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Plaies

Nombre de nos hommes politiques, la tête dans le sable comme l’autruche, semblent se contenter du classique et ironique : «tout va très bien Madame la Marquise» de Ray Ventura.

Mais, objectivement, reconnaissons que la France donne au monde en ce moment une bien singulière image d’elle-même. Comme si elle était frappée des dix plaies de la Bible. Ne revenons pas sur la vague de violences urbaines (grossie il est vrai délibérément par les médias européens et américains avec cet invraisemblable titre du New York Times : “Paris brûle”), mais reconnaissons que ces évènements malheureux et coûteux pour le contribuable, ont eu le mérite de mettre à nu les maux qui en sont la cause et qui s’accumulent depuis trente ans (chômage, ghettos, intégration, immigration, discrimination, éducation, etc.).

Enfin que dire de la Justice, et son très rarissime mea culpa face à la terrifiante catastrophe d’Outreau ? Ce qui —dans un pays qui se flatte sans cesse d’être celui des Droits de l’Homme, et se targue de donner des leçons au monde entier— fait pour le moins désordre. Sur le plan économique, là aussi, il n’y pas de quoi pavoiser avec une dette publique record. Estimée à 1.167 milliards d’euros par le ministre de l’Economie et des Finances il y a seulement deux mois, lors de la présentation du budget 2006, elle sera en fait de 2.000 milliards d’euros, le tout avec des impôts, des dépenses et un déficit records ! Un chiffre rond, qui a le seul mérite d’être facile à retenir comme le dit un parlementaire, acide. Et comme si les plaies du présent ne suffisaient pas, voilà que la France se voit plonger dans une vaste et douleureuse introspection historique. C’est ainsi que le quidam moyen apprend que la colonisation, dont on nous a inculqué depuis des générations sur les bancs de l’école —à grand renfort d’images d’Epinal— combien elle était positive pour les peuples colonisés, en fait ne l’était pas tant que cela. Certains allant même jusqu’à estimer qu’elle a comporté plus d’ombres que de lumières. D’où de sérieux pugilats verbaux à l’Assemblée nationale. Une mise en cause de notre Histoire, qui touche également l’épopée napoléonienne. On se souvient, que pas moins de six de nos plus beaux vaisseaux —dont le Charles-de-Gaulle— ont participé l’été dernier au large de Porsmouth au bi-centenaire de la commémoration de la victoire de Trafalgar par l’amiral Nelson sur la flotte franco-espagnole, ce qui était pour le moins très «fair play» de la part de la France pour laquelle Trafalgar est —jusqu’à preuve du contraire— une cinglante défaite. D’où la surprise de voir notre pays bouder le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz qui vit le 2 décembre 1805, les troupes napoléoniennes mettrent en déroute les forces de la coalition russo-autrichienne. Une reconstitution à grand spectacle a été célébrée à Slavkov en République tchèque avec 4.000 passionnés venus de 23 pays pour jouer les grognards en présence de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Accusée de néocolonialisme, la France qui se veut l’avocat de l’Afrique, comme on vient encore de le voir au sommet des chefs d’Etat africains à Bamako, prend soudain acte du rôle de Napoléon dans le rétablissement de l’esclavage en 1802 et la réactivation du sinistre Code Noir, récent cheval de bataille de nombreuses associations d’outre-mer. D’où le coup de gueule d’André Santini, député des Hauts-de-Seine qui s’est étonné que le Premier ministre, qui dans un livre a exalté avec panache le génie de Napoléon pendant les Cents Jours, ait officiellement boudé la célébration de ce bicentenaire, la France faisant profil bas. Heureusement qu’il nous reste à Paris la gare d’Austerlitz et toutes ces avenues rappelant des victoires napoléoniennes, sans compter la ceinture de boulevards qui porte le nom des maréchaux de l’Empire. Interrogation : va-t-on les débaptiser ? Et comme Lénine, qu’il est question de sortir du mausolée de la place Rouge à Moscou, Napoléon sera-t-il délogé des Invalides ? Tout de même point trop n’en faut ! Ne serait-il pas plus sage de s’attaquer d’abord aux vastes problèmes du présent ?

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