée par de meilleures conditions climatiques que d’habitude. Le poids spécifique s’établit à un niveau très satisfaisant de 76,5 kg/hl, et ce, malgré les pluies qui, pour les variétés tardives, furent un facteur limitant. Le temps de chute de Hagberg se monte à un très bon niveau, dépassant les 300 secondes pour les deux tiers de la récolte. Jacky Fischer, de l’institut Arvalis, a présenté l’évolution de la valeur boulangère par rapport à la récolte de 2004. Globalement, elle est meilleure et très satisfaisante aussi bien au niveau de l’hydratation au pétrissage qu’en terme de volume des pains.
Benoît Méléard, également d’Arvalis, s’est, quant à lui, attaché à rechercher les nouvelles variétés qui pourraient remplacer l’Apache et le Caphorn. En effet, ces deux variétés sont de moins en moins utilisées et, à l’avenir, cette tendance devrait se confirmer. Ainsi, la variété Mendel semble se rapprocher le plus d’Apache (notamment en terme d’élasticité et d’hydratation) ; Alixon, Dinosor et Maxyl seraient également de bonnes candidates. Concernant Caphorn, les variétés Kalango et Quebon seraient de bonnes alternatives.
Une campagne 2005/2006 influencée par le cas espagnol
Malgré des blés de très bonne qualité, les stocks de fin de campagne 2005/2006 dans l’UE ne devraient pas connaître de variation selon François Luguenot de la société Louis Dreyfus Négoce. En effet, malgré une tendance mondiale tournée à la baisse, les niveaux de stocks européens sont déjà importants ; une consommation plus réduite au sein de l’UE et des importations élevées contribueront à maintenir ce niveau.
Le cas de l’Espagne, qui enregistre un recul de sa production de 10 millions de tonnes, a été abordé sous l’aspect de la compensation de cette perte. «Transporter de telles quantités ne sera pas sans poser quelques soucis logistiques», remarque-t-il. Si, en maïs ou en orge, l’Espagne devrait se tourner vers des pays européens, en blé, son attitude sera probablement moins préférentielle.
Du côté des importateurs, si le Japon et l’Egypte garderont une certaine régularité dans leurs demandes, la Chine et l’Inde auront toujours un comportement difficile à cerner. On peut tout de même dégager quelques tendances : l’Inde devrait revenir aux achats et la Chine rester importatrice d’une quantité cependant moindre que la saison passée. L’interrogation subsiste malgré tout sur ces pays pour savoir combien et quand. Concernant les exportateurs, au-delà des cinq acteurs traditionnels (UE, Etats-Unis, Canada, Argentine, Australie), plusieurs pays devraient apparaître sur la scène : la Russie, l’Ukraine, le Kazakhstan et l’Inde.