OGM commerciaux, la nouvelle cible des faucheurs volontaires
En Assemblée générale les 15 et 16 juillet en terres auvergnates, les faucheurs volontaires prévoient de nouvelles destructions de parcelles de maïs transgéniques, dont des cultures commerciales
MOTIVES. Réunis en Assemblée générale les 15 et 16 juillet à Cournon d’Auvergne dans le Puy-de-Dôme, « terre de résistance à la dissémination des OGM », les faucheurs volontaires ont manifesté leur volonté de poursuivre leurs actions d’arrachage de cultures transgéniques sur le territoire français et d’étendre celle-ci aux parcelles commerciales.
Les condamnations ne font pas peur aux foucheurs volontaires
Sur 6.100 membres revendiqués, près de 1.200 faucheurs se sont donnés rendez vous en Auvergne pour leur deuxième assemblée générale. Les récentes condamnations de certains membres actifs du jeune groupuscule anti-OGM n’ont pas refroidi les faucheurs. « Au contraire », déclare Christine Thelen, l’une des responsables du mouvement. « Les condamnations ne nous font pas peur, et certaines décisions nous donnent raisons : les référés et les dernières victoires devant les tribunaux comme dans le Gers, où le tribunal administratif de Pau a ordonné la suspension d’un essai de maïs OGM de Monsanto » poursuit-elle. Pas question donc pour les faucheurs d’arrêter leur lutte. « La répression n’est pas une bonne réponse aux demandes de ceux qui veulent défendre la terre et notre avenir », estime de son côté Jean-Baptiste Libou, fondateur du collectif des faucheurs volontaires, avant d’ajouter que « le combat continue ».
Poursuite du mouvement mais aussi élargissement. Suite à la proposition de José Bové qui a animé les débats de l’AG, les faucheurs volontaires ont accepté d’étendre leur combat aux cultures transgéniques commerciales, en plus des essais OGM, sur l’ensemble du territoire français. En l’occurence, il s’agit de parcelles de maïs, surtout cultivées dans le Sud-Ouest. « Cette première action doit se mener de jour à visage découvert pour bien montrer que nous ne sommes pas des vandales », a insisté l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne. Ce dernier a également émis l’idée d’indemniser l’exploitant cultivateur d’OGM du montant de sa récolte, mais cette décision n’a pas été enterinée. « C’est la notion financière qui pose problème », déclare Christine Thelen. « L’idée sera de proposer à l’agriculteur de remplacer sa culture par du conventionnel, pour cela, il pourra être indemnisé en semences de maïs » explique-t-elle. « On ne veut pas rentrer en guerre contre ces agriculteurs, les vrais responsables sont les lobbies semenciers. On tentera de discuter d’une manière ou d’une autre, mais ces cultures seront fauchées » pour empêcher toute pollinisation vers des cultures biologiques ou conventionnelles, assure Christine Thelen. Pour identifier les parcelles OGM, les faucheurs volontaires travailleront de concert avec la Confédération paysanne ou l’association de protection de l’environnement Greenpeace.
« Faucher un champ, c’est faucher l’avenir de l’agriculture française »
« En mai on nous annonçait des milliers d’hectares transgéniques : il s’agissait d’un effet d’annonce sans réalité », déclarait José Bové pendant l’AG des faucheurs. « Ce n’est pas une blague », rétorque Cédric Poeydomenge, responsable du dossier coexistence des cultures à Maizeurop’. Cette année, ce sont « 4 à 5.000 hectares de maïs transgéniques qui ont été semés en cultures commerciales », assure-t-il, en espérant que « les pouvoirs publics feront respecter l’ordre ». « Faucher un champ, c’est faucher l’avenir de l’agriculture française », résume-t-il. Question de point de vue.