Colza
Pas d’accord sur la base 42
Les opérateurs européens, réunis le 25 avril à Paris, n’ont pas pu se mettre d’accord sur un changement des spécifications du contrat à terme Euronext de colza, notamment du fait de l’opposition allemande.
« Euronext informe la réouverture, le 2 mai 2017, des échéances août et novembre 2019 du contrat à terme colza en base 40 », s’est exprimé la bourse européenne, le 26 avril. Ainsi, la réunion du 25 avril entre Euronext et les opérateurs européens n’a débouché sur aucun accord concernant un éventuel passage en base 42, que ce soit sur le marché physique ou à terme. L’une des raisons est l’opposition d’opérateurs germaniques, notamment la fédération allemande des producteurs d’oléoprotéagineux (Ufop). « Les producteurs allemands de colza sont contre un passage en base 42 sur Euronext et le marché physique. Depuis plusieurs décennies, ils sont habitués à travailler en base 40 », témoigne Stephan Arens, directeur général de l’Ufop.
L’Ufop craint une baisse des revenus des producteurs
« Les agriculteurs allemands ont peur de voir leurs revenus baisser suite à un passage en base 42 », indique Stephan Arens. Il estime que ce changement relatif au paiement des bonifications en huile impacterait de manière plus marquée les exploitants locaux que leurs homologues français. « En Allemagne, les agriculteurs perçoivent les bonifications de manière individuelle et exacte, contrairement à la France, où les producteurs reçoivent des bonifications moyennes, selon le profil de la campagne et les résultats des autres producteurs », justifie-t-il. Autre différence, « les agriculteurs allemands ne possèdent pas leur outil industriel, contrairement à la France avec Saipol ». Ensuite, l’ensemble de la filière devra revoir sa façon de travailler, selon lui. « En Allemagne, 90 à 95 % des traders travaillent en base 40. » Le directeur général admet que les variétés de colza actuelles permettent de dépasser aisément les 42 % d’huile dans les grains. Mais « à l’avenir, on ne sait pas ce qu’il se passera, avec le changement climatique, d’éventuelles évolutions réglementaires… ».
Stephan Arens voit, en revanche, d’un bon œil la proposition de la Fop de rémunérer la protéine contenue dans la graine de colza. « Cela pourrait réduire notre dépendance aux importations de soja OGM. Nous pourrions éventuellement proposer un nouveau contrat, spécifiant un taux de protéines dans les grains, avec un système de bonifications/réfactions. »
L’association des coopératives allemandes (DRV), par la voix de l’un de ses représentants, Guido Seedler, est moins catégorique, mais exprime des craintes. « Notre position est plutôt neutre concernant un éventuel passage en base 42. Néanmoins, ce changement pourrait affecter les marges des agriculteurs et des coopératives. » Pour lui, le fait que la Commission européenne propose actuellement de diviser par deux le taux d’incorporation d’huiles végétales dans les carburants à l’horizon 2030, menaçant l’activité des producteurs d’huile, n’est pas un argument valable pour changer les termes du contrat de colza. « C’est un sujet politique, et non économique. De plus, il n’est pas sûr que cette mesure passe », argue Guido Seedler.
Avis partagés des triturateurs sur la base 42
Du côté des triturateurs germaniques, « certains estiment qu’un passage en base 42 serait une bonne chose, les variétés existantes donnant des taux d’huile élevés. D’autres veulent assurer leurs approvisionnements locaux, et adoptent la position des agriculteurs, sachant que 60 % des achats de colza des industriels nationaux proviennent des champs allemands », explique Stephan Arens.
Euronext, par la voix d’Olivier Raevel, directeur des matières premières au sein de la bourse européenne, a précisé que des réunions annuelles allaient être organisées chaque printemps, afin de discuter d’éventuels changements concernant les contrats à terme de colza, mais aussi de blé tendre meunier. Ainsi, la porte n’est pas fermée, et les choses pourraient de nouveau évoluer. Olivier Raevel a également indiqué « qu’environ 30 % de la récolte allemande 2017 avait déjà été commercialisée en base 40, et entre 10 et 20 % concernant la récolte française 2017 ». Lors de la réunion du 25 avril, le directeur a évoqué des discussions portant sur la création d’un éventuel nouveau point de livraison physique pour le contrat à terme de colza Euronext en Grande-Bretagne, une demande émanant de la National Farmers' Union (NFU - organisation d’agriculteurs d’Angleterre et du Pays de Galles). Mais aucune décision à ce sujet n’a été prise pour le moment.